Produits sanguins – Une usine de fractionnement en gestation au Cameroun

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Prend une poche de sang en sa totalité, c’est traiter avec un don de sang, c’est traiter une personne. Mais le fractionnement permet d’extraire le concentré de globules rouges, le plasma et éventuellement les plaquettes et on obtient des médicaments dérivés du sang. il sera injecté au patient que ce qu’il lui manque et non tout le sang entièrement. Donc, il y aura plus de patients traités.

Ce n’est plus de la transfusion sanguine approprement dite. Parmi les produits sanguins labiles, on trouve  le sang total, les globules rouges qui transportent l’oxygène des poumons vers les tissus, les plaquettes qui interviennent pour prévenir ou stopper les hémorragies et le plasma qui, par sa richesse en protéines essentielles et diverses, participe au bon fonctionnement de l’organisme. Et dans un fractionnement, Il s’agira d’utiliser le plasma qui est obtenu lors de la séparation du sang. Et utiliser ce plasma pour en faire des médicaments dérivés du plasma. Ces médicaments dérivés représentent quelque chose de particulier parce que l’on va pouvoir purifier des facteurs de coagulation pour traiter l’hémophilie, pour pouvoir traiter, purifier, concentrer des immoglubines pour tout ce qui est maladies immunitaires et déficits immunitaires. Ensuite, on pourra retirer l’albumine comme un produit de remplissage pour les personnes qui ont des baisses de tension. « Ce sont donc, des médicaments essentiels », soutient Domnique Dermi, expert dans le domaine du fractionnement et de la transfusion sanguine.

La discussion sur la faisabilité d’un tel projet, « doit tenir compte de plusieurs paramètres. D’abord, sur les besoins réels et les priorités de notre pays. Et ensuite, il faut également réfléchir sur les infrastructures et les moyens que nous disposons pour atteindre l’objectif visé », pense Professeur Claude Tayou, médecin dermatologiste au Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé. « Nous avons effectivement besoin des médicaments dérivés du sang pour soigner certaines pathologies que ce soient les anémies, les maladies auto-immunes… Nous avons encore plus besoin de produits sanguins labiles concentrés de globules rouges, de plasma et de plaquettes, pour nos malades, au quotidien. Donc, nous devons relativiser les besoins des médicaments dérivés du sang par rapport au besoin des produits sanguins labiles », soutient-il.

Dans la démarche du fractionnement plasmatique, les participants à l’atelier de faisabilité d’une usine de fractionnement des produits sanguins au Cameroun, le 06 mai 2021 à Yaoundé recommandent au pays, de se concentrer sur l’obtention d’un plasma de qualité et d’une production de plasma suffisante (quantité) pour intéresser un fractionneur.

Aussi la qualité passe par la certification de niveau 3 par la société africaine de la transfusion sanguine. « A ce jour un seul centre de transfusion sanguine est certifié niveau 1, il reste donc un parcours important qui est en cours de mise en œuvre », révèle Stéphane Assako, coordonnateur technique national à Expertise France.

Il ajoute également que « pour atteindre des objectifs de qualité, il est nécessaire d’augmenter (multiplier par 4) la collecte de poches de sang et de travailler à la séparation des produits du sang (plasma / CGR / plaquettes) issus de donneurs bénévoles dans les meilleures conditions pour répondre prioritairement aux besoins cliniques et produire un plasma de qualité qui pourra être destiné au fractionnement ».

Carole AMBASSA

« Ce sont plus de patients traités et des patients mieux traités »

Domnique Dermi, 40 années d’expériences dans le domaine du fractionnement et de la transfusion sanguine depuis 20 ans

Il s’agit d’injecter aux patients que ce qui leur manque et ce dont ils ont besoin. Alors que lorsqu’on injecte du sang, on injecte du sang mais également des choses dont ils n’ont pas besoin.

Donc, là le spectre thérapeutique est élargi et des économies sont faites. Et il faut dire qu’intellectuellement, le fractionnement est très motivant ; il emmène vraiment une valeur ajoutée. Et c’est un peu une pépinière parce que les gens qui vont s’investir dans le fractionnement, c’est de la science, ce sont des biomatériaux, des outils de séparation… C’est l’entraide dans la maitrise de plein d’outils de biotechnologie.

L’ampleur du projet est sanctionnée par beaucoup de choses. Pour faire du fractionnement, il faut déjà, avoir une qualité de plasma requise et en plus de cela, il faudrait un cadre règlementaire, très stricte. Là-bas, il n’ya pas de place à l’erreur. Cela va donc permettre à la transfusion de parfaire leur règlementation. C’est-à-dire, utiliser des réactifs, faire du diagnostic de don très pointu, utiliser des technologies de biologie moléculaire pour détecter des virus… Donc, on va dire une transfusion sans faille.

C’est un gros progrès pour la Santé publique. Dans l’Afrique subsaharienne, il n’y a pas beaucoup de fractionnement. Donc, si le Cameroun veut s’investir dans le fractionnement, c’est peut être aussi l’ouverture d’un partenariat avec les pays limitrophes, qui pourrait confiés leur plasma au Cameroun, demain. Donc scientifiquement ou politiquement parlant, ce projet est un levier pour une collaboration interrégionale.

Les hémodialysés recevront vraisemblablement plus de concentrés de globules rouges. Quand vus injecté une poche de sang c’est 450 millilitres parce les hémodialysés, il ne faut pas les remplir parce qu’ils ne font pas pipi. Le fait déjà de les injecter un concentré de globules rouges puisque ça ne sera pas le sang total, réduit le volume de transfusion par deux. Donc, ils vont pouvoir être mieux soignés.

 « Le projet de fractionnement est un apport en technologie, en compétences et  connaissances »

Dr Bomba Jessica de la direction de la Pharmacie du médicament et du laboratoire au ministère de la Santé publique

Il y aura une usine qui va faire dans le fractionnement donc, qui va permettre de recueillir l’élément essentiel dont un patient a besoin dans le sang et de pouvoir le lui administrer directement sans avoir à lui administrer totalement le sang. En effet, il peut y avoir des patients qui ont simplement besoin d’immunoglobulines sachant que l’immunoglobuline est un type d’anticorps spécifique. Le fractionnement permettra d’avoir des immunoglobulines de manière beaucoup purifiée et en administrer directement à la personne. C’est donc, pouvoir administrer l’élément essentiel dont on a besoin et éviter au minimum des accidents transfusionnels qui peuvent arrivés. Le fractionnement est donc aussi un élément va dans le sens de la sécurité du patient.

Les opportunités sont là. Et maintenant, la main est tendue à notre pays de pouvoir dire que bon, il y a une opportunité et maintenant, il y a un accompagnement qui est possible, pour pouvoir mettre en place une usine de fractionnement. Ce sera une première non seulement pour le Cameroun, mais pour également pour l’Afrique centrale et même pour l’Afrique subsaharienne. Je pense que c’est une opportunité à saisir et bien-sûr, cela va demander un bon encadrement juridique et règlementaire parce que les questions de sang sont toujours délicates, sachant ce que le sang peut véhiculer comme maladies, il faut pouvoir assurer la sécurité du patient au moment de l’administration du produit sanguin.

Je crois que c’est un peu le principe du serpent qui se mord la queue. Les préalables pour pouvoir mettre en place cette usine de fractionnement, ce sont deux choses notamment le sang de manière quantitative et de manière qualitative. Il faudra savoir jouer sur ces deux leviers pour pouvoir assurer le fonctionnement de l’usine. Et je parle de serpent parce qu’à coté de cette usine – je crois que ça c’est le travail du Centre National de Transfusion sanguine – , qui est de promouvoir le don du sang pour susciter le don de sang, stimuler le don de sang  et pour pouvoir avoir une masse suffisamment conséquente pour nourrir l’usine de fractionnement et faire fonctionner cete usine de fractionnement.

Le ministère de la Santé, c’est la santé des populations. C’est dire que tous projets qui va dans le sens de l’amélioration de la Santé humaine pour le ministère, c’est toujours des pistes à explorer quelles qu’elles soient parce que qui dit santé, dit bien-être. On parle de transfusion en termes de collecte de sang.

Propos recueillis par Carole AMBASSA

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