Covid-19: Le ministère de la Santé Publique et Médecins Sans Frontières en action
Dans la région du Nord, se déroule l’enquête opérationnelle sur la Covid-19. Objectif ; déterminer de manière précise le nombre de camerounais touchés par le coronavirus dans cette partie du pays et en pouvoir faire des analyses.
Soleil ardent au Nord-Cameroun, température avoisinant les 43° à l’ombre, en ce 24 août 2021, le climat soudano-Sahélien règne en maître dans la ville de Garoua. Ici, les conditions climatiques impactent négativement sur le quotidien des populations de la région du Nord. C’est dans ce contexte que se déroule sur le terrain, l’enquête opérationnelle sur la Covid-19. L’initiative du ministère de la Santé Publique du Cameroun en partenariat avec Epicentre (Organe Technique en matière d’épidémiologie et de la recherche de Médecin Sans Frontières) dont les objectifs se déclinent en trois (03), vise à déterminer de manière précise, le nombre de camerounais touchés par le coronavirus.
Pour Alain Barthelemy Takam enquêteur, le premier élément qui est la séroprévalence, « permet de mesurer exactement le pourcentage des habitants de la région du Nord qui ont été en contact avec le virus et qui ont produit des anticorps ». Le second élément de la recherche concerne la mortalité rétrospective enregistrée dans le Nord. Selon Joël Takam, « à un moment donné, on a constaté un pic décès et on se dit que, ces décès pourraient ou pas avoir un lien avec le coronavirus ». A lui de poursuivre que, « le troisième élément s’intéresse à la vaccination. Il est question de savoir si les populations de la région du Nord adhérent ou pas à la vaccination ».
De Takasko à Nassarao en passant par Foulbéré et Kolléré , c’est tout un questionnaire qui est déroulé à chaque chef de ménage pour savoir s’il y a un ou des cas de décès attribués au coronavirus. L’enquête intervient pour résoudre un problème précis, dit-il. « Le coronavirus qui est en Europe, n’est certainement pas celui qui est en Afrique parce que la qualité et la quantité de personnes qui meurent suite à cette maladie ne sont pas les mêmes comme en occident. Est-ce que le coronavirus qu’il y a au Cameroun est le même qu’en Europe ! Est-ce que les conditions climatiques, notamment la chaleur dans laquelle les populations vivent retardent le développement de la maladie ! Est-ce qu’on doit faire vacciner les Camerounais sur la base qu’il y a un grand nombre qui a été affecté par la maladie afin d’obtenir une immunité collective ! Des questions auxquelles l’enquête devrait nous donner des réponses », renchérit l’enquêteur.
L’implication des autorités administrative et sanitaire sur le plan régional facilite la mobilité sur le terrain. A cela il faut ajouter, la sensibilisation par les médias et par les agents de santé communautaire. Ce dernier acteur applique cette méthode dans les quartiers concernés à chaque veille du passage des enquêteurs dans le secteur.
Pour plus d’efficacité et pour mieux assurer la qualité de l’enquête, deux (02) groupes d’enquêteurs sont constitués. Chacun dispose d’un enquêteur, d’un préleveur, de deux superviseurs et des agents de santé communautaires. Orientées vers les quartiers, ces équipes se mobilisent, à l’effet de questionner l’ensemble des ménages des vingt-et- une grappe triées de manière aléatoires dans le Nord. A l’aide de leurs matériels de travail notamment les fiches de renseignements, les smartphones, ils reportent les informations regroupées auprès de ces derniers pour pouvoir les exploiter par la suite. « Dans une grappe, nous visitons quatre (04) ménages. Une grappe est perçue comme un district divisé par trois (1/3). Nous sommes aujourd’hui à Takasko, ici nous avons au moins trois (03) districts. C’est donc minimum trente (30) ménages par grappes », précise Alain Barthelemy Takam.
Une fois la journée de travail achevée, le rendez-vous est donné chaque matin, à la délégation régionale de la santé publique du Nord, dès 07h30 minutes. Là, on procède aux observations et remarques en rapport avec le travail de la veille à la suite, la tâche du jour est confiée à chacun d’entre eux.
Sur le terrain, les enquêteurs font face à de nombreux obstacles. Précisément, la difficile adhésion des populations au concept de la recherche opérationnelle. Pointée du doigt, l’absence d’informations fiables sur la pandémie du coronavirus par les populations. « Le travail est tellement difficile sur le terrain. Compte tenu de tout ce qui est comme informations erronées disponibles, un peu partout. En plus, le prélèvement chez les participants n’est pas chose aisée. Nous expliquons toujours le bien fondé du prélèvement dans le cadre de notre enquête, parfois le chef de ménage peut accepter ou encore refuser d’y participer. Il est donc très difficile de mener l’enquête dans ces conditions », regrette Alain Barthelemy Takam.
Au-delà de la recherche menée, il est surtout question de sensibiliser les ménages sur la pandémie, la principale motivation de toute l’équipe du Minsante et de Msf, dans la région du Nord. Les participants ont aussi la possibilité de rencontrer le personnel médical à domicile et peuvent poser les questions d’incompréhension. « Les populations ne doivent cesser d’aller chercher la bonne information à la source. Ceci permettant de lever l’équivoque autour de la pandémie du coronavirus », conclut Alain Barthelemy Takam, enquêteur.
Pour rappel, l’enquête opérationnelle sur la Covid-19 se déroule également dans les villes de Douala, Yaoundé, Buea, Ebolowa, Maroua, N’Gaoundéré, Bafoussam, Bertoua et Bamenda.
Ursule KEIMBA