CANCER : Tueur en série silencieux…

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À l’origine de près de 10 millions de décès en 2020, soit presque un décès sur six, le cancer est l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Le mot « cancer » est un terme générique désignant un large groupe de maladies pouvant toucher n’importe quelle partie de l’organisme. On parle aussi de tumeurs malignes et de néoplasmes. L’un des traits caractéristiques du cancer est la multiplication rapide de cellules anormales à la croissance inhabituelle, qui peuvent ensuite envahir des parties voisines de l’organisme, puis migrer vers d’autres organes. On parle alors de métastases. La présence de métastases étendues est la principale cause de décès par cancer.

Dans le cadre de la commémoration d’Octobre Rose contre le cancer, le Dr OUASSOUO PASSANg, Directeur du Centre Hospitalier Régional de Bafoussam sis à Kouekong, organise dans ses locaux, le 17 octobre prochain à partir de 8 h précises une campagne de dépistage gratuit du cancer du sein et du col de l’utérus, ainsi qu’une conférence contre le cancer du sein sous le thème : « Démystifions le cancer du sein » à 14h précises. A cet effet, le public est invité à prendre massivement part à cette rencontre qui sera animée par les Docteurs Tabola, Oncologue ; Fokam, Psychiatre ; Ndjabang, Gynécologue et la présidente Ouest de l’Association Tous contre le cancer, Matsasso.

Il sera question pour les professionnels de la santé publique, de mener toutes les parties prenantes de la société à une synergie d’action afin de lutter contre le cancer chez la femme. Les cancers les plus courants sont le cancer du sein, le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer de la prostate. Environ un tiers des décès par cancer sont dus aux 5 principaux facteurs de risque comportementaux et alimentaires: un indice élevé de masse corporelle, une faible consommation de fruits et légumes, le manque d’exercice physique, le tabagisme et la consommation d’alcool.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, environ 30 % des cas de cancer sont imputables à des infections telles que l’hépatite ou l’infection par le papillomavirus humain (PVH). En 2020, les cancers les plus courants (en termes de nombre de cas recensés) étaient les suivants : le cancer du sein (2,26 millions de cas) ; le cancer du poumon (2,21 millions de cas) ; le cancer colorectal (1,93 million de cas) ; le cancer de la prostate (1,41 million de cas) ; le cancer de la peau (non-mélanome) (1,20 million de cas) ; et le cancer de l’estomac (1,09 million de cas). Les cancers à l’origine du plus grand nombre de décès étaient : le cancer du poumon (1,80 million de décès) ; le cancer colorectal (916 000 décès) ; le cancer du foie (830 000 décès) ; le cancer de l’estomac (769 000 décès) ; et le cancer du sein (685 000 décès).

Chaque année, un cancer est diagnostiqué chez quelque 400 000 enfants. Les cancers les plus courants varient d’un pays à l’autre. Le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent dans 23 pays.

Qu’est-ce qui provoque le cancer ?

Le cancer naît de la transformation de cellules normales en cellules tumorales, un processus en plusieurs étapes qui a généralement pour point de départ une lésion précancéreuse, laquelle devient ensuite une tumeur maligne. Ces mutations sont la conséquence d’interactions entre des facteurs génétiques propres au sujet et des agents extérieurs classés en trois catégories, à savoir : les cancérogènes physiques, comme les rayons ultraviolets et les radiations ionisantes ; les cancérogènes chimiques, comme l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’alcool, aflatoxine (contaminant alimentaire) ou l’arsenic (polluant de l’eau potable) ; et les cancérogènes biologiques, comme les infections dues à certains virus, bactéries ou parasites.

Par le biais de son institution spécialisée, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’Organisation Mondiale de la Santé tient à jour cette classification des agents cancérogènes. L’incidence du cancer croît considérablement avec l’âge, très vraisemblablement en raison de l’accumulation croissante de facteurs de risque de cancers spécifiques, et du fait que les mécanismes de régénération cellulaire tendent généralement à perdre en efficacité au fur et à mesure du vieillissement.

Causes du cancer

On ignore la cause exacte du cancer, mais différents facteurs peuvent jouer un rôle dans ce processus. Bien que des facteurs génétiques aient été associés à certaines formes de cancer, moins de 5 % des cancers sont associés à des mutations génétiques héréditaires. Par exemple, le BRCA1 et le BRCA2 sont deux gènes dont l’association avec le cancer est démontrée, mais moins de 5 % des cancers du sein sont associés à ces gènes. La majorité des formes de cancer sont causées par des mutations génétiques de cellules qui se produisent pendant la vie d’une personne, sous l’influence de facteurs environnementaux comme l’usage du tabac ou l’exposition à la radiation. Voici les facteurs environnementaux susceptibles de causer un cancer : un rayonnement ionisant – le lien entre le rayonnement ionisant et le cancer a déjà été établi, mais l’on ignore quelle quantité de rayonnement pourrait augmenter le risque de cancer; les rayons du soleil – une exposition prolongée (par ex. le bronzage) provoque des lésions cutanées et peut entraîner un cancer de la peau; des substances chimiques – l’exposition aux colorants industriels, à l’amiante et au benzène est associée au cancer; le tabagisme – le tabagisme cause le cancer du poumon ; il est aussi associé à un plus grand risque de cancer de la bouche, du larynx, de l’œsophage, de la vessie et du col de l’utérus; un virus – certains virus, comme le virus de l’immunodéficience humaine (VIH, responsable du sida), sont associés à un plus grand risque de cancer du foie, de lymphomes et de sarcomes. Le virus du papillome humain (VPH, qui cause les condylomes acuminés) est associé à une augmentation du risque du cancer de la bouche, de l’anus et du col de l’utérus.

Symptômes et Complications

Le cancer peut provoquer beaucoup de symptômes différents, selon le type de cancer et le stade de la maladie. Les cellules cancéreuses qui écrasent ou envahissent les cellules voisines peuvent provoquer une douleur intense. Les organes (comme le foie ou le pancréas) qui sont envahis par le cancer ne peuvent plus fonctionner adéquatement. Certains symptômes, regroupés sous l’appellation syndromes paranéoplasiques, ne sont pas provoqués par la tumeur elle-même mais plutôt par les substances chimiques ou les hormones qu’elle sécrète. Ces substances chimiques et hormones peuvent provoquer une réaction auto-immune, où le corps produit des anticorps pour lutter contre lui-même. Cela peut aussi entraver le fonctionnement normal des organes ou tuer les cellules saines.

Certaines complications du cancer peuvent mettre la vie en danger. Par exemple, à cause du cancer, les membranes entourant le cœur ou les poumons peuvent être envahies de liquide, ce qui rend la respiration très difficile. Le cancer peut également bloquer les veines qui ramènent le sang des organes supérieurs vers le cœur. Cela entraîne un gonflement des veines dans la poitrine et dans le cou. Le cancer peut aussi exercer une pression sur la colonne vertébrale ou les nerfs qui y sont reliés, provoquant de la douleur ou une perte de la fonction des nerfs. Plus la lésion dure et moins on aura de chances de récupérer la fonction d’un nerf endommagé. Le syndrome hypercalcémique (élévation du taux de calcium) se produit lorsqu’un cancer produit une hormone qui augmente dangereusement les taux de calcium dans l’organisme ou quand un cancer envahit les os de façon importante.

Prévenir le cancer

Le risque de cancer peut être réduit : en s’abstenant de fumer ; en conservant un indice de masse corporelle sain ; en adoptant une alimentation saine à base de fruits et de légumes ; en faisant régulièrement de l’exercice physique ; en évitant ou en réduisant la consommation d’alcool ; en se faisant vacciner contre le PVH et l’hépatite B si l’on appartient à un groupe pour lequel la vaccination est recommandée ; en évitant de s’exposer aux rayonnements ultraviolets (provenant principalement du soleil et des cabines de bronzage artificiel) et/ou en prenant des mesures pour se protéger du soleil ; en veillant à un usage sans risque et approprié des rayonnements dans le cadre des soins de santé (à des fins diagnostiques et thérapeutiques) ; en limitant le plus possible l’exposition professionnelle aux rayonnements ionisants ; et en réduisant son exposition à la pollution atmosphérique et à la pollution de l’air intérieur, notamment au radon (gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium, qui peut s’accumuler à l’intérieur des bâtiments – maisons, écoles et lieux de travail).

La détection et le traitement rapide des cas permettent de réduire la mortalité liée au cancer. La détection précoce repose sur deux éléments : le diagnostic précoce et le dépistage.

Diagnostic précoce

Un traitement est plus susceptible d’être efficace – avec des chances de survie accrues, une réduction de la morbidité et des coûts moins élevés – si le cancer est diagnostiqué rapidement. En détectant les cancers à un stade précoce et en évitant des retards dans le traitement, on peut sensiblement améliorer la vie des patients. Le diagnostic précoce comporte trois volets : la sensibilisation aux symptômes des différentes formes de cancer et à l’importance de consulter un médecin si des anomalies sont observées ; l’accès à des services d’évaluation clinique et de diagnostic ; et l’orientation en temps utile vers des services de traitement.

Le diagnostic précoce des cas symptomatiques est important dans tous les contextes et pour la majorité des cancers. Les programmes de lutte contre le cancer doivent avoir pour but de réduire les retards et les obstacles en matière de diagnostic, de traitement et d’accès aux soins de soutien. Au moment du diagnostic, la détermination du stade du cancer aide à définir le pronostic et le type de traitement qu’un patient va recevoir. Les médecins utilisent simplement un système de classification des cancers, appelé le système TNM, qui décrit la taille de la tumeur et son degré de propagation dans l’organisme. Le choix du traitement dépend en grande partie du stade où se trouve le cancer.

Dépistage

Le dépistage vise à identifier les personnes dont les résultats de tests sont évocateurs d’un cancer ou d’un pré-cancer particulier avant qu’elles ne développent des symptômes. Lorsque le dépistage met en évidence des anomalies, des examens supplémentaires doivent être réalisés pour établir un diagnostic définitif et le patient doit être orienté vers des services de traitement si la présence d’un cancer est avérée. Les programmes de dépistage sont efficaces pour certains types de cancer, mais pas tous. En règle générale, ils sont bien plus complexes et requièrent beaucoup plus de ressources que le diagnostic précoce, car ils nécessitent des équipements et du personnel spécialisés. Même lorsqu’il existe des programmes de dépistage, des programmes de diagnostic précoce demeurent nécessaires pour identifier les cas de cancer parmi les personnes qui ne répondent pas aux critères d’âge ou de facteur de risque établis pour le dépistage.

Pour éviter un taux excessif de faux positifs, la sélection des patients pouvant bénéficier d’un dépistage se fonde sur l’âge et les facteurs de risque. Parmi les méthodes de dépistage employées figurent notamment : les tests de dépistage du PVH (notamment par détection de l’ADN ou de l’ARNm du PVH),  qui constituent la méthode à privilégier pour le dépistage du cancer du col de l’utérus ; et la mammographie pour le dépistage du cancer du sein chez les femmes âgées de 50 à 69 ans dans les régions où les systèmes de santé sont (relativement) robustes. Les programmes de dépistage comme de diagnostic précoce nécessitent une assurance qualité.

Traitement

Il est essentiel de diagnostiquer correctement un cancer pour le traiter de façon adaptée et efficace, car chaque type de cancer nécessite un protocole de traitement spécifique. Pour traiter le cancer, on fait appel à la chirurgie, à la radiothérapie, à la chimiothérapie et, pour certaines formes de cancer, aux hormones ou aux médicaments bloquant la sécrétion hormonale. Le traitement du cancer vise à tuer les cellules cancéreuses en évitant, autant que possible, de détruire les cellules saines.

La chirurgie permet d’enlever les cellules cancéreuses qui sont regroupées ensemble. De nombreux cancers sont traités par chirurgie. Les chirurgiens enlèvent également les cellules normales entourant les cellules cancéreuses ou la tumeur, afin de déterminer si le cancer s’est propagé ou non. Lorsque le cancer s’est déjà propagé, il est très difficile d’enlever les cellules cancéreuses à l’aide de la chirurgie.

La radiothérapie permet de traiter les cancers localisés. La radiothérapie peut prendre différentes formes. On peut diriger un faisceau de rayonnement sur la peau près du site du cancer. Le rayonnement tue les cellules cancéreuses mais, malheureusement, il détruit aussi les cellules saines. Des appareils récemment conçus permettent de mieux concentrer le rayonnement sur les cellules cancéreuses et d’éviter les cellules saines. On peut aussi injecter des particules radioactives dans le sang. Ces particules adhèrent aux cellules cancéreuses mais non à celles qui sont normales. Il arrive aussi qu’on introduise des particules radioactives dans un organe, près du cancer, transmettant aux cellules cancéreuses une dose de rayonnement.

Dans la chimiothérapie, on fait appel à des médicaments anticancéreux. Elle est fréquemment utilisée lorsque le cancer s’est propagé à plusieurs régions du corps. Pour beaucoup de cancers, on utilise une combinaison de médicaments car les résultats sont meilleurs qu’avec un seul médicament. On parle d’une réponse complète à la chimiothérapie lorsqu’aucune trace de cancer ne peut être décelée. Cependant, certaines cellules cancéreuses peuvent demeurer dans le corps sans être détectées. Par conséquent, le cancer peut réapparaître après une période de rémission. Dans une réponse partielle, la taille du cancer diminue de plus de 30 %. Malheureusement, beaucoup de cancers deviennent résistants aux médicaments anticancéreux. Certains cancers (comme le cancer du sein) réagissent aux actions hormonales, et l’on peut alors utiliser des hormones ou des médicaments bloquant l’action hormonale pour ralentir la croissance cancéreuse.

Soins palliatifs

Les soins palliatifs ne visent pas à guérir le cancer, mais à atténuer les symptômes et les souffrances qui en résultent, ainsi qu’à améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches. Ils sont particulièrement importants dans les lieux comptant une proportion élevée de patients atteints d’un cancer à un stade avancé, pour lesquels les chances de guérison sont minces. Ces soins palliatifs peuvent contribuer à atténuer les problèmes physiques, psychosociaux et spirituels chez plus de 90 % des patients atteints d’un cancer à un stade avancé.

Pour dispenser des soins palliatifs aux patients et soulager leur douleur ainsi que celle de leurs proches, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies de santé publique efficaces, prévoyant une prise en charge au niveau communautaire et à domicile.

Il est fortement recommandé d’améliorer l’accès à la morphine administrée par voie orale pour soulager les douleurs modérées et aigues causées par le cancer, dont souffrent plus de 80 % des patients en phase terminale.

Il est important de signaler que de nos jours, le génie génétique permet d’intervenir au niveau des gènes qui déclenchent ou freinent la croissance cancéreuse et de régulariser les enzymes qui maintiennent la division et la croissance des cellules cancéreuses. La recherche se poursuit afin d’améliorer nos outils pour combattre le cancer et, parmi les voies les plus prometteuses, mentionnons les vaccins anticancéreux, les anticorps combinés aux poisons et les substances chimiques qui peuvent couper l’apport sanguin au cancer.

Adèle BITGA

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