Stress des médecins dans les hôpitaux publics : facteurs de risques et compétences professionnelles - Une étude menée au Cameroun.
L’ouvrage de Dr Dorothée MAA, publié en 2024 aux éditions Afribook, est une étude approfondie sur le stress chronique des médecins dans les hôpitaux publics au Cameroun. L’auteure, Médecin Bucco-Dentiste et titulaire d’un Master en Management des Organisations Publiques, a mené une étude quantitative auprès de médecins exerçant dans les dix Régions du Cameroun pour identifier les facteurs de risques psychosociaux du stress chronique en milieu hospitalier public et les compétences professionnelles qui peuvent être négativement impactées par ledit stress. Ce livre, composé de 4 chapitres et de 140 pages, offre une analyse minutieuse des déterminants psychosociaux du stress chronique et de son influence sur les compétences professionnelles des médecins.
Dans les hôpitaux publics du Cameroun, les médecins sont souvent confrontés à des conditions de travail difficiles. Surcharge de travail, déséquilibre efforts/récompenses, faible latitude décisionnelle : le quotidien de ces professionnels de la santé n’est pas toujours aisé. Le cas de Cédric, Médecin Généraliste dans une zone reculée, est emblématique d’une situation alarmante qui menace la qualité des soins et pousse de nombreux médecins à quitter le secteur public et même à envisager de quitter le pays.
Cédric, Médecin Généraliste, incarne le portrait type du médecin camerounais en souffrance. Dans cette formation sanitaire de quatrième catégorie qui est enclavée, au cœur de la Région de l’Extrême-Nord, il est le seul médecin et doit s’affairer à tout. Pédiatrie, maternité, chirurgie, urgences… aucune spécialité ne lui échappe, sans compter les tâches administratives qu’il doit gérer. Les journées de travail s’étirent à l’infini, sans répit. Et pourtant, son salaire ne suit pas. « Je suis épuisé physiquement et mentalement », confie-t-il. « On attend de moi que je fasse des miracles avec des moyens limités. Je suis constamment sous pression, je dois prendre des décisions difficiles et je n’ai vraiment pas le temps de réaliser des formations continues pour booster mes compétences ».
Le cas de Cédric est loin d’être isolé. Pléthore de médecins à travers le Cameroun vivent dans des conditions similaires. « Nous travaillons dans des hôpitaux sous-équipés, avec des ressources humaines et matérielles insuffisantes », témoigne un jeune médecin exerçant dans une zone rurale enclavée. « Des médicaments manquent parfois, les patients sont souvent nombreux et démunis pour beaucoup d’entre eux, et les attentes sont élevées. C’est un cercle vicieux ». La surcharge de travail et les moyens matériels et humains limités conduisent à une baisse de la qualité des soins prodigués aux patients. De nombreux médecins, découragés par les conditions de travail, quittent le secteur public pour aller exercer en privé ou même aller à l’étranger. Le stress chronique entraîne des problèmes de santé physique mais également des problèmes de santé mentale tels que la dépression, l’anxiété, le Burn-Out, tout en ayant des effets négatifs sur l’efficacité professionnelle. Les budgets alloués à la santé sont insuffisants pour assurer le fonctionnement optimal des hôpitaux et récompenser correctement les personnels soignants. Les hôpitaux situés en zones rurales et/ou enclavées sont les plus touchés par l’insuffisance de moyens et aussi les déserts médicaux. Le travail des médecins n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur dans notre société.
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Le Dr Dorothée Maa, dans son ouvrage : « Stress des médecins dans les hôpitaux publics : facteurs de risques et compétences professionnelles – Une étude menée au Cameroun », a mis le doigt sur un problème majeur de santé publique. Il est temps pour les pouvoirs publics de prendre la pleine mesure de l’ampleur et de l’urgence de la situation, et d’agir en conséquence. Le plaidoyer est lancé pour faire de la Santé Mentale en général et de la Santé Mentale au Travail des Personnels Soignants en particulier, une cause nationale majeure et prioritaire.
L’ouvrage commence par une clarification des concepts clés liés au stress, notamment la distinction entre stress aigu et chronique. Une enquête scrupuleuse a été menée auprès de médecins dans les différentes Régions du Cameroun pour identifier les facteurs psychosociaux à l’origine du stress chronique et son impact sur les compétences médicales. Le livre examine le contexte hospitalier public au Cameroun à l’aune de l’outil SWOT, en identifiant les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces liées au stress. L’Auteure propose des pistes pour améliorer la prévention et la gestion du stress chronique chez les médecins, afin d’optimiser la qualité des soins. Le sujet est d’une grande actualité, tant au Cameroun qu’à l’échelle internationale. L’étude est fondée sur une analyse quantitative, offrant une vision plus détaillée du phénomène. L’ouvrage va au-delà d’un simple constat en proposant des options de solutions concrètes.
Pour que les médecins en particulier et les personnels soignants en général aient eux-mêmes une meilleure compréhension de leur propre expérience et des moyens de gérer efficacement leur stress ; pour mettre en place des politiques et des programmes visant à améliorer le bien-être des professionnels de la santé ; pour une élévation du niveau de conscience individuelle et collective vis-à-vis des enjeux du stress chronique en milieu professionnel, cet ouvrage est une contribution précieuse à la recherche et un outil d’aide à la prise de décisions en ce qui concerne le stress en milieu professionnel dans le secteur de la santé au Cameroun. Il offre une analyse poussée et des propositions pertinentes pour améliorer les conditions de travail des médecins et par conséquent, la qualité de la prise en charge des patients.
Selon l’Auteure, « le stress chronique est un véritable fléau vicieux et silencieux dans nos hôpitaux publics » et peut avoir des conséquences graves sur la santé physique et mentale des médecins, ainsi que sur leur performance organisationnelle. Les facteurs de risques identifiés incluent entre autres, le déséquilibre perçu entre les efforts fournis et les récompenses reçues, la forte demande psychologique, la faible latitude décisionnelle, le faible soutien social des collègues et de la hiérarchie, l’exposition continuelle à la souffrance et à la mort…. L’Auteure note que « les médecins qui travaillent dans des zones rurales ont beaucoup plus de plaintes et ressentent beaucoup plus de déséquilibre entre les efforts fournis et les récompenses reçues, par rapport à ceux qui travaillent dans des zones urbaines ». Elle souligne également que : « le système de calcul de Quotes-Parts en milieu hospitalier public n’est pas toujours adapté aux réalités contextuelles », ce qui peut aggraver le sentiment d’injustice perçu par certains professionnels.
L’ouvrage est divisé en quatre chapitres, dont le premier présente des concepts relatifs au stress en milieu de travail et la modélisation théorique de l’étude. Le deuxième chapitre décrit la méthodologie de la recherche, tandis que le troisième chapitre porte sur le diagnostic des déterminants du stress dans les hôpitaux publics. Le quatrième chapitre présente les résultats de l’étude, leur analyse et des propositions de solutions.
L’Auteure conclut que « le stress chronique est un problème qui nécessite une attention particulière dans nos hôpitaux publics » et qu’il est nécessaire de « mettre l’accent sur la santé mentale en milieu professionnel ». Elle encourage les personnels soignants, les managers des hôpitaux et les décideurs à prendre des mesures pour prévenir et gérer efficacement le stress en milieu hospitalier. L’ouvrage de Dr Dorothée MAA est une contribution importante pour une meilleure appropriation et compréhension du stress chronique des médecins dans les hôpitaux publics au Cameroun. Il offre une exploration en profondeur des facteurs de risques psychosociaux et des conséquences du stress chronique, ainsi que des propositions de solutions pour une prévention et une gestion plus effectives de ce problème. Comme le note l’Auteure, « il est temps de prendre plus au sérieux la question de la santé mentale au travail dans notre contexte ».
Elvis Serge NSAA
