Produits laitiers : Ngaoundéré, la « fontaine laitière » du Cameroun

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La région abrite des races bovines locales bien adaptées aux conditions climatiques et aux systèmes d’élevage traditionnels, comme la race Fouta Toro. Ces vaches sont réputées pour leur rusticité et leur production laitière.

 

Absolument ! Ngaoundéré est souvent surnommée la « fontaine laitière » du Cameroun en raison de son importance dans la production laitière du pays. Cette région possède plusieurs atouts qui expliquent cette réputation, notamment le climat. Le climat de Ngaoundéré est propice à l’élevage bovin, avec des températures modérées et des pluies régulières qui favorisent la pousse des pâturages. Selon Investir-Cameroun, la production laitière est ainsi passée de 105 190 tonnes à 110 374 tonnes entre 2022 et 2023 sur les périodes sus-revues, selon les chiffres révélés par le ministre de l’Élevage, des pêches et des industries animales (Minepia), Dr Taïga, en novembre dernier devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale. Selon Jean-Marie Essomba et Al, la production journalière de lait varie entre 0,85 et 1 litre par vache en saison sèche et 1,5 à 2 litres en saison pluvieuse. Malgré l’importance de ce cheptel, la production laitière ne suffit pas à couvrir la demande, et le pays recourt massivement aux importations de poudre de lait. Dans les années 1990, la ville de Ngaoundéré a été le siège d’un « projet laitier » de type industriel (ferme intensive et transformation semi-industrielle). Ce projet a été privatisé à la fin des années 1990 sous le nom de Sogelait, explique Jean-Marie Essomba dans un article scientifique intitulé : « La consommation des produits laitiers à Ngaoundéré au Cameroun : l’émergence des MPE (micro et petites entreprises). »

La région abrite des races bovines locales bien adaptées aux conditions climatiques et aux systèmes d’élevage traditionnels, comme la race Fouta Toro. Ces vaches sont réputées pour leur rusticité et leur production laitière. L’élevage bovin est une activité ancestrale dans la région de Ngaoundéré, et les populations locales possèdent un savoir-faire important en matière de gestion des troupeaux et de production laitière. De nombreux marchés locaux et régionaux sont dédiés à la commercialisation du lait et des produits laitiers, ce qui facilite l’accès des producteurs aux consommateurs.

Bien que la production laitière soit importante, elle reste souvent limitée par des facteurs tels que la faible productivité des races locales, l’accès limité à l’alimentation complémentaire et les maladies animales. Le manque d’infrastructures de conservation du lait entraîne des pertes importantes, notamment en saison des pluies. Les producteurs laitiers sont souvent confrontés à des difficultés pour commercialiser leur production, notamment en raison de la concurrence des produits laitiers importés et des faibles prix. Malgré ces défis, Ngaoundéré reste un acteur clé de la production laitière au Cameroun. De nombreux projets de développement sont mis en œuvre pour améliorer la productivité des élevages, la qualité du lait et les conditions de vie des éleveurs.

L’émergence des petites industries de production du lait à Ngaoundéré. Ce projet ambitieux, visant à développer une production laitière industrielle, a marqué un tournant. Bien qu’il ait connu des difficultés, il a permis de former des acteurs locaux et de créer une dynamique.

Suite à la privatisation, de nombreux employés du projet ont mis à profit leurs compétences pour créer leurs propres micro et petites entreprises (MPE) de transformation laitière. La croissance démographique et l’urbanisation ont stimulé la demande en produits laitiers, créant un marché porteur pour ces MPE. Les MPE ont trouvé une niche en proposant des produits locaux, frais et adaptés aux goûts des consommateurs. Les anciens employés du projet ont joué un rôle de mentors, transmettant leur savoir-faire aux nouveaux entrepreneurs.

Le développement de ces MPE a contribué à créer des emplois, en particulier pour les femmes. Les éleveurs locaux ont trouvé de nouveaux débouchés pour leur production laitière, ce qui a amélioré leurs revenus. Ces entreprises ont contribué à dynamiser le secteur laitier local et à renforcer les liens entre les différents acteurs de la filière. L’émergence des petites industries de production du lait à Ngaoundéré est un phénomène intéressant qui témoigne de la vitalité du secteur laitier local. Cependant, pour assurer leur pérennité, ces entreprises doivent relever de nombreux défis et bénéficier d’un soutien adéquat.

Angélique EKAMEN Stg 

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