Des milliers d’enfants touchés dans les régions en crise du Cameroun

Alors que le Cameroun s’est joint au reste du monde ce 26 juin pour commémorer la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, les attaques contre les écoles et la violence continue des groupes armés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ont été désignées comme l’une des principales causes de l’aggravation de la santé mentale de la population, en particulier des enfants résidant dans ces régions.

Dépression, schizophrénie, sentiment d’isolement sont autant de traumatismes qui affectent la santé mentale de la population camerounaise vivant dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. Ces individus sont souvent contraints de fuir de village en village, à la recherche d’un abri contre les attaques incessantes et les menaces constantes des groupes armés présents dans la région.

Depuis septembre 2017, la population civile du sud-ouest du Cameroun est prise au piège dans la confrontation en cours entre les différents groupes armés non étatiques qui luttent pour l’hégémonie sur le territoire, et les forces gouvernementales qui tentent de maintenir le contrôle politique de la région.

Le conflit a poussé plus de 580 000 personnes à quitter leur foyer au Cameroun et près de 67 000 Camerounais ont cherché refuge au Nigeria voisin, selon un rapport publié par l’Union européenne en mars 2024.

La population civile est au cœur d’un conflit qui dure depuis des années et qui donne lieu à des violations répétées des droits de l’homme perpétrées par toutes les parties, notamment des violences physiques, des abus sur les enfants, des mariages d’enfants, des viols, des menaces de mort, des destructions de biens, des arrestations illégales et des actes de torture.

Cette situation favorise un climat d’insécurité extrême et prolongée qui provoque des blessures non seulement physiques, mais aussi psychologiques. “Personne ne pense à la santé mentale. Personne ne s’occupe de l’état psychologique de ces personnes, et le vide à combler est énorme“, déclare Andrea Grande, chef de projet d’INTERSOS Cameroun.

La décision d’intervenir est née des événements de novembre 2020 à Kumba, de l’attaque d’une école par un groupe armé, avec le viol de plusieurs filles. Le système scolaire est en effet fortement contesté par les groupes armés, qui l’accusent de véhiculer un programme éducatif pro-gouvernemental, et l’objet d’attaques répétées.

Alors que l’édition 2024 de la journée internationale de soutien aux victimes de la torture était célébrée hier, les autorités compétentes ont été appelées à se pencher sur le sort des enfants résidant dans les régions rétives du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord du pays ?

Il s’agit notamment de leur santé mentale, car les coups de feu incessants et les autres atrocités perpétrées dans ces régions continuent d’affecter leur psychologie.

Afin de lutter contre cette situation d’urgence, certaines organisations non gouvernementales et associations organisent diverses activités et projets dans ces régions. L’une de ces organisations est la Martin Luther King Jr Memorial Foundation, qui cherche à mettre en œuvre un projet intitulé “Fournir une santé mentale et un soutien psychosocial aux enfants affectés par les conflits dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun”.

Le projet, prévu pour la période du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2024, consiste à créer deux espaces amis des enfants par communauté dans 20 communautés du projet dans les divisions de Manyu, Meme, Boyo, Ngoktunja, Fako et Lebialem, où le projet sera détenu et mis en œuvre par la communauté. Les agents communautaires sélectionnés seront donc formés à la fourniture de services de santé mentale et de soutien psychologique adéquats et d’autres services. Ce projet sera donc orienté vers le renforcement de la résilience de ces enfants affectés et la facilitation de leur transition réussie vers l’âge adulte, ciblant un total de 5600 enfants pour une période de 12 mois, soit 35 enfants (5-17 ans) par espace ami des enfants (CFS), avec 2 CFS pour 20 communautés de projet, renouvelables tous les 3 mois.

Ingrid Kengne