Don volontaire de sang dans le Nord, un challenge face à la tradition et à la religion
Le Cameroun a commémoré le 14 juin 2020, la journée mondiale des donneurs de sang. L’occasion faisant le larron, cette commémoration a ouvert la voie à la sensibilisation des populations au don volontaire et régulier de sang dans une région où certaines croyances freinent son évolution.
Alors que les besoins nationaux en transfusion sanguine sont estimés à environ 400.000 poches de sang, seulement 50.000 sont collectées annuellement. La situation en matière de don de sang au Cameroun en général, dans la région du Nord en particulier ne s’améliore pas malgré les investissements réalisés par le Programme National de Transfusion Sanguine (PNTS).
Tenez par exemple, en 2018 seulement 4.000 poches de sang ont été collectées pour un besoin estimé à 45.000. Ce faible engouement dans le don de sang est dû au fait de la réticence de la population dans une région où certaines croyances, us et coutumes jouent énormément sur son évolution « Cette pénurie de sang est la conséquence de la réticence qu’ont les camerounais pour le don de sang. Selon certaines interprétations et croyances, donner de son sang revient à commettre un péché » rapporte Dr. Ibrahima AMADOU, Président de l’Association Sang et Vie de Garoua.
Selon une enquête réalisée en 2014 pour évaluer le système de santé au Cameroun, 103 décès sur 100.000 naissances sont majoritairement causés par des problèmes d’anémie, des hémorragies survenues lors des accouchements. Le pays a donc un grand défi à relever, et chacun doit jouer sa partition. L’occasion faisant le larron, la journée mondiale des donneurs commémorée ce 14 juin 2020 à Garoua, ouvre la voie à la sensibilisation des populations à une prise de conscience sur l’importance du don volontaire et régulier de sang. « L’objectif recherché à travers cette activité c’est d’inciter davantage les populations à venir donner de leur sang pour sauver des vies », explique Dr. Ibrahima AMADOU, Président de l’Association Sang et Vie, Garoua.
À Garoua dans la région du Nord, le point aménagé par l’Unité de la Banque de Sang de l’Hôpital Régional de Garoua a accueilli de nombreux donneurs volontaires. Parmi eux, Bello MOHAMMADOU, donneur depuis 38 ans. « Mon premier don de sang remonte à 1982. Ma mère infirmière m’amenait souvent à l’Hôpital. À force de la voir se battre pour sauver des vies, je me suis dit pourquoi ne pas y apporter ma contribution. Et depuis lors, je ne me lasse pas de venir participer aux différentes campagnes de don de sang.Et à cela s’ajoute le don volontaire que je fais chaque année depuis 1982 ». Comme Bello MOHAMMADOU, plusieurs autres personnes sont venues à la Croix-Rouge de Garoua pour contribuer au bien-être des individus. « Je ne peux rester indifférente face aux multiples difficultés que rencontrent certaines personnes notamment les femmes enceintes, les malades hémodialysés, les accidentés et les enfants de moins de 5 ans, qui souffrent très souvent d’anémie sévère ou de paludisme. L’action que je viens de poser est donc humanitaire et cela ne me coûte rien », réagit Fortune BOFA, donneur bénévole.
Avant toute prise de sang, le donneur bénévole devra passer le protocole mis en place. « Il est constitué de la prise de paramètres, d’une consultation pour l’éligibilité ou pas au don de sang. Une fois le prélèvement effectué, le sang passe quelques heures à température ambiante. Et ensuite, il est soumis aux analyses et gardé à une température oscillant entre 2° et 6 ° », fait savoir Adèle SIMEU, Major de la Banque de Sang de l’Hôpital Régional de Garoua. En plus de donner de son sang, chaque individu doit soutenir les actions de sensibilisation et de plaidoyer a réitéré le président de l’Association Sang et Vie de Garoua. Et pour joindre la parole à l’acte, les nouveaux donneurs bénévoles ont pris l’engagement d’être désormais les dignes ambassadeurs de la sensibilisation pour le don régulier et volontaire du sang dans la région du Nord en général, la ville de Garoua en particulier.
Agnès Mobe