Des eaux stagnantes des Mayo, source des maladies
Les populations de la Région de l’Extrême-Nord exposées à plusieurs maladies hydriques. Depuis le début de la saison sèche, enfants et adultes fréquentent les mayo à la recherche de l’eau. Les eaux stagnantes des mayo sont devenues pour ces derniers, la solution à la difficulté d’accès à l’eau.
En cette période de sécheresse, l’approvisionnement en eau est difficile dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. De Décembre à Mai, la sécheresse dicte sa loi par un soleil intense, la chaleur et la difficulté d’accès à l’eau dans les ménages. Les robinets sont à sec. Les populations vivent un calvaire de jours comme de nuits à la recherche de cette précieuse source de vie. Une situation qui explique à suffisance la présence massive des enfants et adultes dans les eaux stagnantes des mayo. Ici, les activités pratiquées sont entre autres la lessive, la vaisselle et la baignade. Aminatou Hadja témoigne son quotidien. « Je suis du quartier Diguirwo et dans mon quartier ça fait trois mois que nous n’avons pas l’eau. Moi je n’ai pas les moyens pour aller acheter l’eau dans d’autres quartiers pour faire la lessive et la vaisselle. Chaque jour je suis aux mayo avec mes sœurs et mes petits frères. Et chaque soir on revient chercher de l’eau au Mayo pour faire la cuisine. Avant c’était le robinet en face des services du Gouverneur qui nous permettait de trouver de l’eau potable, mais c’est gâté depuis un certain temps », a-t-elle témoigné. Tout comme elle, la jeune Justine rencontrée aux mayo sous le Pont Rouge à Maroua vit le même calvaire. « Quand on n’a pas les moyens pour vivre comme les autres, on n’a qu’à faire avec ce qu’on a à notre disposition. Nous sommes vraiment dans une condition très difficile à chaque fois que nous sommes dans la saison sèche. La saison des pluies réduisait notre souffrance parce qu’on faisait tout pour conserver les eaux de pluies dans nos bidons et récipients. A part le Mayo, nous ne savons plus où aller », raconte-t-elle.
Selon les personnels de la Santé Publique au Cameroun, les eaux stagnantes sont pleines de bactéries comme l’explique Dr Céline Rousgou. « Les eaux stagnantes qu’elles soient superficielles ou profondes sont un vrai danger pour la population si elles ne sont pas utilisées correctement. L’utilisation de ces eaux que ce soit pour la lessive, vaisselle, les douches ou alors la consommation présentent un danger si un préalable de potabilisation n’est pas fait », explique-t-il. De nos jours, la consommation de ces eaux stagnantes constitue un véritable danger pour la santé, à l’origine de plusieurs maladies comme le paludisme, la typhoïde, les vers intestinaux, la schistosomiase entre autres. Cependant pour éviter ces maladies, Dr Céline Rousgou, personnel de la Santé Publique à l’Extrême-Nord recommande : « parmi les moyens de potabilisation nous pouvons citer l’ébullition, la filtration, l’utilisation du chlore ou du Javel ». Le respect de ces différentes consignes permettrait d’éviter les maladies liées à l’utilisation des eaux stagnantes.
Samuel ADJEWA