Leishmaniose viscérale : six pays africains s’engagent contre cette maladie tropicale meurtrière

0
266

Par Mireille Siapje I 22 Mai 2025 I

Le Tchad, la Somalie, le Soudan, l’Éthiopie, Djibouti et le Soudan du Sud – six pays de l’Afrique de l’Est, ont signé un accord politique pour éliminer la leishmaniose viscérale, une maladie tropicale négligée qui tue chaque année entre 20 000 et 30 000 personnes, dont près des trois quarts en Afrique de l’Est.

Transmise par la piqûre de petits moucherons, cette maladie parasitaire, également appelée kala-azar, est la deuxième plus meurtrière au monde après le paludisme. Le parasite migre dans le foie, la rate et la moelle osseuse, causant presque toujours la mort sans traitement.

Elle provoque fièvre, fatigue extrême, perte de poids, hypertrophie de la rate et du foie, et peut entraîner la mort en l’absence de traitement. Plus de 70 % de la charge mondiale de morbidité se situe en Afrique de l’Est, où la moitié des personnes touchées sont des enfants de moins de 15 ans. Ont indiqué les experts.

Un engagement politique fort

L’accord signé à Genève prévoit une réduction de 90 % des nouveaux cas d’ici 2030, un accès au traitement dans les 30 jours suivant les premiers symptômes pour la quasi-totalité des patients, et une forte baisse de la mortalité infantile due à la maladie. Les pays s’engagent à renforcer la surveillance, améliorer l’accès au diagnostic précoce, lutter contre les insectes vecteurs et intensifier la sensibilisation des populations.

« Pour parvenir à l’élimination, nous avons besoin de plus d’innovation médicale. Les patients ont un besoin urgent de traitements oraux améliorés », a souligné le Dr Luis Pizarro, directeur exécutif de Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi). Il a salué les avancées des pays d’Asie du Sud, comme le Bangladesh, qui ont réussi à éliminer la maladie, prouvant que l’élimination mondiale est possible.

Une réponse continentale contre les MTN

Au-delà de la leishmaniose viscérale, les ministres de la Santé du Cameroun, du Niger et du Nigéria ont lancé un « Appel à l’action » plus large pour éliminer les maladies tropicales négligées (MTN) sur le continent. Rejoints par plusieurs collègues ministres africains du Sénégal et de la Tanzanie, ils ont appelé à une coopération renforcée entre les pays endémiques.

« Nous savons que les maladies ne s’arrêtent pas aux frontières, et notre réponse ne devrait pas l’être non plus. Plus de 600 millions d’Africains restent exposés au risque d’au moins une MTN », a déclaré le Dr Jean Kaseya, directeur général du CDC Afrique, dans une déclaration lue par le Dr Landry Tsague Dongmo, directeur du Centre de soins de santé primaires du CDC Afrique.

Le CDC Afrique, en partenariat avec l’OMS, s’est engagé à améliorer les plateformes de surveillance transfrontalières à travers le cadre intégré de surveillance et de réponse aux maladies. Ce dispositif vise à anticiper, contenir et éliminer les foyers épidémiques à l’échelle régionale.

Les maladies tropicales négligées (MTN) touchent plus d’un milliard de personnes chaque année, affectant surtout les populations vulnérables. Malgré cela, des progrès notables ont été réalisés : en mai 2025, 56 pays avaient éliminé au moins une MTN, dont le Togo (quatre), le Bénin, le Ghana et l’Inde (trois). Récemment, la Mauritanie, le Tchad, la Guinée et le Niger ont aussi été reconnus par l’OMS pour des avancées similaires.

A lire aussi: Afreximbank inaugure un hôpital de classe mondiale à Abuja : 750 millions $ pour réduire le tourisme médical en Afrique

Un événement soutenu par les grands partenaires de la santé mondiale

La réunion a été organisée conjointement par la Commission de l’Union africaine, le Réseau mondial pour l’élimination de l’onchocercose (GONE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a reçu le soutien du Fonds END et de la DNDi.

Dans son discours d’ouverture, le Dr Socé Fall, directeur du Programme mondial de l’OMS sur les MTN, a salué l’initiative comme un tournant historique dans la lutte contre une maladie trop longtemps négligée.

L’engagement des gouvernements africains, associé à la volonté des partenaires internationaux, dessine un espoir réel pour l’élimination de la leishmaniose viscérale d’ici à 2030.

Rappelons que, cette cérémonie s’est tenue le mercredi 21 mai, en marge de la 78e Assemblée mondiale de la santé à Genève (Suisse).

Comments are closed.