Les hôpitaux de l’Adamaoua ne disposent pas d’une unité de gériatrie. Une absence qui pose de sérieux problèmes aux personnes âgées qui ont besoin des spécifiques.
“Nos principales maladies sont liées aux maux de genoux, de dos, bref des articulations, des problèmes de rétention d’urine. Mais on n’a pas de personnels médicaux disponibles pour nous prendre en charge. On est obligé d’aller à Yaoundé, Douala ou Garoua pour se soigner normalement”. Cette déclaration de Yaya, la soixantaine bien sonnée, traduit à souhait le besoin d’une unité de gériatrie dans les principaux hôpitaux de la ville. Rencontré en cette matinée du dimanche 19 janvier 2025 dans son village Dori, à une trentaine de kilomètres du centre ville de Ngaoundéré, ce papa autrefois agriculteur raconte comment lui et ses congénères éprouvent des difficultés d’accès aux soins spécialisés. Comme lui, elles sont nombreuses, ces personnes du 3è âge qui nécessitent un accès aux soins de santé spécifique à leur besoin. Malheureusement, l’absence des spécialistes complique leur prise en charge. ”J’ai mon camarade d’enfance qui a été opéré 4 fois de suite par Dr Danki, (urologue) pour rétention d’urine. Mais, rien n’a marché. Il se trouve actuellement ailleurs pour ses soins. Imaginez que s’il y avait des spécialistes et des unités de prise en charge, nous aurions moins de problèmes d’accès aux soins. Les dépenses pour notre santé deviennent très lourdes” ajoute-t-il tout en souhaitant avoir plus de médecins spécialistes pour s’occuper des personnes du 3è âge.
Selon le docteur Yannick Issalné Palaï, médecin généraliste en service de l’Hôpital Régional de Ngaoundéré, les personnes âgées, malgré l’absence des unités de gériatrie dans la région, sont prises en charge au cas par cas. ”A ma connaissance, il n’y a pas une unité de gériatrie dans la région de l’Adamaoua. Il y a des besoins en ressources humaines et matérielles pour répondre aux attentes de cette catégorie vulnérable” avance le médecin. Et d’ajouter, ”Nous essayons de nous adapter avec le peu de moyens qu’on a. Dans ce cas, il vaut mieux faire un bon counseling pour que la famille sache à quoi elle doit s’attendre”. Dans de nombreuses familles, les personnes âgées sont confinées dans les sarés (maisons), les rendant plus vulnérables aux maladies liées à leur âge. ”Certains de mes camarades d’enfance qui n’ont plus de capacités de se déplacer ou les moyens d’aller à l’hôpital de peur de ne pas trouver un personnel sollicité, sont dans les maisons en attendant leurs derniers jours ” se désole Yaya.
L’ouverture récente du Centre Hospitalier Régional sonne comme un ouff de soulagement pour les populations. Sauf que la région de l’Adamaoua est connue pour le départ des médecins affectés juste après leur prise de service. Ce qui justifie l’appel du maire de la ville de Ngaoundéré, Bobbo Saliou au premier ministre en ces termes. ”Ne nous envoyez pas des médecins touristes qui vont repartir juste après leur prise de service ” disait-il dans son discours.
En attendant l’ouverture des unités de gériatrie dans les hôpitaux et l’affectation des personnels spécialisés dans ces centres, les personnes du 3è âge dans la région continuent de se faire prendre en charge avec les moyens de bord. Elles plaident pour la création des unités de gériatrie et l’affectation du personnel spécialisé pour une meilleure prise en charge de ces cas.
Par Jean Besane Mangam
Leave a reply
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.