Conférence ministérielle sur le paludisme: «Lutter contre le paludisme dans les pays les plus durement touchés par la maladie»

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L’OMS et ses partenaires organiseront une conférence ministérielle sur le paludisme à Yaoundé, au Cameroun, le 6 mars 2024.

Cette conférence réunira des ministres de la Santé et des hauts fonctionnaires des 11 pays d’Afrique participant à l’approche « d’une charge élevée à un fort impact »: Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Soudan et République-Unie de Tanzanie. Ils seront rejoints par des partenaires mondiaux de la lutte contre le paludisme, notamment des organismes de financement, des organisations de la société civile et d’autres acteurs clés.

Au cours des 15 premières années de ce siècle, de grands progrès ont été accomplis dans la réduction de la charge mondiale du paludisme. Ces progrès ont incité les États Membres à s’engager à atteindre les cibles de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 (« la stratégie »), notamment : Réduire d’au moins 90 % le taux de mortalité palustre par rapport à la situation de référence en 2015 ; Réduire d’au moins 90 % l’incidence du paludisme par rapport à la situation de référence en 2015 ;  Éliminer le paludisme dans au moins 35 pays où le paludisme était endémique en 2015 ; Prévenir la réapparition de la maladie dans tous les pays exempts de paludisme.

Les cibles pour 2030 de la stratégie sont alignées sur l’objectif 3 de développement durable (Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) et sur la cible 3.3 des ODD, qui appelle à mettre fin au paludisme et autres maladies transmissibles d’ici 2030.

Toutefois, on constate depuis 2017 un ralentissement des progrès. Les niveaux actuels d’investissement ainsi que la couverture des interventions de lutte contre le paludisme ne seront pas suffisants pour atteindre les jalons fixés en 2025 dans la stratégie et qui consistent à réduire de 75 % les taux de mortalité et de l’incidence des cas. Par ailleurs, les progrès vers les cibles correspondantes pour 2030 ne sont sur la bonne voie.

La phase de stagnation actuellement observée est particulièrement évidente dans les pays africains à forte charge de morbidité, où les conditions sont très propices à la transmission du paludisme et où la riposte face à cette maladie est compromise par la faiblesse des systèmes de santé ainsi que par l’insuffisance des ressources et des infrastructures.

En particulier, 12 pays – dont 11 en Afrique (Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigéria, Ouganda, République démocratique du Congo, République- Unie de Tanzanie et Soudan) plus l’Inde – sont collectivement responsables de plus de 70 % de l’incidence mondiale du paludisme et de 73 % de la mortalité palustre mondiale. En 2022, environ 166 millions de cas de paludisme et 423 000 décès imputables à la maladie sont survenus dans ces 12 pays.

Constatant la stagnation des progrès, l’OMS et le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme ont lancé, en novembre 2018 à Maputo (Mozambique), une approche ciblée intitulée : « D’une charge élevée à un fort impact » et celle-ci vise à accélérer les progrès dans les pays les plus touchés par le paludisme. Cette approche a pour objectif de renforcer l’engagement politique, l’utilisation stratégique des informations, l’amélioration des orientations techniques et de la coordination. En outre, elle repose sur des systèmes de santé solides et une riposte multisectorielle. À ce jour, les progrès accomplis dans la mise en œuvre de cette approche ont été entravés par la pandémie de COVID-19, les conflits humanitaires et l’insuffisance des ressources.

Au cours des dernières décennies, parmi les engagements en faveur de la lutte contre le paludisme figurent notamment la Déclaration d’Abuja de 2000, qui appelait les chefs d’État de l’Union africaine à allouer au moins 15 % de leurs budgets publics à la santé, ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine axé sur la couverture sanitaire universelle (CSU). La Déclaration d’Astana de 2018, le Sommet de Kigali de 2021 sur le paludisme et les maladies tropicales négligées et le Sommet de l’Union africaine de 2023 à Addis-Abeba ont préconisé l’affectation de ressources et le renforcement des systèmes de santé afin de garantir une approche inclusive, concrète et efficace pour améliorer la santé physique et mentale des populations.

Malgré ces efforts, la traduction des engagements politiques en ressources et en actions se heurte à des difficultés, comme en témoigne la cible non atteinte de la Déclaration d’Abuja, en effet, les dépenses de santé publique moyennes n’atteindront que 7,2 % d’ici à 2020.

L’insuffisance du financement demeure un obstacle majeur dans la lutte contre le paludisme.

En 2022, un total de 4,1 milliards de dollars des États-Unis (USD) a été mobilisé pour lutter contre le paludisme dans le monde, par rapport à une cible initiale de 7,8 milliards USD. Le déficit de financement entre le montant investi et les ressources nécessaires s’est creusé ces dernières années, atteignant 3,7 milliards USD en 2022.

Outre ces lacunes, les efforts de lutte contre le paludisme ont été sapés ces dernières années par une convergence de menaces, notamment la pandémie de COVID-19, le changement climatique et les crises humanitaires telles que les conflits, la malnutrition et les inondations.

Les menaces biologiques, notamment la résistance aux insecticides et aux médicaments, la propagation de Anopheles stephensi, un moustique invasif et vecteur du paludisme, ainsi que les délétions du gène HRP2/3, risquent d’entraver davantage les progrès, en particulier en Afrique. Il faut réagir rapidement pour relever ces défis et mettre un terme aux décès imputables au paludisme. Grâce aux outils actuels, tels que la lutte antivectorielle, les chimiothérapies préventives et les vaccins antipaludiques, il est possible de réduire l’incidence du paludisme et de diminuer considérablement la mortalité en améliorant l’accès à des soins cliniques de qualité.

Objectif global

Avec les ressources et les outils disponibles, les pays africains peuvent réduire considérablement ou mettre fin à la mortalité palustre. Cependant, rien qu’en 2022, la maladie a coûté la vie à environ 608 000 personnes. Cette conférence ministérielle vise à renforcer les engagements politiques et financiers en faveur d’une riposte accélérée contre paludisme dans les pays concernés, en vue d’atteindre les cibles fixées pour 2030 dans la stratégie.

Objectifs spécifiques

  1. Examiner les progrès et les défis à relever pour atteindre les cibles relatives au paludisme figurant dans la stratégie

Évaluer les progrès accomplis en matière de réduction de la charge mondiale du paludisme ainsi que les défis tels que la résistance aux insecticides et aux médicaments, l’accès inadéquat à des soins de santé de qualité et les limites concernant le financement.

  1. Passer en revue les stratégies d’atténuation et le financement pour la lutte contre le paludisme

Recenser des sources et des mécanismes potentiels pour obtenir des fonds supplémentaires afin d’appuyer la prévention et le traitement du paludisme, y compris des financements supplémentaires provenant d’organisations internationales, de gouvernements, de partenariats avec le secteur privé ou de mécanismes de financement innovants.

  1. Convenir de stratégies et de riposte efficaces ou d’une réduction accélérée de la mortalité palustre en Afrique

Étudier les différentes méthodes et stratégies permettant de s’attaquer aux déterminants des décès liés au paludisme, d’améliorer les infrastructures de santé, d’élargir l’accès aux traitements essentiels, de renforcer les mesures de lutte antivectorielle et l’engagement communautaire en vue d’une meilleure prise en charge des maladies, ainsi que d’introduire de nouvelles interventions à fort impact telles que les vaccins. Il conviendrait d’étayer ces efforts par un engagement en faveur de la CSU, en mettant l’accent sur la réorientation du système de santé et l’intégration de la lutte contre les maladies grâce à une approche axée sur les soins de santé primaires.

  1. Établir une feuille de route en vue d’un engagement politique et sociétal accru dans la lutte contre le paludisme, ainsi qu’un mécanisme de responsabilisation clairement défini

L’objectif est de traduire cet engagement en actions concrètes et en soutien financier. Cela suppose des activités de plaidoyer, des campagnes de sensibilisation, une collaboration avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales, la mobilisation de ressources destinées à soutenir les efforts de lutte contre le paludisme, la mise en place de systèmes de santé résilients et une action multisectorielle. Une déclaration tenant compte de cette feuille de route sera signée par les ministres de la Santé présents. à la conférence. Les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements énoncés dans la feuille de route feront l’objet d’un suivi par le biais d’un mécanisme de responsabilisation permettant de surveiller les décès annuels dus au paludisme ainsi que les ressources nationales disponibles pour la lutte contre la maladie. La société civile et les parlementaires des pays concernés joueront un rôle actif dans le processus.

Résultat escompté

Les ministres de la Santé des pays concernés signent la Déclaration de Yaoundé sur le paludisme dans laquelle ils s’engagent à traduire l’engagement politique en actions et en ressources financières, lesquelles permettront d’inverser les tendances de l’incidence des cas et de mettre fin aux décès imputables au paludisme pour atteindre d’ici à 2030 les cibles relatives au paludisme fixées dans la stratégie.

Participants

  • Ministres de la Santé, Ministres des Finances et responsables des programmes nationaux de lutte contre le paludisme de pays de la Région africaine de l’OMS, de la Région Asie du Sud-Est de l’OMS et de la Région Méditerranée orientale de l’OMS
  • Partenaires dans le pays et principales parties prenantes (observateurs qui se sont inscrits eux-mêmes), Organismes de financement, Organisations philanthropiques, Coalitions et partenariats, Organisations des Nations Unies, Organismes régionaux, Défenseurs mondiaux de la lutte contre le paludisme, Organisations de la société civile, Parlementaires des pays concernés par l’approche « D’une charge élevée à un fort impact », Communautés économiques régionales, Membres du Groupe consultatif sur la politique de lutte contre le paludisme (MPAG) de l’OMS, Secrétariat de l’OMS du Siège, du Bureau régional de l’Afrique, du Bureau régional de la Méditerranée orientale, du Bureau régional de l’Asie du Sud-Est et représentants de l’OMS dans les pays concernés par l’approche

Dates de la réunion

La Conférence ministérielle sur le paludisme se tiendra le 6 mars 2024 à Yaoundé (Cameroun), après une réunion du Groupe consultatif sur la politique de lutte contre le paludisme prévue les 4 et 5 mars 2024.

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