Santé au Tchad : Entre réalisations, défis et perspectives

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Les conflits et les pluies torrentielles entraînant un bilan humain lourd et des dégâts matériels considérables ont fragilisé le système de santé tchadien déjà mis à mal par la malnutrition et les maladies chroniques. Le pays fait face à de multiples défis de santé publique.

En état d’alerte face à la menace de la variole du singe, les autorités sanitaires ont mis en place des mesures de surveillance pour prévenir la propagation de l’épidémie.

50 ans de progrès en matière de vaccination célébrés,malgré les succès, des défis persistent, notamment en matière de couverture vaccinale.

Bilan des actions du ministère de la Santé publique tchadien ces trois derniers mois appuyé sur les données communiquées par le ministre, le Dr Abdelmadjid Abdelrahim.

Les inondations

Depuis la fin juillet 2024, le Tchad fait face à des pluies diluviennes sans précédent qui ont entraîné des inondations catastrophiques à l’échelle nationale. Selon les données fournies par l’Office de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), 100 % des provinces du pays, soit 23 sur 23, sont désormais déclarées inondées. Ce désastre naturel a touché 93 % des départements, affectant ainsi 1.495.969 personnes, représentant 266.590 ménages, au 3 septembre 2024.

Les provinces les plus gravement touchées en termes de populations affectées sont le Lac, avec 277.409 personnes sinistrées, suivi du Mayo-Kebbi Est (218.238 personnes), Mandoul (189.984 personnes), Tandjilé (185.376 personnes), Batha (144.807 personnes), Salamat (92.171 personnes), N’Djamena (60.953 personnes) et Sila (56.209 personnes). Ces chiffres alarmants illustrent l’ampleur de la crise humanitaire en cours.

La situation demeure préoccupante et nécessite une attention urgente de la part de la communauté internationale pour fournir une assistance humanitaire adéquate aux populations sinistrées.

Cartographie des provinces affectées par les inondations, Situation au 06 septembre 2024

Figure 1 : Cartographie des provinces affectées par les inondations, Situation au 06 septembre 2024

Mobilisation internationale pour éradiquer le ver de Guinée au Tchad

Le Tchad a réaffirmé son engagement à éradiquer définitivement le ver de Guinée. Lors d’une réunion internationale de haut niveau tenue à N’Djamena le 17 septembre 2024, les autorités tchadiennes et leurs partenaires ont souligné l’importance de la surveillance transfrontalière et de la mobilisation des communautés pour atteindre cet objectif.

Les Ministres de la santé du Cameroun, de la République centrafricaine (RCA) et du Tchad se sont engagés à intensifier leurs efforts pour éradiquer la maladie du ver de Guinée d’ici à 2030, conformément à la feuille de route visant à éradiquer les maladies tropicales négligées d’ici à la fin de la décennie.

Présidée par le Premier ministre ALLAH MAYE HALIMA, cette rencontre a permis de mobiliser les ressources nécessaires et de renforcer la collaboration entre les différents acteurs impliqués dans la lutte contre cette maladie parasitaire. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a réaffirmé le soutien de son organisation au Tchad, soulignant la nécessité de renforcer le système de santé pour venir à bout de cette maladie.

Le Tchad, qui a signé la Déclaration d’Abu Dhabi en 2022, a déjà mis en œuvre plusieurs actions concrètes, notamment le renforcement de la surveillance dans les zones à risque et la sensibilisation des populations. Les participants à la réunion ont adopté la Déclaration de N’Djamena, réaffirmant leur détermination à éradiquer le ver de Guinée et à renforcer la coopération régionale.

Le Tchad a célébré la  semaine africaine de la vaccination couplée au 50è anniversaire du PEV.

La salle des conférences du Ministère tchadien des affaires étrangères a servi de cadre le mardi 02 juillet 2024 pour cette célébration placée sous le haut patronage du premier ministre Chef du gouvernement, ALLAH MAYE HALIMA.

Placée sous le thème « sauver des vies grâce à la vaccination est humainement possible », la cérémonie a réuni plusieurs membres du gouvernement, plusieurs partenaires techniques et financiers du système de santé, du gouverneur de la ville de Ndjamena, des directeurs centraux du ministère de la santé et de la communication, des chefs traditionnels, des mères d’enfants et plusieurs autres invités.

Prenant la parole pour son mot d’ouverture, son Excellence ABDELMADJID A. MAHAMAT, Ministre de la Santé Publique, représentant personnel du premier ministre Chef du gouvernement empêché a tenu à remercier tous les invités présents à la cérémonie et a souligné que le président de la République du Tchad, MAHAMAT DEBY ITNO a placé ce gouvernement comme un gouvernement d’action et d’obligation des résultats, d’où la santé demeure l’une de ses préoccupations majeures.

Il exhorte tous les collaborateurs de s’y impliquer car le domaine de la santé ne peut être uniquement réservé au ministère de la santé, mais la guerre doit être collective, mais également avec tous les pays frontaliers du Tchad  d’où une campagne transfrontalière.

La semaine africaine de vaccination a été adoptée en 2011 par le comité régional à Malabo et elle est célébrée chaque dernière semaine du mois d’avril en même temps que la journée mondiale de vaccination et elle vise à sensibiliser le grand public à la nécessité et au droit de chaque personne d’être protégée contre les maladies que l’on peut prévenir au moyen de la vaccination.

Cette année, la célébration dans le monde est couplée à celle des 50 ans d’existence du PEV.

Cette célébration témoin également des efforts collectifs des acteurs de la santé public pour sauver et changer la vie d’innombrables personnes en offrant une protection contre les maladies à prévention vaccinales et a appelé les pays à investir d’avantage dans le programme de vaccination afin de protéger les générations futures.

La mise en œuvre annuelle de cette semaine africaine de vaccination se fait dans un cadre global de toutes les initiatives régionales visant à faire prendre conscience de l’importance tout au long de la vie et à faire respecter l’accès universel de chaque citoyen à ce service de prévention essentiel quel que soit son âge et son pays.

Au moment où le Tchad célèbre en différé cette semaine, les partenaires techniques et financiers de la vaccination notamment OMS, UNICEF, Gavi et les autres félicitent le gouvernement qui en 40 ans a permis au PEV de doubler le nombre de vaccins offerts à la population. Ce nombre est passé de 6 en 1984 à 13 actuellement dans le calendrier vaccinal du pays et cela a réduit considérablement les décès dûs aux maladies évitables par la vaccination.

Actuellement le Tchad compte réduire ce nombre de 13 à 16 à la fin de l’année 2024 car il est programmé d’introduire les vaccins contre les infections  pneumocoques, la diarrhée à rotavirus et le paludisme au mois d’octobre.

D’autres succès majeurs ont été réalisés notamment l’introduction de la circulation du polio virus sauvage en 2016, l’élimination du TNN comme problème de santé public en 2019, la vaccination de plus de 5 millions de personnes âgées de 18 ans et plus, contre la COVID 19 pendant la pandémie de cette maladie. Les progrès sont aussi remarquables en termes de couverture vaccinale qui est passée de 37 à 67% d’enfants vaccinés à la troisième dose des vaccins.

Quelques résultats obtenus grâce à la vaccination dans le monde:

Depuis 1974, la vaccination a permis d’éviter plus de 154 millions de décès dont 146 millions d’enfants de moins de 5 ans; la vaccination contre la rougeole a représenté 60 % de bénéfice total de la vaccination sur cette période de 50 ans. Ainsi près de 154 millions de vies sauvées depuis 1974, environ 94 millions l’ont été grâce au vaccin contre la rougeole; la mortalité mondiale a considérablement diminué depuis 1974, et la vaccination est responsable pour 40%.

Grâce à un partenariat public- privé unique entre  les partenaires techniques et financiers, les cas du polio ont été réduits de plus de 99% dans le monde. Il est important de s’unir d’avantage et dans un élan de solidarité et de communication pour vaincre les dernières poches de résistance de ces virus dont la surveillance constitue encore une urgence ainsi que plusieurs d’autres maladies évitables par les moyens de la vaccination.

Après avoir réalisé quelques doses des vaccins aux enfants de moins de 5 ans, la semaine africaine de vaccination a été officiellement l’année par le Ministre de la santé publique, représentant personnel du premier ministre Chef du gouvernement pour une campagne qui va s’étendre jusqu’au 8 juillet 2024 sur toute l’étendue du territoire national.

Le Ministère de la Santé Publique a fait le bilan et perspectives du système sanitaire.

Le Ministre de la Santé Publique, le Dr Abdelmadjid Abderahim a présidé le samedi 07 septembre 2024 dans la salle multimédia de son département ministériel une communication relative au bilan et perspectives du système sanitaire au Tchad où un accent a été mis sur l’épidémie de variole de singe et les inondations.

Après avoir remercié les participants à la cérémonie, parmi lesquels ses proches collaborateurs, les partenaires techniques ainsi que les parlementaires et aussi plusieurs organes des médias publics et privés, a tenu d’abord à préciser que le système sanitaire au Tchad a quatre composantes à savoir : le niveau central, le niveau intermédiaire, le niveau opérationnel et l’aspect communautaire qui est d’ailleurs très importante.

Malgré la fragilité du système de santé au Tchad, celui-ci demeure résilient a-t-il ajouté, et l’objectif du gouvernement est de moderniser le système sanitaire du pays.

Le MINSANTE déclare que le pays en plus des conflits qui sévissent à ses frontières notamment au Soudan et au Cameroun où la secte Boko Haram effectue des exactions, se trouve à nouveau confronté à la menace de l’épidémie de variole de singe et aussi fait face aux inondations.

La santé n’étant pas seulement l’apanage du ministère de la santé publique, chaque tchadien doit y apporter son concours en contribuant de manière énergique contre ces défis.

La malnutrition, un défi majeur qui nécessite l’implication de tous:

Les statistiques montrent qu’il y a 43% des mortalités infantiles, 30% des enfants souffrants d’un retard de croissance. Cependant, la mortalité infantile associée à la sous nutrition a réduit de 13% et le coût annuels associés à la sous nutrition sont estimés à 575 millions de francs CFA soit 9,5% du PIB.

Signalons que la moitié des ménages (45%) n’aurait pas accès à une alimentation nutritive au Tchad.

En 2024, 8 millions d’enfants au Tchad risque d’être exposés à la malnutrition aiguë sévère dont 530 000 MAS et 5,5 millions souffrants de malnutrition chronique.

Notons que les enfants victimes de la malnutrition sont 9 fois plus à risque de mourir et à cet effet, le Tchad a pris des engagements en faveur de la réalité de la nutrition avec des partenaires de la santé au Tchad par le lancement de 4 unités de production de farine infantile PROFORT en 2019 et de 12 unités de production de farine infantile AFOR en 2020.

La maladie Rénale chronique au Tchad, un fardeau pour le pays:

Il faut noter que les causes principales de cette maladie sont : l’HTA, le diabète, la goutte, l’alcool-tabac et autres consommation des médicaments de la rue.

La prévalence montre que sur 2116 personnes atteintes du HTA, 382 présentent la maladie Rénale chronique soit 18%, sur 2107 atteintes du diabète, 443 présentent le risque de la maladie Rénale soit 21%…

Rappelons que coût direct d’une séance est évalué entre 150.000 et 200.000FCFA et cela reste largement cher pour un tchadien moyen surtout que les séances de dialyses sont comprises entre 2 et 3 par semaine. Heureusement que cette charge est assumée par l’État, mais le pays ne dispose pas des structures spécialisées dans les provinces.

Il faut noter 2 CHU: RN et R avec 25 générateurs et qui soignent entre 100 et 120 patients en dialyse chronique.

Il est important que les presses et autres leaders d’opinions sensibilisent les communautés sur l’importance de la fréquentation des structures sanitaires et sur le danger de la consommation des médicaments de la rue et aussi sur les causes liées à l’alcool-

L’épidémie de la variole de singe:

Le virus de la variole du singe est une maladie infectieuse provoquée par le contact avec un animal ou par la consommation de la viande d’un animal contaminé.

Cette épidémie qui a connu sa flambée en 1958 pour la première fois, menace les pays voisins du Tchad, notamment le Cameroun et la RCA.

Le Ministère de la Santé Publique a d’ores et déjà mis sur pied un comité ad-hoc pour palier à la situation. 58 cas suspects ont été détectés mais ont été déclarés négatifs.

17 points d’entrées de frontières sont sous surveillance et le Tchad dispose des médecins capables d’y faire face avec des structures sanitaires conséquentes.

Il faut noter que cette maladie se caractérise par une éruption cutanée qui peut être isolée ou précédée ou accompagnée d’une fièvre et de ganglions.

Le  virus Mpox peut être transmis par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes (salive, éternuements, postillons…) et par contact indirect avec l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselles, linges de bain, rapport sexuel…)

La période d’incubation dure généralement de 2 à 3 semaines.

Accélérer les progrès vers l’atteinte des cibles du programme politique du Président de la République et du PNDS4:

Dans l’analyse des tendances de la mortalité générale au Tchad, le PP-PR cible la santé et le bien être de différentes manières : en prévenant les décès évitables chez les jeunes et les mères, en mettant fin aux épidémies de SIDA, tuberculose, paludisme et les maladies tropicales négligées, et d’autres maladies infectieuses ou non transmissibles et en favorisant des comportements seins afin de diminuer l’abus des substances et les accidents de la route.

L’objectif prévoie également un accès universel à la santé sexuelle et reproductive et à la couverture de santé universelle.

Les tendances de la mortalité néonatale montrent ceci: 45/1000 en 1996 contre 33/1000 en 2019 et l’objectif est d’atteindre 20/1000 en 2030; sur l’analyse des tendances de la mortalité infantile, c’est 180/1000 en 1964 contre 78/1000 en 2019 et l’objectif est d’atteindre 37/1000 en 2030; pour l’analyse des tendances de la mortalité infanto-juvenile, c’est 194/1000 en 1096 contre 122/1000 et l’objectif est d’atteindre 74/1000 en 2030.

Pénurie en ressources humaines:

Les ressources humaines pour la santé jouent un rôle essentiel dans la promotion de la santé, la prévention des maladies et la surveillance sanitaire afin de contribuer au développement économique d’un pays. C’est pourquoi, la présence d’un personnel soignant de qualité et d’un ensemble de compétences s’avère nécessaires pour assurer une couverture sanitaire adéquate.

Nyngaina Félix

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