One Health : Une évaluation de l’émergence des arboviroses en cours

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Le projet TroHIka, porté par l’université de Buea en collaboration avec l’unité de virus émergents (Aix-Marseille, Université de Corse, IRD et Inserm) a effectué une évaluation de l’émergence des arboviroses avec l’approche One Health dans le district d’Akonolinga, région du Centre.

Zonosse

La pandémie de COVID-19 a montré qu’aucun pays n’était totalement préparé à faire face à une pandémie d’une telle ampleur, d’une telle rapidité, d’une telle gravité et d’un tel impact. Pour remédier à cet état de fait, l’Organisation mondiale de la santé a annoncé en novembre 2020 la mise en place de l’Examen universel de santé et de préparation qui est un moyen d’accroître la responsabilité et la transparence parmi les États membres en matière de renforcement des capacités pour une meilleure préparation aux situations d’urgence sanitaire. Il s’agit d’une plateforme qui change la donne pour soutenir. Le projet TroHIka, porté par l’université de Buea en collaboration avec l’unité de virus émergents (Aix-Marseille, Université de Corse, IRD et Inserm) a effectué une évaluation de l’émergence des arboviroses avec l’approche One Health dans le district d’Akonolinga, Région du Centre.

Les études de risques montrent que pour bon nombre d’arboviroses, le risque d’émergence est lié à l’arrivée d’un être humain virémique dans une zone où un vecteur compétent est implanté. Ce risque ne cesse de croître, en raison de la démocratisation des voyages intercontinentaux.

Selon Marc Grandadam, les arboviroses, au rang desquelles figurent la dengue, le chikungunya ou encore les infections à virus West Nile, sont souvent considérées comme des maladies tropicales. L’émergence en 2000 du virus West Nile en Amérique du Nord et du virus Chikungunya en Italie en 2007 ont fait apparaître de nouveaux risques pour la santé humaine au-delà des tropiques.

Ces émergences surviennent dans un contexte de prise de conscience des conséquences des activités humaines dans le réchauffement global du climat. Le lien qui pourrait exister entre l’augmentation de température et la dispersion des vecteurs et des maladies apporte une explication simple et satisfaisante à l’évasion de ces maladies de la zone intertropicale.

La progression ou le retour de ces maladies dans l’hémisphère nord semble donc inéluctable, puisque, au mieux, les efforts préconisés pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ne feront que ralentir le réchauffement climatique. Cette analyse réductionniste masque la grande diversité épidémiologique de ces maladies et fait oublier que certaines arboviroses « sont bien de chez nous ».

L’Europe fait face à une augmentation du nombre de cas d’encéphalites à tiques. Cette maladie virale, dont l’aire épidémiologique s’étend de la France au Japon, a récemment connu un tournant majeur, avec l’observation d’un gain en altitude de la transmission de la maladie. Des tiques porteuses du virus et des cas confirmés ont été rapportés en Autriche au-delà de 1500 mètres, alors que la zone connue de survie des tiques était jusque-là fixée à des altitudes inférieures à 1100 mètres. Ce phénomène serait plus probablement lié à l’extension des zones urbaines et agricoles qui aurait repoussé en altitude les tiques portées par leurs hôtes également amplificateurs du virus (rongeurs, gibiers). La recrudescence des cas d’encéphalites à tiques dans les pays baltes est à rapprocher de l’augmentation de la fréquentation des forêts pour des activités de cueillette, conséquence de la précarité économique dans ces pays et de l’appauvrissement des populations.

À ce jour, au Cameroun, une équipe pluridisciplinaire a été mise sur pied pour conduire le processus qui sera entériné par un secrétariat technique et une commission nationale qui seront des instances de la plateforme Une seule santé. Des plaidoyers ont été entrepris vis-à-vis de la Société civile, des partenaires techniques et financiers et se poursuivent pour un dialogue inclusif et pangouvernemental. La prochaine visite au Cameroun du Directeur général de l’OMS projetée pour le 1er trimestre 2024 devrait permettre d’accélérer le processus en cours.

Angélique Ekaman

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