La lutte contre le paludisme voit entrer en jeu un nouveau dispositif, la vaccination. La nouvelle est diversement partagée dans l’Adamaoua.
Le ministre de la santé, Manaouda Malachie a réceptionné la semaine dernière, pour le compte du Cameroun, 331 200 doses de vaccins destinés à lutte contre le paludisme. Selon le ministre, cette première cargaison de doses de vaccins sera dispatchée dans 42 districts de santé sur les 202 que compte le pays. Selon le patron de la santé, ces vaccins sont prioritairement destinés aux enfants de moins de 5 ans. L’administration de ce vaccin se fera en 4 doses dont à 6, 7, 9 et 24 mois. Dans la région de l’Adamaoua, la nouvelle de l’introduction du vaccin Mosquirix RTS-S dans le mécanisme de lutte contre le paludisme est diversement appréciée. Si pour certains, c’est une aubaine, d’autres développent une certaine réticence et sont sceptiques quant à l’efficacité du vaccin. « Le gouvernement ne peut vouloir que le bien-être de ses populations. Il ne peut pas nous faire du mal en nous tuant, sinon, ils vont gouverner comment ? Je trouve que c’est une bonne nouvelle et je suis prête à faire vacciner mes enfants le moment venu » indique Lydia, ménagère. Comme elle, Aïssatou va plus loin. « Lorsque le vaccin contre le covid-19 est arrivé, les informations ont circulé que c’est pour tuer tous les Camerounais. J’ai pris le vaccin, je suis encore vivante. Je me fie aux informations du gouvernement et non celles qui sont partagées par n’importe qui ici dehors », soutient-t-elle.
Contrairement à ces dames, d’autres personnes sont plus sceptiques quant à l’efficacité du vaccin. « Il y a plusieurs souches de paludisme qui circulent généralement. Le vaccin peut-il immuniser contre ces différentes variantes ? » s’interroge Félicien. Et d’ajouter, « Pour le moment, je me contente des moustiquaires pour protéger mes enfants, pas question de servir de cobailles » conclu-t-il. Contactés, certains médecins disent attendre les instructions de la hiérarchie pour toutes communications. Selon Jean Moutsina, chef de district de santé de Tignere, dans le département du Faro et Deo, Région de l’Adamaoua, c’est une occasion de renforcer la lutte contre le paludisme au Cameroun. « L’introduction du vaccin contre le paludisme dans la vaccination de routine est d’une très grande importance pour les populations en général et pour les enfants de moins de 5 ans en particulier. Il devrait réduire considérablement les cas de morbidité et de mortalité liés au paludisme. C’est donc avec joie que nous accueillons ce vaccin ».
Engouement
Selon lui, dans ce département de l’Adamaoua, le paludisme est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité. D’où l’appel aux sceptiques de ne pas céder aux informations provenant des personnes n’ayant pas qualité. « Nous procédons à la sensibilisation en leur donnant la bonne information. Laquelle consiste à montrer les bienfaits de la vaccination dans la prévention des maladies ». A en croire ce chef de district, les populations attendent avec impatience le début de l’administration de ce vaccin. « Contrairement aux sceptiques, le vaccin contre le paludisme suscite beaucoup d’engouement au sein des populations qui les réclament déjà ». Selon la cellule de communication du ministère de la santé, chaque année, le pays enregistre près de 6 millions de cas de paludisme pour plus de 4000 décès, dont la plupart touchent les enfants de moins de 5 ans. Malgré la note positive et les rapports de surveillance nationale qui font état d’une baisse des décès liés au paludisme désormais passés de 18% en 2019 à 13,5%.
Jean BESANE MANGAM