Pieds bots, Détecter tôt la déformation favorise une prise en charge rapide

D’après les professionnels de la santé, le pied bot est une malformation fréquente qui touche en moyenne 1 à 2 bébés sur 1000 naissances en Afrique.

Les pieds bots sont considérés comme la malformation du pied la plus fréquente dans le monde. Ce handicap toucherait, apprend-on près d’un enfant sur 800 à la naissance dans le monde.

Causée notamment par une rétractation de certains muscles et de certains tendons de la jambe, cette déformation orthopédique peut conduire à un handicap permanent. Non traité, le pied bot va s’aggraver tout au long de la vie et exercer des contraintes sur les articulations, des mauvais appuis à la marche, de l’arthrose, des douleurs…

Le pied bot varus équin, appelé couramment pied bot, est caractérisé par un pied tourné vers l’intérieur. Cette déformation du pied est congénitale, et peut être unilatérale ou bilatérale (touchant un seul membre inférieur ou les deux). C’est une déformation qui peut avoir des conséquences très lourdes, parce qu’en l’absence de traitement, le pied ne peut retrouver une position normale.

D’après les kinésithérapeutes, pour corriger cette anomalie, il est essentiel de faire en sorte que la détection de la déformation intervienne au plus tôt après la naissance. C’est une des clés de la réussite de la prise en charge. Ainsi, ils peuvent alors proposer un traitement efficace, qui va permettre de corriger cette déformation. « Après quelques mois, l’enfant sera alors en mesure de marcher normalement », assurent-ils.

Ghislaine DEUDJUI

Interview

PT Nkama Benoit, Expert sur PEC des Pieds Bots

« Certains parents pensent encore que c’est de la sorcellerie »

Dans cette entrevue, le kinésithérapeute de formation, par ailleurs expert sur la prise en charge des pieds bots Varus équin qui officie à l’hôpital de District de Deido explique cette maladie.

Du 16 au 17 juin 2023 se tiendra à L’hôpital Laquintinie de Douala la première édition du séminaire de formation sur le thème : « Prise en charge des Pieds Bots varus Equin suivant la méthode de ponseti », quel est le but de ce séminaire ?

Le but de ce séminaire est de capaciter le personnel de santé sur la prise en charge des pieds bots Varus équin suivant la méthode de Ponseti. Il faut noter que cette méthode a été admise et fortement recommandée par le Ministère de la Santé depuis 2019 et c’est devenu le “Gold Standard”.

C’est quoi les Pieds Bots ?

Le pied bot Varus équin communément appelé pied bot, une déformation congénitale avec le pied retourné vers l’intérieur, cette déformation peut être unilatérale ou bilatérale.

Pieds bots

Quelle est la prévalence de cette malformation congénitale en Afrique subsaharienne en général et au Cameroun en particulier ?

La prévalence en Afrique subsaharienne est de 1 à 2 bébés sur 1000 naissances. Au Cameroun nous attendons encore les chiffres officiels.

Quelles sont les dispositions prises au niveau national pour lutter contre cette maladie ? sont-elles suffisantes ?

Pour lutter contre cette malformation, une large sensibilisation est faite régulièrement par les spécialistes sur la prise en charge des pieds bots Varus équin, les formations continues sur cette prise en charge de fait également dans le but de recouvrir toute les formations sanitaires, le Ministère de la Santé suit de près ce problème et appui les cliniques des pieds bots pour faciliter la prise en charge il travaille conjointement avec Clubfoot Cameroon Care qui s’occupe du volet technique.

Parlez-nous de l’association APIFFY ?

APIFFY est l’association des promotions de l’Institut Florida Formation de Yaoundé, ce sont les anciens étudiants kinésithérapeutes formés dans cette institution qui ont décidés de garder cette harmonie et de former de façon légal une entité scientifique qui pourra les regroupés régulièrement. D’où la dénomination APIFFY.

Quelles sont les actions déjà réalisées par cette Association ?

Les actions déjà menées par cette association, promouvoir notre métier, représenter le Cameroun à l’international à travers des présentations dans les congrès, organiser les journée portes ouvertes, organiser les séminaires, organiser les soirées physio, encadrer les jeunes kiné dans le milieu professionnel etc.

Quelles sont les difficultés que vous en tant qu’expert sur PEC des pieds Bots rencontrées ?

Les difficultés que nous rencontrons régulièrement tourne sur les conceptions de certains malades qui pensent que c’est de la sorcellerie et jette le nourrisson au bord de l’eau, les croyances religieuses pour ceux qui disent que c’est la volonté de Dieu s’il est né comme ça nous devons le laisser sans corriger, le rejet social, etc.

Pour cette première édition de séminaire de formation, quels sont les cibles et quels sont vos objectifs ?

Pour cette première édition dans la région du Littoral, les cibles et les objectifs sont simples : les cibles,  c’est le personnel de santé dans sa globalité notamment les aides-soignants, les infirmiers, les médecins bref, toutes les entités qui travaillent dans les formations sanitaires pour redonner la santé à tous les malades. Les objectifs c’est capacité à nouveau certains et formé d’autres personnels de santé.

Quelles sont les résultats attendus au terme de cette rencontre ?

Le résultat attendu au terme de cette rencontre, c’est d’augmenter l’effectif des spécialistes sur la prise en charge des pieds bots Varus équin au Cameroun afin qu’on se déploie tous sur le terrain jusqu’aux zones enclavées.

La prise en charge et le traitement des Pieds Bots coûte chère ?

La prise en charge est relativement gratuite car nous recevons le matériel gratuit du Ministère de la Santé ce qui nous permet de travailler en toute quiétude. Lorsque ce matériel finit, en attendant d’être approvisionner le patient paye juste le matériel. C’est uniquement les nourrissons qui profitent de cela par contre les adolescents et adultes payent normalement.

D’autres ajouts ?

Juste un conseil : faite nous parvenir tous les enfants qui souffrent de cette déformation à l’hôpital de District de Deido, au Centre d’accueil de Bepanda, etc.

Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI