GABON/MÉDICAMENT ET APPROVISIONNENT: UN VÉRITABLE CALVAIRE POUR LE CONSOMMATEUR
Grain de sable au cœur de la chaîne du médicament, ou l’abus des Autorités administratives de régulation ? C’est la question que se posent plusieurs consommateurs de ces produits destinés à sauver des vies.
Les médicaments sont indispensables au traitement de
nombreuses maladies. Pourtant à l’hôpital comme dans les pharmacies, les
populations en sont souvent privées par
le défaut d’approvisionnement, au centre
des préoccupations un doigt accusateur est pointé sur la direction de l’agence
du médicament. Près d’un gabonais sur cinq s’est déjà vu ne pas recevoir
le médicament prescrit par le médecin dans une pharmacie, pour cause de rupture
du médicament. Confrontés à cette
réalité quotidienne, les patients, voient leur prise en charge être retardée
dans le meilleur des cas sinon elle est inexistante avec le risque de passer de
vie à trépas. Ici l’enjeu est
majeur, tant la situation est inquiétante et qu’elle pourrait s’aggraver
encore. Il faut donc que tous les acteurs du médicament ainsi que la tutelle
portent un regard lucide sur la réalité. Selon certains investigations, il ressort qu’il y’a plusieurs causes
liées à ces ruptures de stock de produits pharmaceutiques. Et la plus
dramatique au Gabon est la pesanteur qu’impose l’agence du médicament suite à
des modifications d’autorisation de mise sur le marché (AMM) ou des arrêts intempestifs
de commercialisation. Comment
comprendre que les quotas d’importation soient imposés aux grossistes, quand on
sait qu’ils sont détenteurs des licences
leurs permettant de commander les produits pharmaceutiques selon leurs
possibilités.
A cela s’ajoute-les non renouvellement des AMM,
sans donner de motifs de fond aux laboratoires, mais également toute sorte de
restrictions d’importation des médicaments, conditionnées par un paiement
annuel de 600 000 FCFA et une Somme de 10 000 FCFA par facture, sans que cela
ne figure dans aucune loi ni dans aucun arrêté ministériel. N’est-ce pas là de
la parafiscalité souvent décriée ?
Outre ces agissements blâmables l’autorité de
l’agence maintien en suspens depuis mars 2020 les activités des agences de
promotion de médicaments, par une décision écrite alors que le Gouvernement a classé les
activités liées à la santé comme étant essentielles.
Cette situation qui a ainsi mis au chômage des
centaines de personnes va à l’encontre de la politique d’emploi voulue par le
Président de la République et fragilise le tissu économique car ces PME, se
retrouvent totalement paralysées. Pire
encore, l’esprit de favoritisme, de manque d’ouverture de la part de la
direction de l’agence créé le départ, empêche l’arrivée des investisseurs et bloque
les activités de celles déjà installés à l’exemple de la Santé Pharmaceutique.
Le laboratoire basé dans la zone
économique spéciale de NKOK dont le lancement des activités est conditionné
depuis longtemps par une autorisation de l’agence, qui malgré les moyens
investis et le fort impact positif que cette entreprise devrait avoir sur la
santé des populations, rechigne à réagir. De cette tendance, résulte un déséquilibre qui vient bousculer toute la
chaîne du médicament avec pour conséquences, les ruptures d’approvisionnement
qui évidemment « peuvent être à l’origine de décès, d’hospitalisations ainsi
que d’une progression de la maladie ou du développement de nouveaux problèmes
de santé associés. Ces ruptures posent également des problèmes éthiques, une
situation de pénurie pouvant obliger les établissements de santé à prioriser
les patients dont le traitement avait déjà débuté au détriment de ceux dont le
traitement devait commencer ». Fort
de cette situation, les différents acteurs de la chaîne du médicament proposent
de promouvoir la transparence et la qualité de l’information afin de rétablir
la confiance et la fluidité entre tous, lutter contre les pénuries de
médicaments par des nouvelles actions sur l’ensemble du circuit du médicament ;
renforcer la coopération entre l’agence du médicament et les entreprises du
secteur. Et surtout la conformité de l’agence aux lois et aux textes
nécessaires pour son bon fonctionnement.
La réponse à cet enjeu collectif ne doit pas pour autant
occulter la difficulté que vit ce secteur aujourd’hui et particulier les
grossistes répartiteurs, confrontés à des conditions ne leur permettant plus à
garantir l’approvisionnement quotidien de certains médicaments et surtout leurs
empêchant bientôt de remplir convenablement les missions de santé publique qui
sont les leurs. Dans ce contexte,
Si aucune action n’est engagée et surtout si la direction de l’agence du
médicament, ne reviens pas à la loi, un risque réel susceptible d’aggraver les
conséquences pour les patients à chaque nouvelle rupture d’approvisionnement.
Et pour les entreprises qui devront mettre la clé sous le paillasson.
Il revient donc au nouveau Ministre de la santé,
le Dr Guy-Patrick OBIANG NDONG, de porter un regard particulier sur cette
problématique de rupture de médicaments ainsi que les agissements de
l’incontrôlable direction de l’agence du médicament, afin de défendre comme
cela se doit, l’égal accès aux médicaments sur tout le territoire national, et
surtout de s’assurer du bon fonctionnement de notre système de santé, auquel
les gabonais sont profondément attachés.
Agir, c’est anticiper. Les patients ne sauraient être les
victimes collatérales d’une situation de manque de médicaments liés aux
pratiques et aux mauvais choix de l’agence du médicament.
SAINT CLAIR KENGUE