La rougeole, une maladie généralement plus dangereuse pour les enfants, connaît un retour inquiétant au Maroc, avec plus de 100 décès signalés depuis octobre 2023. Cette épidémie, qui touche principalement les régions reculées, a mis en lumière de graves lacunes dans le système de santé du pays et suscite des préoccupations majeures concernant la couverture vaccinale insuffisante.
Le ministre marocain de la Santé et de la Protection sociale, Amin Tahraoui, a confirmé que l’épidémie avait causé la mort de 107 personnes, dont la moitié étaient des enfants de moins de 12 ans. Jusqu’à la fin de l’année 2024, plus de 19 500 cas ont été enregistrés. Tahraoui a attribué cette recrudescence de la maladie à une baisse de la couverture vaccinale ces dernières années, exacerbée par la pandémie de Covid-19. Cette situation expose une grande partie de la population, particulièrement les enfants, à un risque élevé de contamination.
L’épidémie, qui a débuté dans la région de Souss-Massa, au centre du pays, s’est rapidement étendue aux banlieues de Marrakech-Safi avant de se propager à l’ensemble du territoire. Les zones rurales et reculées ont été les plus touchées, où l’accès aux soins reste limité. Des villages comme Amskerdad, dans la province de Chichaoua, font face à des infrastructures de santé insuffisantes, rendant la gestion de l’épidémie encore plus complexe.
Les habitants des régions isolées, où l’absence de cliniques et de transports médicaux aggrave la situation, sont particulièrement vulnérables. Ahmed Al-Khamisi, père de trois enfants, a partagé au média « Hawamich » la tragique perte de son fils de deux ans, décédé des suites de la rougeole, faute d’accès à des soins d’urgence. « Nous n’avons pas pu trouver d’hôpital ou d’ambulance », a-t-il déclaré, illustrant la détresse des populations rurales.
En outre, la propagation de la rougeole ne se limite pas aux zones rurales. Des cas ont également été signalés en milieu carcéral, où la Délégation générale à l’administration pénitentiaire a rapporté 41 cas de rougeole parmi les détenus. La prison de Tanger 2 est particulièrement touchée, un phénomène qui inquiète les spécialistes de la santé en raison de la surpopulation qui caractérise les établissements pénitentiaires.
Les experts soulignent que la crise met en évidence la nécessité urgente d’améliorer la couverture vaccinale et de renforcer l’accès aux soins dans les zones les plus vulnérables. La rougeole étant une maladie hautement contagieuse, son contrôle reste crucial pour éviter une transmission généralisée à travers le pays.
Le Maroc se trouve face à un défi majeur en matière de santé publique. Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour contenir l’épidémie et améliorer les infrastructures sanitaires, cette crise pourrait se transformer en une menace encore plus grande pour la population, notamment pour les enfants et les communautés les plus marginalisées.
Charone Dongmo / al24news.com/
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