« On a reçu en appui près de 6000 tests que j’ai mis à la disposition des districts de santé. »

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Près de quatre mois se sont écoulés depuis la décision prise par le gouvernement camerounais d’un certains nombre de mesures hardies concernant le secteur de la santé pour freiner la progression  de la pandémie de la covid-19. Votre journal fait le point sur la gestion du coronavirus dans la région de l’ouest Cameroun avec Dr Daouda Chinmoun, Délégué régional de la santé publique de l’Ouest. Lire l’intégralité de son interview.

Comment est-ce que les centres d’accueil chargés  de la prise en charge des patients atteints par la covid-19 fonctionnent à l’ouest Cameroun ?

Officiellement on a créé trois centres  d’accueil, kouekong, stade de toket et l’hôpital régional. Mais le stade de kouekong n’est pas encore fonctionnel. À kouekong nous avons 200 chambres d’une capacité de 200 lits en sachant qu’une chambre c’est un lit. Actuellement nous avons là-bas 64 lits fonctionnels avec 100 matelas. Donc, il y’a encore des lits à compléter et la capacité n’est pas encore dépassée. À l’hôpital régional on a environ 50 lits. Pour l’instant, nous avons deux sortes de prise en charge. Il y’a un centre pour les patients asymptomatiques et un autre pour les patients symptomatiques et c’est le principe.

Au  centre des  logements sociaux de kouekong, nous prenons en charge toutes les personnes. Pendant deux semaines, elles sont mises en quarantaine. Si elles sont par la suite testées négatives on les libère et elles rentrent chez elles. Mais toujours est-il que nous sommes dans le test centrique maintenant. Dès que vous êtes testés positif, on vous donne le traitement immédiatement même si vous êtes asymptomatique.  Si vous présentez déjà des symptômes, il y’a l’hôpital régional de Bafoussam. C’est là-bas que nous prenons en charge les patients symptomatiques.

Qu’en  est-il de la prise en charge dans les districts de santé ?

Nous sommes en plein dans la décentralisation, la communauté a évolué. Les districts de santé sont impliqués. Quand quelqu’un est positif, l’équipe du district de santé descend : on appelle ça l’intervention rapide. L’équipe de prise en charge évalue avec vous le patient, les conditions de confinement chez vous.  Il faut que chez toi, tu ais un local avec toilettes où tu peux vivre sans avoir de contact avec des personnes de l’extérieur, il faut qu’il y ait moins de 5 personnes chez lui. Si vous avez une dépendance ou vous pouvez vivre et limiter le contact avec votre environnement, et lorsque  c’est acceptable vous signez un engagement.

Pour respecter les conditions de confinement. On vous donne le traitement, l’équipe passe tous les trois jours et on vous suit par téléphone. Des lors que vous êtes un cas déclaré positif, on va chez vous, on le désinfecte, on teste tous les gens de votre entourage, on fait le lessivage de vos contacts que nous suivons par téléphone. Bref, c’est ce que nous sommes en train de faire.

Les centres de dépistage sont-ils opérationnels ?

Actuellement, tous les centres de dépistage sont fonctionnels dans tous les districts de santé de la région. Ils nous remontent les données de dépistage chaque soir et nous avons une donnée du nombre de personnes dépistées, du nombre de cas positifs et du nombre de tests utilisés.

À quels défis faites- vous face au quotidien dans la gestion de cette crise sanitaire ?

Faire adhérer la population c’est le plus grand défi. Il faut déjà respecter les mesures d’hygiène, les mesures de distanciation, le port systématique du masque parce-que je me rends compte que la population ne s’approprie pas cette lutte contre le coronavirus. C’est un véritable souci. Nous sommes en plein dépistage volontaire et systématique. Notre souhait est que la population adhère également. La population continue à penser que c’est une affaire des autres jusqu’à ce que ça les attrape. Dans les zones comme le  Noun, les gens continuent à faire des cérémonies après les décès. Ils célèbrent des mariages et pensent encore que c’est un mensonge. C’est une zone où il faut encore beaucoup travailler et nous continuons de le faire avec l’appui des élites.

Nous avons également un autre défi. La gestion des dépouilles mortuaires. D’après l’avis du comité scientifique, toute personne qui décède de covid-19 on doit l’enterrer dans les 48 heures. On peut permettre à la famille de voir le corps, mais elle doit respecter la distanciation. Il y’a une disposition qui fait toujours problème dans notre région ou le corps est sacré : c’est le fait qu’on demande d’enterrer le corps à l’endroit où il est décédé.

Le matériel de protection est-il disponible en quantité nécessaire ?

Je peux vous dire avec certitude que nous avons des tests.  On a reçu en appui près de 6000 tests que j’ai mis à la disposition des districts de santé. Le matériel de protection individuel nous en avons. À un moment donné nous avons eu des difficultés de rupture de sacs mortuaires, mais nous en avons déjà. On a été approvisionné.

Propos recueillis par Aristide Mvelle

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