Transfusion sanguine : Comprendre la réticence des populations

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Ils sont nombreux qui voient d’un mauvais œil le don de sang. Un comportement anormal dont la conséquence directe est le manque de poches de sang dans les formations sanitaires pour la prise en charge des patients.

Le Centre national de transfusion sanguine lance à partir de ce jour, 25 janvier 2023 une campagne de collecte de poches de sang dans le septentrion. Seulement, un post de Mon communicateur, sur Facebook fait des émules. De nombreux internautes voient d’un mauvais œil l’attitude qui consiste à se faire prélever quelques millilitres de sang pour sauver des vies, surtout des personnes inconnues. « Désolé de vous le dire de cette façon, mais le vocable ‘’Don’’ ne tient plus trop vraiment comme au bon vieux temps. Autant mieux nous dire ‘’vente de sang’’. Tu fais fièrement ‘’Don’’ et, ils tournent, tournent et retournent pour venir nous revendre notre propre sang et à quel prix ? », s’interroge Boutros Nabil le Maïs. Avant de conclure, « c’est honnêtement hyper décevant à l’allure où vont les choses. Je sais de quoi je parle ». Il est suivi et applaudi dans sa logique par d’autres qui partagent le même avis. « On peut donner le sang mais la manière dont vous revendez au patient me fait vraiment mal, cherchez ailleurs », soutient Ruben Klakom.

Ce n’est donc plus un secret de polichinelle, faire adhérer les populations à la culture du don volontaire et bénévole du sang demande assez d’efforts. Même les associations engagées dans la promotion de cette activité s’en sortent difficilement. « Ce n’est pas évident. Les gens ont derrière la tête le fait que ces poches collectées sont revendues, oubliant qu’il y a beaucoup de dépense autour des poches collectées », indique Zongo Meric, membre de l’association SOS don de sang. Un avis partagé par le chef d’unité de la banque de sang de l’Hôpital régional de Ngaoundéré. Selon ce dernier, la poche prélevée n’est pas destinée à la vente. « Nous ne vendons pas du sang. C’est destiné aux patients. Généralement, nous demandons un donneur de remplacement. C’est au cas où la famille du patient ne présente personne que nous leur demandons de nous aider avec une modique somme », confie Dangné Madoué Denis. Et d’ajouter « notre fierté c’est de voir une personne qui est passé chez nous et qui a recouvré la santé. Ne voyons pas l’argent, mais plutôt la vie de notre semblable ».

Donneurs bénévoles

Selon le Programme national de la transfusion sanguine, le Cameroun peine à satisfaire la demande en poches de sang. « S’il y avait au moins 270.000 de poches de sang collectées par an, ça va commencer à suffire pour nos besoins », déclarait en 2022, à Ngaoundéré, Pr. Dora Ngum Shu, Directeur général du Centre national de transfusion sanguine.  Selon elle,  au niveau du territoire national, selon les données de l’OMS, on devrait pouvoir collecter entre 1 à 3% des donneurs de sang de chaque population. Comme le Cameroun a à peu près 27 millions d’habitants, si on avait 1 à 3% des poches de sang collectées pour le pays, ça va suffire à nos besoins en sang mais pour l’instant c’est insuffisant, parce qu’il faut les donneurs bénévoles réguliers non rémunérés. Ceux qui peuvent donner 3 ou 4 fois par an et qui vivent une vie saine et compatible avec le don de sang, ils viennent ils donnent leur sang et ils font ça spontanément, ça permettra que la population ait tout le sang dont il faut sans que les gens meurent parce qu’il manque de sang. Selon les statistiques de fin 2021, on est à 140.207 poches, à peu près 35% des poches et ça ne comble pas nos besoins. Pour atteindre les 1 à 3% des poches de sang, les responsables des unités de banque de sang des hôpitaux devront travailler dur pour tordre le coup aux préjugés et autres idées reçues.

Jean Besane Mangam

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