Rev Dr. Jean-Blaise Kenmogne : « nous sommes dans la voie pour un enseignement et une formation autrement »

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Le Recteur de l’Université Evangélique du Cameroun parle de son institution universitaire

Pouvez-vous nous faire une présentation de votre université?

L’université évangélique du Cameroun est une œuvre de témoignage chrétien de l’église évangélique du Cameroun. C’est vrai que cette église traverse une profonde crise actuellement, mais je pense qu’elle est passagère et qu’elle va permettre que cette église continue de témoigner de la présence de Dieu dans notre pays et dans monde. L’Uec a obtenu l’accord de création et d’ouverture du ministère de l’enseignement supérieur en 2010. Nous avons commencé les acticités académiques en Octobre 2010. Cette université est située à l’Ouest Cameroun dans la grande ville de Banjoun près de Bafoussam. Le climat est très agréable et l’environnement prête à se concentrer pour faire d’excellentes études. L’UEC a ouvert sa porte à sa création avec 4 facultés  Mais déjà en 2015, nous avons ouvert un institut supérieur de pédagogie pour société en mutation (Ipsom), la première école normale supérieure privée du pays pour la formation des enseignants du secondaire. C’est cet institut supérieur de pédagogie a été transformé en faculté de sciences de l’éducation à la faveur de la création et du développement de l’ouverture de l’Uec.

Ensuite, il y avait la faculté de médecine et des sciences de la santé. Il y avait la faculté d’agronomie. L’institut supérieur de théologie de Ndoungué qui a été transformé en faculté de théologie protestante et des sciences de religions. Nous avons également obtenu l’accord, mais sans l’activer, pour l’ouverture d’une faculté d’économie et des sciences de gestion et pour l’ouverture d’une faculté des sciences et technologies. En 2013, après la mission dite Sosso, la faculté de médecine et des sciences de la santé a été suspendu. Nous avons ouvert la filière des sciences biomédicales. Cette filière des sciences biomédicale est devenue  le département des sciences biomédicales dans la faculté des sciences et technologies que nous avons activées en 2017, lorsque nous avons eu la chance dans, le cadre de notre partenariat avec les universités d’Européennes en général et italienne en particulier, d’avoir le professeur Vittorio Colizzi, qui a accepté d’être le doyen de cette faculté. Cette a donc été activé en janvier 2017 et inauguré officiellement en avril 2017 par le ministre de l’enseignement supérieur,  le Professeur Jacques Fame Ndongo.

L’Uec compte un certain nombre de professeur qualifié nationaux et internationaux, et des missionnaires soit européens, soit de la diaspora camerounaise qui viennent régulièrement pour des enseignements dans notre université. Aujourd’hui, il y a quatre facultés qui fonctionnent : la faculté de sciences et technologie, la faculté des sciences de l’éducation, la faculté d’agronomie et des sciences de l’environnement et la faculté de théologie protestante et des sciences des religions.  La dernière née, et donc j’en suis très fier, c’est l’école doctorale des sciences approfondies pour le développement durable. J’en suis d’autant pus fier car nous sommes pratiquement la seule université privée à avoir une école doctorale et pratiquement la seule université au Cameroun qui a une école doctorale pluridisciplinaire et transdisciplinaire. Le premier séminaire doctorale et international de cet école doctoral a eu lieu du 1er au 4 mars 2019.

Depuis 2010 vous avez eu l’autorisation d’ouvrir les portes ? À ce jour, est-ce vous avez une estimation des étudiants à avoir reçu ?

Actuellement nous avons à peu près 450 étudiants sans compter la faculté de théologie protestante et des sciences de religions. Mais si nous considérons ceux qui sont déjà sortis déjà avec la licence et la master en sciences biomédicales, la licence en sciences agronomiques, l’université a reçu à peu près 1 200 étudiants. Ce n’est pas beaucoup mais c’est surtout la qualité qui  importe pour nous.

Aujourd’hui,  quelle est la particularité de cette université qui fait dans les sciences et technologies?

La mission Sosso avait constatés que sur le plan didactique, il n’y a pas suffisamment de professeurs permanents. Il n’y avait pas des laboratoires suffisamment équipés. Mais aujourd’hui nous avons des enseignants de rang magistral qui viennent de l’Europe, de la diaspora camerounaise, mais aussi des enseignants de rang magistral qui sont sur place au Cameroun qui viennent des universités d’etc. Je dois également dire que la mission Sosso nous reprochait que la faculté de médecine n’avait pas de locaux propres à elle, mais aujourd’hui la faculté de sciences qui a supplée à la faculté de médecine, possède un complexe campus de 11 bâtiments avec le décanat,  5 salles de classe et des laboratoires spécialisés dans plusieurs disciplines. Je peux dire sans exagérer que par rapport à certaines universités de ce pays, nous avons de meilleurs laboratoires pour la formation en métier de santé. Mais il ne suffit pas d’avoir les meilleurs enseignants ou des meilleurs laboratoires, de meilleurs outils pédagogiques pour parler de la qualité. La qualité c’est aussi l’accent mis sur la recherche, sur l’accompagnement des étudiants et sur l’approche pédagogique. Je pense que l’une des choses qui fait la qualité ici chez nous, c’est que nous prenons au sérieux la réforme qui a débouché au système LMD, qui mets l’accent sur la professionnalisation de la formation, afin que les formés ne soit pas de perroquets et de simples imitateurs quand il finissent leur formation, mes des créateurs d’emplois et des agents de développement.

Aujourd’hui vous véhiculer un message particulier.  Vous parlez de « l’université autrement, de l’enseignement autrement », nous aimerions bien savoir ce que vous mettez dans ce concept-là ?

Nous parlons de l’université autrement comme nous parlons de l’école autrement, la formation autrement, l’enseignement autrement. Jusqu’à maintenant le système conventionnel de la formation fonctionne comme si l’apprenant ne connaissait rien ou comme s’il avait une tête vide. Même au niveau des universités, on continue à enseigner comme ça. Et le professeur c’est celui-là qui doit déverser une partie de sa connaissance dans la tête de l’étudiant. Nous pensons qu’il faut voir les choses autrement. Je veux dire, qu’il faut considérer l’apprenant comme quelqu’un qui a des potentialités qu’il faut juste éveiller, mettre en mouvement, allumer l’étincelle. Une fois que vous mettez la clé de contact, le moteur démarre, vous pouvez partir le moteur va continuer à fonctionner. L’enseignant doit juste savoir qu’il est quelque part la clé de contact, l’apprenant est le moteur avec toute la puissance, avec toute l’énergie. C’est cette approche que nous qualifions de pédagogie active et créative. C’est cette approche qui va donc permettre à l’enfant non pas seulement d’attendre de recevoir comme un tonneau, mais de susciter en lui, toute l’énergie, toute l’intelligence. Enseigner autrement, c’est considérer l’enfant comme une réserve d’intelligence, d’énergie, de potentialité et nous avons juste à donner l’étincelle pour que les choses se mettent en marche, afin qu’ils prennent conscience qu’il est un agent de développement et qu’il est capable par ses ressources propres d’être un agent de transformation sociale. Enseigner autrement, c’est considérer comme animateur, une sage-femme comme disait Socrate avec sa maïeutique.

Au-delà de ce concept, pense-vous qu’aujourd’hui le cadre d’apprentissage de l’’Uec corrobore avec le concept ?

Campus A de l’Université Évangélique du Cameroun

Je dois avec humilité dire que nous sommes dans la voie pour un enseignement et une formation autrement. Dans cet enseignement autrement, il y a aussi l’intégration d’Internet et des Tic. Nous ne pensons pas que l’enseignant doit être toujours dans les amphis théâtre pour donner les cours. Aujourd’hui, nous accompagnons nos enseignants à mettre leurs cours sur internet. Nous avons une plateforme pour que les étudiants avant d’arriver au cours puissent avoir la possibilité de consulter les cours du jour sur internet. Ainsi quand l’enseignant arrive en cours, c’est juste des échanges sur le cours que l’enseignant a mis sur la plate-forme. Il faut dire que l’Uec est le produit d’une quinzaine d’année de recherche pédagogique. Nous avons engagé dans les années 1994-1995, un processus de recherche pédagogique avec un partenaire allemand de l’université de Hambourg. A l’issu de cette recherche pédagogique, nous avons  abouti à un résultat que je considère d’innovateur. Ce résultat nous a permis de mettre sur pied trois principes pédagogiques qui sont le fondement de la pédagogie active et créative.

 

Depuis des années le système éducatif camerounais est remis en cause. L’étudiant Cameroun ne répond pas de façon précise aux besoins de développement du Cameroun. Alors, la formation à l’Uec permet-il de se faire une place dans la société et participer dans le au développement du pays?

L’université à trois missions : l’enseignement, la recherche et le service à la population. Malheureusement, parce que la recherche est négligée, le service à la population est nul. Et parce que le service à la population de l’université est nul, l’enseignement n’est pas de bonne qualité. Donc, quand nous avons créé l’Uec, nous avons décidé de mettre l’accent la recherche liée aux problèmes du terroir. Nous pensons en fait qu’à travers la recherche, nous pouvons améliorer la qualité de la formation et contribuer à résoudre les problèmes que les populations rencontrent. La formation peut donc se faire compte tenu de la demande du marché économique et sociale. Une enquête nous a permis de constater que les étudiants qui sont sortis d’ici sont intégration dans le monde de l’emploi entre 80 et 90%. Nous avons aussi une politique de suivi des entreprises qui sont susceptibles de recruter les étudiants qui sortent de chez nous. Donc, nous contribuons modestement, à notre manière, à donner une formation qui répond au besoin, à la demande en matière de travail et de l’économie, de la région et du pays. Nous pensons donc répondre modestement que nous contribuons à donner une formation adaptée et non déconnectée à la réalité et des besoins du pays.

Dans quelques mois, vous célèbrerez le dixième anniversaire l’université évangélique du Cameroun, après ces dix ans, quelles sera la vision ?

Des étudiants de l’Université Évangélique du Cameroun

Après ces 10 ans, la vision c’est de faire de l’Uec un espace qui permet véritablement aux étudiants qui entrent ici de comprendre qu’ils sont formés pour le développement du terroir. Mettre davantage un accent sur la mission de l’université comme un espace de recherche pour le développement du terroir. L’autre perspective que nous avons, c’est de reconquérir la formation médicale, mais en donnant une originalité à cette formation médicale, en innovant avec une vision holistique de la santé, et mettant en place une formation médicale adapté à l’Afrique et au monde rurale. Mais surtout, en inculquant dans l’esprit des futurs médecins que la médecine est avant une vocation avant d’être le gagne pain. Nous voulons, pour terminer, faire en sort que l’Uec, dans les 10 prochaines années, soit une université internationalement reconnue bine classé parmi les meilleurs universités africaines.

Interview réalisée par Joseph MBENG BOUM

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