Ils sont vus d’un mauvais œil dans la société. Ces compatriotes sont, pourtant, capables de contribuer à l’émergence de la province ou du pays selon qu’ils sont considérés. Ce sont des gays, bisexuels, transgenres et intersexués.
C’est dans ce cadre qu’un atelier a été dernièrement organisé par deux associations, à savoir ‘’ Action pour la lutte contre l’injustice sociale, ALCIS’’ et ‘’Rainbow Sunrise Mapambazuko, RSM’’ à Bukavu.
Dans un entretien avec le journal Echos santé ce lundi 27 mai, le coordonnateur d’ALCIS soutient que ces personnes ne sont pas tolérées dans leurs différences au moment où elles présentent des atouts qui pourraient contribuer à la bonne marche de la province. C’est le cas de citer les objectifs de développement durable pour lesquels l’apport des LGBTI devrait être pris en compte dans le processus de mise en œuvre.
Pour Alphonse MIHIGO, le développement tant attendu à l’horizon 2030 sera fonction des contributions de tous les citoyens dont les droits doivent être respectés.
« La RDC fait partie des Etats membres de Nations Unies ayant souscrit au nouvel agenda International de Développement Durable. Cet agenda 2030 prône l’universalité, l’intégration et l’inclusivité avec l’idée de ne laisser personne de côté. Malheureusement, dans la pratique, ça pose problème parce que les politiques répressives à l’encontre des personnes LGBTI continuent à s’intensifier au Sud-Kivu ».
C’est dans cette logique que des rencontres de plaidoyer seront tenues pour tenter de relever le défi de la dignité des LGBTI.
« Nous avons organisé cette journée de plaidoyer suite à la prédominance des discriminations, des actes de haine et violences homophobes que subissent au quotidien la communauté LGBTI et aucune mesure de protection n’est envisagée par rapport aux décideurs politiques et juridiques ».
Au cours de l’année 2017, ce groupe a publié plusieurs rapports dénonçant la violence contre la communauté LGBTI, en particulier, les travailleurs du sexe gay. Ce document dépeint une situation où cinq homosexuels ont été forcés de fuir leurs domiciles perquisitionnés par la police. Les cinq personnes ont été battues par la police et chassées de leurs quartiers respectifs.
Avec 327 membres en son sein, l’organisation ‘’Rainbow Sunrise Mapambazuko’’ a documenté 657 cas de violation des droits des personnes LGBTI depuis 2010 à Bukavu.
« 80% de ces violations ont été commises par les membres de la communauté et 20% par les agents de l’ordre. Les principaux cas de violation des droits de la personne concernent les arrestations arbitraires, les agressions, les discriminations de tous genres (refus de soins, renvoi de l’école, renvoi du travail,…) mais aussi des viols collectifs ».
Jérémie Safari, coordonnateur de cette structure qui l’affirme ajoute que les victimes en sont traumatisées. Dans pareil état d’esprit, les LGBTI auraient du mal à soutenir au même pied d’égalité que les hétérosexuels des plans de développement.
« Le programme 2030 visant à atteindre les Objectifs de Développement Durable avait été conçu pour les citoyens du monde, sans discrimination de tel ou tel autre groupe social. C’est pourquoi, il ne faudrait pas nous oublier lors de l’élaboration des politiques publiques. Nos voix comptent aussi », renchérit une lesbienne.
Pour survivre, ils se lancent dans la prostitution, non sans risques d’être tués. Selon des témoignages, certains concitoyens LGBTI abandonnés par leurs familles vivent chez des amis. Difficile de sortir de la maison de peur d’être lapidés.
Ces deux organisations de défense des droits des personnes LGBTI qui militent en faveur des minorités sexuelles ont encore à s’employer davantage en vue de booster la tolérance de l’autre malgré la différence.
BADIBANGA POIVRE D’ARVOR