Au total, 54 corps à inhumer, dont le plus vieux a été déposé en 2014, selon Dr Tidianie Mogue Bopda, la responsable de cette unité mortuaire.
La préfecture du Mfoundi, dirigée par Emmanuel Mariel Djikdent, devrait bientôt procéder à un enterrement collectif des corps abandonnés à la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé (Hcy). Au total, 54 corps à inhumer, dont le plus vieux a été déposé en 2014. Ce corps, clairement identifié, fait l’objet d’un litige familial, selon Dr Tidianie Mogue Bopda, la responsable de cette unité mortuaire. Les autres dépouilles ont été déposées entre 2016 et 2022, apprend-on. Il y a près d’un mois, la direction de l’hôpital a rendu publique la liste des corps concernés, invitant les familles et ayants-droits à venir pour leur identification et leur retrait. « À ce jour, nous n’avons personne qui est passé », déplore Dr Mogue Bopda, dans un reportage diffusé jeudi, 19 janvier 2023 sur la chaîne de télévision privée Canal 2 internationale.
La commission départementale chargée de la gestion des corps abandonnés du Mfoundi, présidée par le préfet Emmanuel Mariel Djikdent, devrait se réunir la semaine prochaine à l’effet de discuter de leur inhumation en fosse commune, affirme la légiste. Après la tenue de cette commission, l’HCY a prévu d’accorder un délai supplémentaire d’une à deux semaines aux familles pour leur permettre de passer récupérer les corps de leurs défunts avant leur mise en terre, d’après la même source. En rappel, ce n’est pas la première fois que le directeur de l’hôpital central de Yaoundé évoque des corps abandonnés dans la formation sanitaire qu’il dirige. En 2019, dans un communiqué diffusé, le Pr Pierre Fouda avait annoncé 119 corps abandonnés à la morgue de l’Hôpital central de Yaoundé. La majorité de ces corps étaient ceux découverts dans les maisons et même dans les rues.
En 2019, « la morgue de l’hôpital régional de Bamenda signalait l’abandon de 06 dépouilles dans ses services. Parmi les corps concernés, celui d’un bébé de moins d’un an. Aussi, la tête décapitée d’une femme âgée de la vingtaine », peut-on ligne dans le journal en ligne actualité du Cameroun. « Les cimetières publics sont rarissimes ou ne sont plus opérationnels », justifie un habitant de la ville de Yaoundé qui a perdu son frère et garde un très mauvais souvenir de son enterrement. « Nous avons été obligés de payer un million de FCFA pour l’enterrer. En ce qui me concerne personnellement, je comprends les familles qui abandonnent les corps dans les morgues des hôpitaux parce qu’elles n’en ont pas les moyens », révèle-t-il.
Droit à l’inhumation
Selon l’Arrête N°0875/A/MINSANTE du 01 avril 2013, au bout d’un séjour de 60 jours à la morgue, tout corps fait l’objet d’un constat d’abandon avant son enlèvement pour inhumation par les services compétents. Les corps abandonnés non identifiés sont enlevés et remis aux services compétents pour inhumation. Pour les corps abandonnés identifiés, les membres de la famille du De cujus ou toute personne qui s’est portée garante lors du dépôt à la morgue de la formation sanitaire sont mis en demeure de procéder à l’enlèvement et l’inhumation de ou des corps abandonnés aux frais des membres de la famille, ayants-droits ou de toute personne intéressée. Dans les cas d’un corps identifié ayant séjourné à la morgue pendant plus de soixante (60) jours, la formation sanitaire est en droit d’exercer une action coercitive auprès des ayants-droits aux fins de paiement des frais de morgue et d’inhumation du corps. Pour les militants des droits de l’homme, c’est une double douleur. Déjà perdre quelqu’un de proche est très dur mais devoir payer très cher pour l’enterrer est inqualifiable. « Nous sommes inquiets de voir que les familles pauvres n’ont plus droit à l’inhumation », fustige un activiste des droits de l’homme.
E.S.N
Encadré
Les conditions à remplir pour garder un corps à la morgue
Pour garder un corps à la morgue de l’Hôpital Central de Yaoundé, il faut avoir une déclaration du décès par un médecin, si cela n’est pas fait la famille le faire constater aux urgences de l’Hôpital Central de Yaoundé. Cependant les décès survenus à l’hôpital sont directement reçus s’il y a accord de la famille.
Après cette étape, il faut payer les frais de morgue fixés par la direction de l’Hôpital Central de Yaoundé. Avant la mise en bière, il faut faire la programmation au moins 48h à l’avance. En plus, le matériel nécessaire pour la toilette plus habillement de la dépouille se donne 24h avant la mise en bière. Après avoir respecté toutes ces étapes, on enregistre à nouveau le nom, le prénom, l’âge, le sexe et le lieu du décès de la dépouille au bureau de la morgue. Ensuite, on identifie les dépositaires (nom et contact) en leur établissant une ordonnance pour le traitement du corps.
Pour les dépouilles non identifiées et déposées soit par la commune soit par les sapeurs-pompiers…On constate le décès au niveau des urgences de l’Hôpital Central de Yaoundé et le major de la morgue procède à l’enregistrement de la dépouille et à celui du dépositaire. Le corps est normalement traité et gardé, on lance des communiqués radio ceci pendant un intervalle allant de trois à quatre mois ; si il y a une reconnaissance du mort, la famille supporte tous les frais qui ont été attribués à leur corps (frais de morgue, ordonnances…).
E.S.N