
Le Centre Régional d’Hémodialyse de Ngaoundéré a fêté ses deux ans d’existence. Le docteur Oumarou Moussa, chef du centre, revient sur les activités menées et les défis à relever. Il évoque également les efforts faits pour améliorer la prise en charge des patients et les partenariats mis en place pour soutenir les malades.
Nous sommes à deux ans de la mise en fonctionnement de ce centre d’hémodialyse. Quel est le bilan de ces deux ans?
Effectivement, le centre régional d’hémodialyse de Ngaoundéré fête aujourd’hui ses deux ans, avec des manifestations qui sont également couplées à la Journée mondiale du rein. Ce que je peux vous dire, au bout de deux ans, il y a deux types d’activités que nous menons. Il y a les activités en rapport avec l’hémodialyse et les activités sans rapport avec le traitement qui est l’hémodialyse. En termes d’hémodialyse, nous avons déjà eu 185 personnes qui ont bénéficié de séances de dialyse dans notre centre. En termes d’activités qui ne sont pas forcément un traitement de dialyse, nous avons eu plus de 2 000 personnes que nous avons consultées en néphrologie clinique. Il est également à noter que, chaque année, pendant ces deux ans, nous organisons la Semaine du rein, qui consiste en une semaine de dépistage et de sensibilisation gratuite aux facteurs de risque de maladie rénale, tels que l’hypertension, le diabète, le vieillissement et, évidemment, la maladie rénale chronique.
Les défis à relever, c’est bien sûr, pouvoir réussir à tenir avec un nombre, d’un autre côté, sans cesse croissant de nouveaux malades que nous prenons en dialyse, et surtout le défi du dépistage, de la prévention primaire, ou de comment faire pour éviter d’entrer en dialyse, qui est, au final, un traitement de suppléance du stade très avancé d’une insuffisance rénale.
Pour lever tout équivoque, en ce qui concerne la prise en charge ici, au centre, est-ce que vous pouvez nous parler un peu?
Voilà, il faut savoir que, depuis mai 2023, en prenant en compte la CSU, qui est la couverture sanitaire universelle, le coût de la dialyse revient à 15 000 francs CFA par an pour les malades en dialyse. C’est-à-dire que, avec 15 000 francs CFA par an, on peut faire 10, on peut faire 20 séances de dialyse par semaine, pendant une année civile, ici et partout ailleurs au Cameroun. Maintenant, en plus de la souscription de 15 000 francs CFA pour la couverture sanitaire universelle, il y a des frais propres que le malade est obligé, malheureusement, de dépenser pour pouvoir suivre son traitement. Il s’agit des frais de médicaments pour l’hypertension artérielle, l’anémie, la calcémie, les troubles du rythme cardiaque, et d’autres choses également. Il s’agit également des frais de transport que le malade paye pour quitter son domicile et venir au centre, c’est un coût qui n’est pas à négliger. Et il s’agit également, si éventuellement, il y a des complications, il y a des choses comme ça qui obligent le malade à faire un scanner au cours de la maladie ou à payer une hospitalisation, et tout ça.
Et aujourd’hui, au niveau du Centre Régional d’Hémodialyse de Ngaoundéré, nous sommes en train de travailler pour pouvoir accompagner nos malades. Vous l’avez vu, il y a des partenaires privés, il y a le conseil régional de l’Adamaoua, il y a la délégation régionale de la santé publique, il y a le Fonds Régional de la Santé et tous les autres partenaires qui sont en train de nous accompagner. Et je peux vous dire que, cette année 2024, la dialyse est gratuite pour nos patients ici, à Ngaoundéré, sur la base du fait que même les 15 000 francs CFA que l’on demande aux patients de souscrire, ils n’ont plus besoin de le faire, parce qu’il y a des bienfaiteurs, des gens qui nous accompagnent, qui ont pris cela en main pour pouvoir soutenir et améliorer la qualité de vie de nos patients. Et l’objectif, c’est bien sûr, faire en sorte que tout ce qui est à côté puisse être également pris en charge pour accompagner le gouvernement dans ses efforts énormes qu’il fait déjà pour tous nos malades.
Donc, est-ce qu’on peut lever l’équivoque où l’on dit qu’il faut faire la dialyse et déjà aller à la mort?
Non. Les gens, alors je tiens à préciser, il y a une nuance qu’il faut savoir. C’est vrai, dehors, on dit faire la dialyse à vie, mais moi, je préfère dire faire la dialyse pour la vie. Parce que, pour ces personnes, on n’a pas le traitement idéal, qui est la transplantation rénale. Je vous pose une question, doit-on les laisser mourir? Je pense que non. Alors, on leur donne ce que nous avons de mieux, c’est-à-dire les dialyses, pour au moins leur donner une qualité de vie qui est décente, qui leur permet de travailler, de manger, de faire la cuisine, d’être avec leur famille et, au quotidien, de se sentir aussi bien que vous et moi. Je vous invite à l’organisation de la Semaine nationale du rein, qui consistera à faire une grande campagne de dépistage gratuit et volontaire de l’hypertension, du diabète et de la maladie rénale chronique dans la ville de Ngaoundéré. Pour prévenir ces affections, il faut contrôler l’hypertension artérielle, il faut avoir l’habitude de mesurer sa tension, contrôler son taux de sucre, c’est-à-dire la glycémie, et surtout avoir une hygiène de vie propre. Il faut bien manger, dormir à des heures régulières, boire de l’eau quand on a soif, boire de l’eau quand il fait chaud, avoir une activité physique, essentiellement, même la marche, trois fois par semaine, c’est essentiellement ces petites mesures qui permettent de protéger les reins.
Propos recueillis par Jean BESANE MANGAM
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