France : Paul Biya négocie l’arrêt des sanctions du Fonds mondial contre le Cameroun

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Au moment où s’ouvre la 6ème Conférence de Reconstitution des Ressources du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à Lyon du 09 au 10 octobre 2019, cette institution observe un retard du Gouvernement camerounais à verser la totalité de ses fonds de contrepartie. Ce retard est d’autant plus inquiétant qu’il fait courir des risques d’interruptions des traitements qui auront des répercussions sur la santé des populations, notamment celles qui sont hautement à risques comme les femmes, les personnes vivant avec le Vih et les jeunes adolescents.

Cette conférence offre une occasion au Cameroun de plaider pour une reconsidération des décisions de sanctions prises par le Fonds Mondial à l’endroit du Cameroun dans le cadre du financement. Le Chef de l’Etat présentera ainsi les mesures prises par le Gouvernement par la création d’un compte spécial à la BEAC pour les fonds de contrepartie des différents projets auxquels le Cameroun est engagé. Les fonds de contrepartie non mobilisés à ce jour représentent 20 (vingt) milliards de FCFA. La participation du Chef de L’Etat à cette Conférence est une opportunité pour le Cameroun de mobiliser environ 100 (cent) milliards de FCFA, pour la période 2021-2023, en faveur de la lutte contre les trois maladies, tout en ne perdant pas de vue que le Fonds Mondial est le premier partenaire du Cameroun pour ces pandémies.  Au total, la participation du Président de la République aux assises de Lyon donne un poids supplémentaire pour les prochaines discussions avec le Fonds Mondial et la reconnaissance de la France pour ce que fait son épouse, la Première Dame, pour ces différentes pathologies.

Pour la période 2018-2020, quatre (4) nouveaux accords d’une enveloppe globale de 108 milliards ont été signés entre le Fonds mondial et le Gouvernement du Cameroun. Conformément à la politique d’allocation du Fonds mondial, pour accéder à la totalité du montant qui lui est alloué pour la période 2018-2020, le pays doit respecter les exigences de cofinancement. En effet, le versement de 20% de la somme allouée par le Fonds mondial pour chaque composante de maladie est subordonné à une augmentation du cofinancement du programme de lutte contre la maladie et/ou des investissements en faveur des systèmes de santé, résilients et pérennes, au-delà du niveau d’investissement effectué par le Gouvernement pendant la période précédente. A ce jour, l’on observe un retard du Gouvernement camerounais à verser la totalité de ses fonds de contrepartie. Ce retard est d’autant plus inquiétant qu’il fait courir des risques d’interruptions des traitements qui auront des répercussions sur la santé des populations, notamment celles qui sont hautement à risques comme les femmes, les personnes vivant avec le Vih et les jeunes adolescents. D’où l’urgence d’honorer les engagements pris pour le versement des fonds de contrepartie du Cameroun (20%).

 VIH : record de la prévalence du Cameroun en Afrique de l’Ouest et du Centre

 Le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) appuie la demande de la société civile camerounaise et s’active afin que le Cameroun puisse mobiliser les ressources nécessaires. Il convient de signaler qu’on note un recul du taux de prévalence du VIH au Cameroun, passé de 4,3% en 2011 à 3,4% en 2018, avec un nombre de personnes vivant avec le VIH en 2016 évalué à 560 000. Malgré les progrès réalisés, le Cameroun a toujours une prévalence du VIH de 3,6% l’une des plus élevées en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec des pics très significatifs au sein des populations à risque (26% chez les travailleurs de sexe ; 20% chez les homosexuels, les jeunes filles et autres adolescents). La coïncidence tuberculose-VIH reste élevée, et se situe à 40%. Le paludisme représente 48% des décès d’enfants de moins de cinq ans.

La Conférence de Lyon

La Conférence plénière de la 6ème reconstitution des ressources du Fonds mondial est le point culminant de la campagne de reconstitution lancée lors de la réunion préparatoire en Inde en février 2019. Les assises prévues à Lyon en France du 9 au 12 octobre 2019 ont pour but : obtenir des engagements financiers de la part des donateurs du Fonds mondial pour la période 2020-2022 et atteindre l’objectif de reconstitution d’au moins 14 milliards de dollars.  Démontrer le rôle de leadership de la France et sa capacité à rassembler la communauté internationale autour d’un sujet crucial pour le développement mais aussi pour le maintien de la stabilité et la sécurité. Donner une plateforme de visibilité pour démontrer les résultats et l’impact des investissements du Fonds mondial et célébrer les contributions des membres du partenariat.

Le Fonds mondial en bref

Créé en 2002 à l’initiative de la France, de l’Union européenne et du G7, le Fonds mondial a permis de sauver 27 millions de vie depuis sa création avec plus de 38 milliards de dollars d’investissements. Basé à Genève, il mutualise les contributions financières de 38 États et plus de 14 acteurs privés pour soutenir les programmes nationaux de lutte contre les pandémies dans environ 140 pays en développement. Le Fonds mondial est aujourd’hui le principal financeur international de la lutte contre les pandémies dans les pays en développement, à hauteur de 20% pour le sida, 65% pour la tuberculose et 57% pour le paludisme.

Dans les pays de mise en œuvre, les subventions sont demandées et leur utilisation supervisée par des instances de coordination nationale réunissant des représentants des autorités nationales, mais aussi des partenaires techniques et financiers ainsi que des populations affectées par les maladies et des ONG.

Le Fonds mondial ne dispose pas de représentation dans les pays de mise en œuvre :il finance des structures locales pour mettre en œuvre les subventions. À Genève, le

Secrétariat regroupe environ 600 personnes, chargées de la gestion quotidienne ainsi que de la mise en œuvre de la stratégie et des politiques de l’organisation.

L’objectif est d’optimiser l’impact face au VIH, à la tuberculose et au paludisme ; mettre en place des systèmes résistants et pérennes pour la santé ; promouvoir et protéger les droits humains et l’égalité de genre  et mobiliser des ressources accrues.

Les financements visent 14 millions de vies sauvées au cours de la période de trois ans qui a débuté en 2017 ; 194 millions de nouvelles infections ou nouveaux cas de VIH, de tuberculose et de paludisme évités ; 35 milliards de dollars US mobilisés pour la santé sous forme de financements nationaux ;  230 milliards de dollars US en faveur de la croissance économique.

Joseph MBENG BOUM

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