Mbalmayo : La lumière revient dans les yeux des populations du Nyong et So’o
L’Hôpital de District de Mbalmayo en collaboration avec l’hôpital Saint Luc de Mbalmayo et les associations humanitaires « Eye do It », de de Suisse (représenté par Dr. Maria Inês Rodrigues et Ornella Marroni) et Life and Eye fondation (représenté par Prof. Yannick Bilong), organisent une campagne de chirurgie de la cataracte à coût réduit du 9 au 15 novembre 2024.
La campagne de chirurgie de la cataracte organisée par l’Hôpital de District de Mbalmayo, Eye do It et Life and Eye a atteint un nouveau record de succès, avec 83 pendant la période du 09 au 15 novembre 2024. 76 cas de cataracte sénile ont été traités, ainsi que 4 cas de cataracte traumatique , 2 cas de cataracte congénitale et 1 cas de cataracte secondaire à une inflammation. Les patients ont bénéficié de la Phacoémulsification et de la technique de Small Incision Cataracte Surgery (SCICS), deux techniques chirurgicales qui permettent de retirer la cataracte et de remplacer le cristallin avec une lentille intraoculaire. Malgré la grande quantité de cas traités, les incidents ont été rares et ont été résolus sur le moment (2 cas de haptique cassé et 2 cas de dialyse zonulaire).
Une marée humaine a envahi du 9 au 15 novembre 2024, l’hôpital de district de Mbalmayo, tous unis par un même espoir : retrouver la vue. La campagne d’opération de la cataracte à moindre coût, initiée par le service d’ophtalmologie, a suscité un engouement sans précédent. Cannes blanches et , les patients, venus des quatre coins du département du Nyong-et-So’o, région du Centre, témoignent de l’importance vitale de cette initiative.
Dans les couloirs de l’hôpital de district de Mbalmayo, une atmosphère particulière règne. Les visages sont marqués par l’espoir et l’impatience. Des centaines de personnes, de tous âges et de tous horizons, ont répondu présent à l’appel lancé par le service d’ophtalmologie. Ces hommes et ces femmes, originaires des différentes localités du Nyong et So’o, partagent un même combat : celui de retrouver une vision claire et nette. Organisée à moindre coût, cette campagne d’opération de la cataracte représente une bouffée d’oxygène pour de nombreux patients. Privés de vue, ils étaient contraints de vivre dans l’obscurité, limités dans leurs activités quotidiennes. Grâce à cette initiative, ils entrevoient un nouvel avenir, rempli de couleurs et de lumière. « Nous sommes ravis de voir autant de patients qui ont bénéficié de cette campagne », a déclaré le Dr. Sohnagou , médecin ophtalmologue. « Nous avons travaillé dur pour offrir aux patients les meilleurs soins possibles, et nous sommes heureux de voir que cela a payé ».
Les patients ont pu bénéficier de soins de qualité dans les domaines de l’ophtalmologie, de la chirurgie et de la médecine générale. « La cataracte est une maladie courante qui peut être traitée avec succès », a déclaré le Dr Dir Bassi Raoul, ophtalmologue . « Nous avons vu de nombreux patients qui ont bénéficié de cette campagne et qui ont pu retrouver leur vision normale ». Une des patients, Bilounga Bernadette, a déclaré : « J’avais une cataracte et j’ai été opérée depuis dimanche. Je me sens bien et je vois déjà mieux. Je recommande à tous ceux qui ont besoin de soins de venir ici ».
« Nous allons continuer à travailler pour offrir aux patients les meilleurs soins possibles », a déclaré le Dr Assamba Noel, conseiller médical à l’hôpital de district de Mbalmayo. « Nous sommes reconnaissants aux patients qui ont participé à cette campagne et nous allons continuer à travailler pour améliorer nos services ». La campagne de santé à Mbalmayo a été un succès et a offert aux patients de la ville et de ses environs l’occasion de bénéficier de soins de qualité à un coût réduit.
Les équipes médicales, sous la direction du Pr. Yannick Bilong, ophtalmologue, travaillent sans relâche pour accueillir et prendre en charge tous les patients. Des consultations sont organisées tout au long de la journée, suivies des opérations. Les patients sont ensuite suivis de près pour assurer le succès de l’intervention. Au-delà de l’aspect médical, cette campagne met en lumière un enjeu de santé publique majeur. La cataracte touche des millions de personnes dans le monde, entraînant une perte d’autonomie et une dégradation de la qualité de vie. En offrant des soins accessibles à tous, l’hôpital de district de Mbalmayo contribue à améliorer les conditions de vie des populations du Nyong et So’o. Cette initiative est un exemple concret de solidarité et de compassion. Elle démontre que la santé n’a pas de prix et que chacun mérite de vivre dans de bonnes conditions. En redonnant la vue à ses patients, l’hôpital de Mbalmayo leur offre bien plus qu’une simple opération chirurgicale. Il leur redonne l’espoir et la joie de vivre.
Elvis Serge NSAA
Dr Assamba Noel, conseiller médical à l’Hôpital de district de Mbalmayo
« Mbalmayo : une campagne de chirurgie de la cataracte transforme des vies »
Grâce à la mobilisation d’équipes médicales locales et internationales, des patients atteints de la cataracte retrouvent une vision claire et une meilleure qualité de vie. Le Dr Assamba Noel nous explique les enjeux de cette initiative et les bénéfices pour la communauté.
Est-ce que vous pouvez vous présenter et votre qualité?
Je suis le Dr Assamba Noel, conseiller médical à l’Hôpital de district de Mbalmayo.
Merci beaucoup pour cette belle présentation. L’hôpital de district de Mbalmayo, organisé du 8 avril au 16 novembre 2024, est une campagne de chirurgie de la cataracte à coût réduit. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette campagne?
Bien, merci de l’occasion que vous nous donnez de parler de cette campagne qui est organisée dans notre formation sanitaire. L’intérêt, de façon sommaire, d’une telle action, c’est d’offrir aux populations de la ville de Mbalmayo et ses environs des facilités en termes de prise en charge de la cataracte, s’il fallait encore le rappeler, qui est cette maladie liée à une opacification du cristallin. Le cristallin est cette lentille qui est située au niveau de l’œil et qui nous permet justement de mieux voir. Alors, la cataracte, lorsqu’elle survient, elle va, du fait de cette opacification, progressivement altérer la vision du patient. Et dans la plupart des cas, la chirurgie s’impose donc. Donc, comme je l’ai dit, c’est de faciliter la prise en charge de cette pathologie auprès des patients.
Et s’il fallait dire un mot pour embrayer une fois sur la question suivante concernant les véritables enjeux de cette campagne, le premier enjeu qui me vient à l’esprit est d’abord sanitaire. Parce que, vous savez, notre ministre de la Santé a dans son leitmotiv toujours prôné l’humanisation des soins. Et nous nous efforçons au mieux au jour le jour de suivre cette boussole qui nous guide chaque jour dans notre pratique.
Le deuxième enjeu est évidemment socio-économique. Parce que, comme vous l’avez dit, c’est une campagne à coût réduit. Les patients n’ayant toujours pas assez de moyens pour s’offrir des soins de qualité n’étaient donc de bon ton de saisir une occasion pareille pour procéder à différentes chirurgies. Afin d’améliorer leur confort de vie.
Parlez-nous des équipes qui ont été mobilisées dans le cadre de cette campagne?
Les équipes qui ont été mobilisées sont bien évidemment d’abord celles de l’hôpital logistique de Mbalmayo. Nous avons travaillé en collaboration avec l’hôpital Saint-Luc de Mbalmayo. Mais nous avons le soutien de deux associations, deux ONG dont l’une Suisse, Eye Do It, Eye comme les yeux, Do It, et l’association Life and Eye Foundation. Ces deux associations nous appuient énormément en termes pratiques, en termes logistiques, pour mener à bien cette activité de campagne.
Maintenant, quelles sont vos attentes à la fin de cette campagne?
Les attentes concernent d’abord les patients. Parce que ce sont eux qui sont au centre de l’activité. Comme je l’ai dit, il s’agit d’améliorer leur confort de vie. Parce que la cataracte les rend dans une certaine mesure un peu dépendant de l’entourage. Vous savez, pour la plupart, ce sont des patients en âge avancé qui en souffrent. Donc l’enjeu, les attentes, concernent d’abord l’amélioration de leur cadre de vie. Ensuite, l’enjeu est également professionnel. Parce que nous avons là des experts qui viennent d’ailleurs, qui viennent renforcer les capacités des praticiens locaux. Cela constitue une plus-value pour nous, ici, localement.
Si vous pouviez en dire sur l’association ONG suisse et qui vous accompagne dans le cadre de cette campagne?
De manière concrète, comme je l’ai dit, il y a déjà ce soutien logistique que ces ONG vont nous apporter. Il y a le support en termes pratiques, dans le cadre de l’échange d’expérience entre les praticiens d’ailleurs et ici. Mais également le renforcement des relations même entre nos pays. Parce que ce sont également des enjeux diplomatiques qui sont non négligeables dans ce cadre. Donc voilà un peu ce que nous avons comme vision par rapport à l’expérience que nous vivons actuellement.
Pour terminer, est-ce que dans le département de Nyong-So’o, il y a ce problème de cataracte?
Bien, comme je l’ai dit tout à l’heure, ce qu’il faut déjà savoir, c’est que la cataracte, ça se revient naturellement avec l’âge, ou du moins dans la plupart des cas. Et les personnes atteintes sont donc naturellement à un âge avancé. Alors, recrudescence des cas, on ne va pas assimiler ça à une épidémie, mais il faut quand même noter que nous avons effectivement constaté une fréquence un peu plus élevée de ce genre de pathologie lors de différentes consultations dans notre service d’ophtalmologie. Et je pense que c’est de là que part même l’intérêt de l’organisation de cette campagne.
Les chiffres, je ne pourrais pas les donner là, présentement, à l’instant, mais ce qu’il faut dire, c’est que dans nos relevés statistiques, la cataracte est l’une des maladies les plus diagnostiquées ici dans nos formations sanitaires.
Pour terminer, est-ce que vous aimeriez aborder un pan de cette campagne d’une question qui m’échappe le plus, en passant le message de récupération des bâtiments, des monuments, des endroits, qui peuvent également bénéficier de cette campagne ?
Le message de ça ne peut être d’abord que celui du remerciement, parce qu’il faut dire que d’avoir des experts qui viennent nous soutenir, ce n’est pas toujours la chose la plus simple. Nous remercions donc ces deux associations, nous remercions l’hôpital Saint-Luc pour leur implication, nous remercions même les patients qui nous ont fait confiance pour participer à cette campagne. Il faudrait se dire que c’est également dans leur intérêt que nous posons ces actes. S’il fallait dire un mot de fin, ces activités seront aux mieux pérennisées, car, comme je l’ai dit, nous sommes dans un contexte socio-économique assez difficile, et pouvoir aider les populations à avoir un meilleur accès aux soins serait la meilleure chose pour notre formation sanitaire.
Est-ce qu’après cette campagne, d’autres campagnes sont prévues également ? Ou allons-nous s’arrêter sur cette campagne ? Ou sera-ce que c’est temps d’avoir d’autres services ?
On ne va pas aller de campagne en campagne, mais il est vrai que ces actes sont parfois ponctuels, mais ils sont également guidés par certaines contingences que nous pouvons observer dans notre pratique quotidienne. Donc, on verra si l’opportunité d’une autre campagne dans le même domaine, ou dans un autre, se présente. Nous n’hésiterons pas à traverser les différents partenariats pour pouvoir mettre une telle action en route.
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA
Maria Inês Rodrigues, M.D., fondatrice de l’ONG “Eye Do It”
« Solidarité et expertise : une mission ophtalmologique au cœur du Cameroun »
L’association Eye Do It a réalisé une mission d’envergure au Cameroun, permettant à de nombreux patients de retrouver la vue grâce à des interventions chirurgicales. Le Dr Maria Inês Rodrigues nous fait part de son expérience et des défis rencontrés sur le terrain.
Quel bilan faites-vous de cette campagne?
Le bilan de cette campagne au Cameroun est très satisfaisant, tant sur le plan médical qu’humain. Basée en Suisse, notre association, Eye Do It, a pour mission principale de fournir des soins ophtalmologiques aux populations défavorisées à travers des actions humanitaires et solidaires, ciblant les zones où les besoins sont les plus criants. Cette fois-ci, c’est à l’Hôpital de District de Mbalmayo où, en collaboration avec l’association locale Life and Eye Foundation, gérée par le Prof. Yannick Bilong, nous avons concentré nos efforts. Avec Ornella Marroni, nous y avons passé une semaine.
Voici les principaux points à relever lors de notre mission de novembre de cette année: Impact médical : Nous avons réalisé 83 interventions chirurgicales de la cataracte, dont la majorité à la phacoémulsification (53), (technique pas encore très répandue au Cameroun). Il faut savoir que cette pathologie est souvent laissée sans traitement en raison d’un accès limité aux soins dans les régions concernées. Ces chirurgies ont permis d’améliorer la vue des patients opérés, leur redonnant ainsi une autonomie et une qualité de vie précieuses.
Nous avons eu la possibilité de former les ophtalmologues locaux, ainsi que les jeunes médecins en formation, tous très intéressés et participatifs. C’était un vrai plaisir d’échanger avec eux.
Développement local ?
Cette mission n’était pas uniquement axée sur la réalisation de soins immédiats, mais aussi sur le renforcement des capacités locales. Avec Ornella (manager dans le domaine de l’ophtalmologie avec une vaste expérience en gestion de bloc opératoire), nous avons enseigné des autres techniques à des professionnels de santé locaux, notamment des médecins et des infirmiers spécialisés. On a leur transmis des techniques chirurgicales et d’instrumentation modernes, l’optimisation des processus en adaptant les protocoles au contexte.
Cette campagne a également joué un rôle clé dans la sensibilisation de la population locale à l’importance de la santé oculaire. En proposant des chirurgies à coût réduit, elle a rendu des interventions essentielles accessibles aux personnes en difficulté financière. Des patients, parfois complètement aveugles, ont pu retrouver partiellement la vue afin regagner leur autonomie. En amont de la mission, des consultations gratuites de dépistage ont été organisées dans plusieurs villages, permettant de diagnostiquer précocement de nombreuses pathologies et de sélectionner les patients prioritaires pour la chirurgie de la cataracte
Enjeux logistiques et défis relevés ?
Malgré des défis logistiques – comme l’acheminement des équipements spécialisés et matériel consumable – la mission s’est déroulée sans incidents majeurs grâce à une coordination exemplaire entre les équipes locales et internationales.
Impact humain ?
Améliorer la vue, c’est bien plus qu’un acte médical : cela redonne autonomie et une qualité de vie. Les retours positifs des patients, certains retrouvant la vue après des années de difficulté, témoignent l’impact concret de cette mission. Leur reconnaissance souligne l’importance et la nécessité de poursuivre ce type d’initiatives.
Cette campagne a non seulement permis de répondre aux besoins immédiats des populations vulnérables, mais elle a également posé les bases d’une amélioration durable de la prise en charge en ophtalmologie dans la région. Tout ça grâce à une précieuse collaboration avec les acteurs locaux, à que nous remercions chaleureusement.
Notre projet vise à garantir une assistance pérenne au Cameroun, grâce à des missions régulières et à l’envoi fréquent, depuis Genève, de matériel médical (machines, instruments chirurgicaux et consommables) par container.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées et comment elles ont été surmontées ?
Les missions humanitaires de chirurgie en ophtalmologie, comme celle menée au Cameroun, comportent souvent des grands défis. Les principales difficultés rencontrées étaient les suivants: Acheminer les consommables chirurgicaux coûteux et essentiels pour toutes les opérations a été un défi. Le matériel de grande taille était déjà disponible sur place et en bon état, mais la chirurgie de la cataracte, très minutieuse, nécessite toujours une certaine adaptation. Les premières interventions ont été particulièrement complexes en raison de cela, mais dès le deuxième jour, les procédures étaient beaucoup plus fluides. Au fur et à mesure, notre performance n’a cessé de s’améliorer.
Gestion du flux de patients ?
Au début de la journée, le flux des patients comprenait à la fois le suivi des opérés et la prise en charge des patients à opérer. Les premiers jours, l’organisation de ce circuit n’était pas optimale, ce qui a entraîné des retards dans le démarrage des opérations. Progressivement, comme déjà mentionnée, au fil des jours nous avons réussi à améliorer le processus. Vers la fin de la mission, tout fonctionnait de manière beaucoup plus fluide. La gestion des patients venus de loin a également posé des défis, car il fallait adapter l’organisation pour que leur chirurgie et leur suivi soient réalisés dans les meilleurs délais.
Le nombre de patients à opérer étaient élevés, pour en traiter le maximum, notre équipe a travaillé 13 heures par jour pendant les 7 jours de la mission. La bonne cohésion et la bonne humeur qui s’est créé parmi les divers acteurs (médecins, personnel soignant) ont contribué positivement au déroulement des longues journées
Approvisionnement en consommables médicaux ?
Malgré les consommables apportés depuis la Suisse, le nombre élevé de chirurgies a rapidement dépassé nos stocks disponibles. Nous avons dû faire appel à des fournisseurs locaux pendant la mission pour obtenir un approvisionnement supplémentaire. Ces obstacles, bien que significatifs, ont été surmontés grâce à la préparation, la résilience et la collaboration entre l’ensemble du personnel médical et paramédical. Cette expérience, avec ses défis, a contribué à renforcer l’efficacité des missions futures, notamment grâce à la formation dispensée sur place et aux enseignements tirés.
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA