Tel est l’appel lancé au cours de l’atelier de validation des procédures opérationnelles standardisées (POS) du projet TB_PEC@2.0 du 31 juillet au 02 août 2024 dans la ville de Kribi.
La lutte contre la tuberculose chez les enfants de 0 à 14 ans est une problématique majeure au Cameroun. Malheureusement, elle fait face à un véritable problème de financement domestique. Tel est le plaidoyer porté au cours de l’atelier de validation des procédures opérationnelles standardisées (POS) du projet TB_PEC@2.0 du 31 juillet au 2 août 2024 dans la ville de Kribi. Pour le projet TB_PEC@2.0, il est important que la ligne budgétaire de la lutte contre la tuberculose au niveau de l’Assemblée Nationale augmente pour une optimisation de la prise en charge des cas dans nos formations sanitaires. Un état des choses qui va permettre également de se rapprocher des objectifs globaux fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour mettre fin rapidement à la tuberculose d’ici 2030. Quand on sait qu’elle recommande une notification de 10 à 12 % de l’ensemble de la population mondiale.
Cependant, au cours de la validation des procédures opérationnelles standardisées (POS) du projet TB_PEC@2.0, il a été question pour les différentes parties prenantes de revenir sur les techniques de diagnostic de la tuberculose en vigueur au Cameroun. Elles ont insisté sur le circuit de transport des échantillons du PNLT dans la région épidémiologique de Yaoundé. L’objectif de ladite rencontre a été de mieux outiller les participants pour apporter les solutions les mieux appropriées face à la lutte contre la tuberculose. Il a été également question de se mettre ensemble pour avoir un consensus sur les outils qui seront utilisés au cours des deux prochaines années dans la lutte contre la tuberculose. Durant trois jours, les participants ont développé et validé les outils pour les formations sanitaires et les acteurs communautaires. Il s’agit simplement des algorithmes et des procédures standards opérationnelles qui permettront de donner la démarche du diagnostic et l’orientation pour la recherche des personnes perdues de vue dans la lutte contre la tuberculose. Un aspect important qui pourrait, à très court terme, se rapprocher des objectifs de l’Organisation mondiale de la santé pour mettre fin à la tuberculose.
Elvis Serge NSAA
Interview-Bertrand Kampoer
Il est le directeur exécutif de l’ONG FIS Cameroun.
Un atelier de validation des procédures opérationnelles standardisées (POS) du projet TB_PEC@2.0 du 31 juillet au 2 août 2024 dans la ville de Kribi. Pourquoi la réalisation d’un tel atelier ?
Il faut remarquer que la Stratégie nationale de lutte contre la tuberculose a son extension jusqu’en 2026. Elle a pour objectif de se rapprocher rapidement des objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé pour mettre fin à la tuberculose d’ici 2030. Le Cameroun dans son évaluation a trouvé que les enfants et les adolescents sont parmi les populations dont une attention particulière doit être focalisée. Aujourd’hui, le Cameroun réussit à notifier environ 5.5 à 6 % de l’ensemble de la population touchée par la tuberculose. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande que, nous devions aller de 10 à 12 %. Vous voyez qu’il y a un problème en ce qui concerne la tuberculose, en particulier chez les enfants au Cameroun. Si nous voulons nous rapprocher des objectifs globaux, il faut encore beaucoup d’efforts. Nous sommes en moins de six ans des objectifs mettant fin à la tuberculose dans le monde dans la stratégie de l’Organisation mondiale de la santé. Dans nos pays, nous devons faire des efforts supplémentaires.
Nous pouvons compter sur le projet TB-PEC@2.0 pour atteindre ces efforts ?
Le projet TB_PEC@2.0, en complémentarité avec les efforts du Programme national de lutte contre la tuberculose, s’est fixé pour objectif de faire les efforts possibles pour que nous puissions rattraper rapidement le retard. Dans ce voyage, l’une des premières options est de codifier et de donner les outils aux acteurs, aux formations sanitaires et aux communautés. Nous voulons mieux les outiller pour apporter les solutions appropriées dans la lutte contre la tuberculose au Cameroun. D’où l’intérêt de cet atelier avec les principales parties prenantes qui se sont mises ensemble pour avoir un consensus sur les outils qui seront utilisés au cours des deux prochaines années.
Qu’est-ce qui a été fait au cours de ces trois jours d’atelier ?
Pendant ces trois jours d’ateliers, nous avons développé et validé les outils pour les formations sanitaires et les acteurs communautaires. Ce sont les algorithmes et les procédures standards opérationnels qui permettent de donner la démarche du diagnostic et l’orientation pour la recherche des personnes perdues de vue. Ils donnent également les orientations aussi précises pour retrouver ce que nous appelons dans la tuberculose les cas manquants. Les cas manquants sont la différence de ce qu’il faut faire pour atteindre rapidement les objectifs que le pays et la communauté mondiale se sont fixés. Ce projet a un prolongement parce que nous avons, au cours de la première année de la phase pilote, atteint des résultats de près de 200 %. Comme recommandations de cette année pilote, il fallait améliorer les procédures standardisées. En améliorant ces procédures, nous arrivons à une démarche qualité certifiée qui permet d’aller un peu plus au-delà des résultats que nous avions pu atteindre au cours de la première année.
La tuberculose fait-elle peur ?
Il faut le rappeler et l’assumer que la tuberculose est parmi les maladies les plus tueuses. Elle est également la maladie la plus sous-financée. Il y a un paradoxe entre le fardeau sur la mortalité et la contribution aux ressources financières qui sont mises à disposition. Voilà pourquoi, en termes de stratégie, l’OMS et ses partenaires donnent des outils qui nous permettent d’avoir des démarches intelligentes pour l’efficacité. Ceux-ci nous permettront d’atteindre nos objectifs. Par exemple, si nous sommes dans une ville comme Kribi, il n’est pas question d’aller chercher la tuberculose dans les quartiers huppés. Vous perdez les ressources et du temps. Vous allez circonscrire et faire une analyse des populations du dernier kilomètre. Vous allez donc investir vos ressources sur ces populations. C’est là où vous avez environ 90 % du foyer de la tuberculose. La stratégie du projet TB_PEC@2.0 d’ici 2030 pour mettre fin à la tuberculose est de diagnostiquer au moins 90 % des personnes. Et parmi elles, il faut diagnostiquer 90 % des populations clés et vulnérables que nous appelons les populations du dernier kilomètre. Parmi ces 90 %, il faut traiter avec succès 90 %. Vous voyez que le deuxième 90 % est axé sur les populations du dernier kilomètre. Ce sont ces gens que nous devons toucher parce qu’elles peuvent faire inverser la tendance.
Quelles sont les orientations de l’Organisation Mondiale de la Santé dans la lutte contre la tuberculose ?
Selon les orientations de l’Organisation Mondiale de la Santé, une toux qui persiste à seulement 48 heures, rendez-vous dans le centre de santé le plus proche. Vous aurez une orientation et un diagnostic de qualité. Nous avons la chance que, la tuberculose de plus en plus, elle est présente au niveau des soins de santé primaires. Donc, cela ne sera pas forcément d’aller à l’hôpital Jamot. Mais, le premier centre de santé qui est à côté de la maison peut vous fournir une référence et assurer une contre référence pour votre prise en charge de 48 heures.
Quelles sont les grandes résolutions après cet atelier de validation des procédures opérationnelles standardisées (POS) du projet TB_PEC@2.0 ?
Les grandes résolutions, nous pouvons nous dire que le projet TB_PEC@2.0 a des nouvelles directives opérationnelles. Nous allons travailler de manière consensuelle avec l’appui de l’ensemble des parties prenantes. Nous arrivons avec ces outils standardisés qui nous donnent une nouvelle ère et une nouvelle orientation. Nous allons mettre sur pied les stratégies les plus pointeuses possibles pour se rapprocher très rapidement de l’objectif 2030. À très court terme, les objectifs d’augmenter la notification qui est aujourd’hui entre 5 et 6 % à un minimum de 10 % en 2026. Notre plaidoyer pour le projet TB_PEC@2.0 est d’avoir des ressources qui contribuent avec l’État pour se rapprocher des objectifs nationaux et globaux. À côté de cela, nous disons que, pour nous aligner aux orientations de l’OMS, le problème de la tuberculose est celui du financement domestique. Nous appelons au financement domestique à partir des collectivités locales décentralisées, des mairies et du budget de l’État. Il faut que la ligne budgétaire au niveau de l’Assemblée nationale sur la tuberculose puisse être augmentée parce que c’est un scandale de comprendre que la mortalité est quelque part et qu’on finance ailleurs.
Interview réalisée par Elvis Serge NSAA
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