Cliniques privées clandestines en Guinée : ces mouroirs qui achèvent les patients

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Dans la nuit noire du vendredi 8 janvier dernier, notre consœur Mariama Kouta Diallo, journaliste-présentatrice du journal de la Radio nationale, décède dans une clinique privée suite à une intervention chirurgicale à « Dar-Es-Salam », un quartier situé dans la commune de « Ratoma ». Selon des médecins spécialistes, la jeune journaliste aurait succombé suite à une succession d’erreurs commises par des « bouchers » de chirurgiens, lors de l’opération à l’abdomen.


Dans la sombre matinée du samedi 20 novembre dernier, toute la Guinée était en émoi après la nouvelle de la mort de la jeune femme, M’Mah Sylla 25 ans, à Tunis, où elle avait été évacuée après avoir subi plusieurs viols commis par deux pervers de médecins gynécologues, dans une clinique privée malfamée, dans un quartier précaire de Conakry. Ces deux tristes cas parmi tant d’autres, nous obligent à traiter les cliniques privées de cliniques de la mort. C’est peut-être fort, mais cela vaut son pesant d’or. Ces cliniques qu’on retrouve pour la plupart dans les quartiers défavorisés et tenues par des médecins ou infirmiers diplômés d’Etat ou non, sont de vrais mouroirs. Certes, ils ont décidé, à leur manière, d’offrir leur service aux populations, mais le prix à payer est parfois fatal et douloureux.

Incursion dans quelques-unes des cliniques de la place

Le mardi 25 janvier dernier, nous voilà dans ces cliniques pour en savoir davantage sur les prestations qui y sont faites. Premier endroit, Concasseur, un sous-quartier de la commune de Dixinn. La première clinique visitée dont nous tairons volontairement le nom, est située dans une grande cour commune. Son propriétaire, un médecin répondant aux initiales de B.T. Un homme, la cinquantaine, qui n’a pas eu la chance d’être recruté à la fonction publique, a décidé de s’installer à son propre compte pour assurer ses vieux jours. Dans cette clinique qui fait la fierté de certaines personnes, se trouvent deux lits avec deux matelas de fortune, un ventilateur posé dans le couloir jouxtant les deux salles d’hospitalisation. Quel calvaire ! Le médecin, lui, est aidé dans sa tâche par deux assistants. Un aide-soignant et une fille de salle. Quant aux patients et leurs parents, c’est une aubaine que cette clinique soit construite dans le quartier parce que les grands hôpitaux sont très éloignés. Ils s’en réjouissent également du fait que les hospitalisations sont à moindre coût. « Cette clinique nous rend d’énormes services même si elle est située dans un endroit peu fréquenté et qu’elle ne remplit pas toutes les normes. Il faut reconnaître que c’est grâce au Docteur que nos malades retrouvent la santé. C’est un spécialiste. Jamais, je n’ai vu un médecin comme lui nulle part. » Un patient abonde dans le même sens que Dame Aissatou. « Ce monsieur connaît bien son métier. Il m’a opéré sans incident. Je suis fier de lui », soutient Oumar D. D’autres personnes qui fréquentent aussi la clinique soutiennent plutôt le contraire. « C’est avec amertume que je viens ici. Je ne suis pas obligé d’y venir. Mais quand je regarde la situation dans laquelle ma famille et moi vivons, je n’ai pas le choix. Les autres cliniques et hôpitaux coûtent très chers. C’est pourquoi je prie le Seigneur pour ne pas qu’un malheur m’arrive. Sinon, voyez vous-même l’état de délabrement dans lequel est la clinique. C’est déplorable », a-t-il prêché.

Où en est-on avec la lutte contre les cliniques clandestines ?

Plusieurs cliniques fonctionnant dans l’illégalité avaient été soit fermées en 2014, soit mises en demeure, soit convoquées par le ministère de la santé, quand sévissait la fièvre à hémorragique Ebola. Les autorités guinéennes ne voulant plus de cliniques « clandestines » dans le pays avaient déclenché la lutte contre ces établissements sanitaires de fortune. Ainsi, au moment où la pandémie faisait ravage, les forces de sécurité avaient fait une descente inopinée dans plusieurs cliniques privées du pays. Lors de ces journées de visites inopinées, plus d’une dizaine de cliniques des quatre communes de la capitale (Dixinn, Matam, Ratoma et Matoto) avaient été passées aux peignes fins. Selon les informations reçues au ministère, les structures épinglées avaient fait l’objet d’une mise en demeure, d’une convocation pour certaines et une fermeture pour d’autres. Les autorités ne s’étaient pas arrêtées dans la capitale dans le cadre de cette opération. Le ministère a indiqué que les inspecteurs aidés des services de sécurité avaient investi l’intérieur du pays à la poursuite des cliniques qui n’étaient pas en règle vis-à-vis de la loi en vigueur.

Adama DIALLO, correspondant particulier

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