Le ministère de la Santé publique, Dr. Manaouda Malachie a annoncé dans un tweet l’introduction d’une dose supplémentaire du vaccin contre la Covid-19 pour les personnes ayant déjà un schéma vaccinal complet.
Alors que la progression du variant Omicron suscite une inquiétude mondiale, l’urgence au Cameroun est de faire face à la hausse des infections par le variant Delta. « Pour continuer d’être protégée, toute personne âgée de 18 ans et plus, normalement vaccinée, peut dès à présent, conformément aux indications de l’OMS et de notre Conseil Scientifique, prendre une dose de rappel après 06 mois, pour booster son immunité contre le Covid-19 », a Twitter le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie, le 20 janvier 2022. « Tout ce qui sera fait contre Delta sera utile contre Omicron», a souligné un épidémiologiste tout en préconisant le renforcement des mesures barrières (masques, distance physique, aération, etc.), le large recours au tester-tracer-isoler et l’accélération de la campagne de vaccination.
Neutraliser le nouveau venu
Les incertitudes sont encore grandes sur la dangerosité et la contagiosité du variant Omicron, dont le premier cas connu serait apparu en Afrique du Sud le 8 ou le 9 novembre. Le séquençage réalisé par les scientifiques sud-africains montre qu’il présente une accumulation record de mutations situées sur des zones clés, susceptibles d’altérer la capacité des anticorps à reconnaître le virus. Le risque d’une diminution de la protection acquise grâce à une précédente infection ou grâce au vaccin est en conséquence élevé. L’ampleur de cette perte sera connue dans un délai de deux semaines, le temps pour les scientifiques d’étudier en laboratoire la capacité des anticorps, liés aux vaccins ou à une infection préalable, à neutraliser le nouveau venu. « La protection sera probablement réduite, mais elle ne disparaîtra pas complètement », a cependant rassuré l’infectiologue précisant que l’efficacité de la réponse immunitaire dépendrait de la quantité d’anticorps circulant dans le sang. D’où l’importance de relancer leur production avec l’injection de la troisième dose de vaccin. L’émergence du variant Omicron « renforce donc l’importance du rappel, qui doit être administré en priorité aux personnes âgées et fragiles ». Le variant n’a pas encore été détecté à ce stade au Cameroun. Plusieurs prélèvements PCR jugés suspects ont été séquencés depuis l’alerte internationale, sans que le variant Omicron ne soit identifié.
Troisième dose nécessaire
Si deux doses protégeaient à 95 % contre les hospitalisations et à 75 % contre les infections dans le cas du variant Delta, ce n’est plus vrai dans le cas d’Omicron, insiste la pédiatre et microbiologiste-infectiologue Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine. « Deux doses, c’est 40 % de protection contre les infections et autour de 70 % de protection contre les hospitalisations. La dose de rappel augmente cette protection. » Or, il faut absolument limiter les infections, plaide-t-elle, non sans émotion. Si on a beaucoup de gens infectés avec le même pourcentage de complications, les hôpitaux vont déborder. La troisième dose n’a d’ailleurs pas montré de risque particulier. « Le profil d’innocuité est à peu près similaire par rapport à la deuxième dose », indique la Dre Quach-Thanh.
Elvis Serge NSAA