Hôpitaux publics : la thérapie secrète du Dr Manaouda Malachie

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Deux ans après sa nomination à la tête du Ministère de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie explique les raisons cachées de ses visites inopinées dans les formations sanitaires et sa posologie pour la guérison de celles-ci.

Cela ne fait aucun doute, l’hôpital public au Cameroun est malade. Il souffre de son organisation, de son fonctionnement, de ses Hommes et de sa politique. Face à cette situation, le jeune patron de la santé au Cameroun apprit la résolution contre vents et marées de soigner ses structures de santé. Pour le ministre de la Santé, il faut connaître la situation réelle des hôpitaux afin de d’administrer le bon médicament.

« Lorsque vous êtes dans votre bureau, vous recevez des rapports mais ceux qui vous envoient des rapports de façon officielle oublient que vous recevez également des informations de façon informelles. Donc, quand vous comparez les deux informations, vous trouvez des fois qu’elles sont à l’opposé », regrette le ministre de la Santé. « La meilleure solution pour avoir votre part de vérité dans la question, c’est de descendre sur le terrain. Le but donc, de ces visites inopinées, c’est de descendre et d’aller voir soit même. Voir comment ça se passe, voir la qualité de la prise en charge, du circuit du malade, de l’état global de la formation sanitaire, des conditions de travail de nos collaborateurs du corps médical », explique Dr Manaouda. « Mais en réalité, il faut se dire une chose. Lorsque j’ai eu l’honneur d’être nommé ministre de la Santé, moi-même, puisque je suis camerounais, j’ai vu que l’hôpital était malade. Donc, il faut aller voir qu’est-ce qui ne va pas pour apporter le meilleur traitement. C’est ce qui a motivé mes visites, inopinées», renchérit-il.

L’impact du Covid-19

Tandis que les camerounais s’inquiétaient de l’absence ou d’un musèlement du plus jeune ministre du Gouvernement de Joseph Dion Nguté, il a été pris par la pandémie de la Covid-19 qui continue de sévir dans le monde.  « Les contraintes liées au Covid-19, à un moment donné, ne m’ont pas permis de me déployer à un moment. Nous avons recommencé à nous déployer sur le terrain », rassure le fils du Mayo-Tsanaga.

Très critiqués par certains politiciens, mal compris une classe de professionnels de la santé et salué par la population, le patron de la santé rassure que ses visites ont « deux objectifs en réalité, la première chose c’est ce j’ai dit.  Savoir ce qui se passe et quels sont les problèmes.  Mais ce que l’on ne relève pas assez en termes d’objectifs, c’est d’apporter une certaine chaleur, une certaine proximité au corps médical. Imaginez-vous en centre de santé où il y a que deux ou trois personnes quelconques qui reçoivent une délégation des services centraux. Ils vont se dire, ah au moins on sait que nous existons. Ça va leur donner un autre élan, une autre détermination, un autre engouement et une motivation supplémentaire pour pouvoir travailler. Donc, c’est d’abord ça aussi qui nous emmène vers les centres de santé. Donc, ce n’est pas seulement pour regarder ce qui n’est pas bien fait, pour pouvoir sanctionner. Non ».

Au-delà des hôpitaux, le personnel de santé aussi…

 Dans un contexte où les conditions de vie et de travail des professionnels de la santé restent à améliorer, le Minsanté se veut plus compréhensif face à leurs difficultés. « Nous avons beaucoup d’autres objectifs, s’assurer que nos collaborateurs travaillent bien dans de bonnes conditions, relever des difficultés pour apporter des solutions. Voilà la philosophie qui a nourri et continuera à nourrir ces visites inopinées. Moi, je n’ai pas d’heure, si ce n’est à 10h00 ou à 02 heures du matin, j’irai toujours dans ces formations sanitaires parce que je me mets à la place de ce camerounais lambda qui a besoin des soins et qui à un moment donné, parce que c’est, la nuit, il n’est pas pris en charge parce que le médecin dort ou l’infirmier lui dis, moi j’ai sommeil. Non, il faudrait que nous essayions d’être beaucoup plus sérieux. Donc, nous allons continuer avec ces visites inopinées », ajoute le Minsanté.

« C’est clair qu’à l’issu de ces visites, des informations précieuses que nous obtenons, nous permettent de prendre la meilleure décision. Il y a des fois, on a sanctionné parce que nous n’étions pas satisfaits du résultat mais il y a des fois où nous avons récompensé le travail bien fait », conclut Manouda Malachie.

Au-delà des visites dans nos formations sanitaires, il est urgent pour réussir la transformation du système de santé camerounais, d’accélérer la réforme hospitalière réactualisée depuis 2016 et en attente de validation par les instances compétentes.

Joseph MBENG BOUM

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