Tuberculose pédiatre : Les enfants de moins de 15 ans parents pauvres de la prise en charge

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Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’absence de tests diagnostiques précis de la tuberculose chez cette catégorie de personnes, constitue un autre obstacle majeur, contribuant aux risques de sous-diagnostic et de surdiagnostic de la tuberculose, l’illusion selon laquelle la tuberculose de l’enfant disparaîtra d’elle-même si la tuberculose est maîtrisée dans la population adulte, contribue à l’augmentation des cas, une confiance aveugle dans l’efficacité protectrice du vaccin par le bacille Calmette-Guérin (BCG), est un obstacle majeur dans la lutte contre la tuberculose au Cameroun.

Chaque jour, près de 400 enfants meurent de la tuberculosis, une maladie pourtant évitable et guérissable. Au moins un million d’enfants contractent la tuberculose chaque année et ont des difficultés à suivre le traitement, souvent mal adapté aux enfants. Chez les enfants, il arrive souvent qu’une tuberculose passe inaperçue en raison des symptômes peu spécifiques de la maladie et des difficultés liées à son diagnostic. Un séjour à l’hôpital de district d’Efoulan, dans le 3ème arrondissement de la ville de Yaoundé, nous permet de mesuré l’ampleur de ce mal, qui décime les enfants. Yuan, âgé de 10 ans, souffre de tuberculose. Il a contracté la maladie au camp des réfugiés à Douala, au quartier New-Bell. « Je suis une refugiée centrafricaine qui s’est installée au Cameroun à cause de la guerre dans mon pays. J’ai été violée et contaminée au VIH/SIDA. Mon enfant est né séropositif et comme nous vivions au camp, il y avait des personnes malades et ils ont contaminé mon fils », confie d’une voie mélancolique, Jeanne Bissa, âgée 37 ans. Les enfants sont plus vulnérables que les adultes et requièrent une attention et des soins particuliers, selon l’OMS. Par rapport aux adultes, ils encourent un risque accru de progression de l’infection tuberculeuse primaire vers la tuberculose-maladie. Ils constituent donc un groupe cible important pour le traitement préventif. L’OMS recommande de prendre en charge tous les enfants atteints conformément à la Stratégie Halte à la tuberculose.

Le rôle des  agents communautaires de l’ONG-FIS

Cette jeune Dame, a bénéficié d’une bourse de formation de l’ONG Trauma Center à Yaoundé. A peine entamé sa formation en couture, les agents communautaires de l’ONG-FIS l’ont détecté et référé pour une prise en charge gratuite, à l’hôpital de district d’Efoulan. « Mon enfant était toujours malade, et il avait du mal à respirer. Quand nous sommes arrivés à l’Hôpital de district d’Efoulan, le docteur a prescrit une radio du thorax, laquelle a démontré que mon fils souffre de la tuberculose », explique-t-elle, les yeux larmoyants. Apres deux semaines de prise en charge, le gamin a retrouvé sa vitalité d’antan. « D’abord, quand on détecte la mère le 1er jour, on la met sous traitement, et le lendemain, elle vient avec les enfants. Ils ne sont plus à notre niveau, sauf s’ils ont d’autres pathologies. L’enfant prend son médicament et rentre à la maison sans problème. C’est la mère qui vient prendre le traitement de l’enfant que celui-ci prend pendant 3 mois et lorsqu’il faut faire le suivi de l’enfant, c’est à ce moment-là que la maman, nous ramène le cas de l’enfant », détaille Mélanie Noah, personnel de santé à l’HD d’Efoulan. Le diagnostic de la tuberculose est souvent plus complexes chez l’enfant que chez l’adulte, car les enfants peuvent produire facilement des expectorations et contractent plus fréquemment une tuberculose extrapulmonaire nécessitant une consultation spécialisée. Les enfants sont aussi plus vulnérables à la méningite tuberculeuse et à la tuberculose miliaire, deux formes de tuberculose extrapulmonaire plus difficiles à traiter que la tuberculose pulmonaire et associées à des complications médicales.

D’après la responsable de l’unité de prise en charge de la tuberculose pédiatrique à l’Hôpital de district d’Efoulan, pour le compte de l’année 2024, plus 20 cas de tuberculose pédiatrique ont été enregistrés. « Quand déjà le patient présente les signes tels que la toux à longue durée, la fièvre, la perte de poids et il a déjà pris les médicaments et les antibiotiques et les symptômes persistent, alors, nous faisons un test de crachat au patient et si après le test est positif, nous le conduisons chez le médecin qui va mettre ce dernier sous traitement », explique la cheffe de l’unité de prise ne charge des tuberculeux à l’HD d’Efoulan.

La tuberculose pédiatrique est méconnue d’une bonne frange de la population

L’existence de la tuberculose pédiatrique est méconnue d’une bonne frange de la population camerounaise. Pourtant, elle est réelle et concerne les enfants de 0 à 14 ans qui sont en contact avec les parents malades. 25 705 nouveaux cas de tuberculose sensible, toutes formes confondues, ont été notifiés en 2023, dont 1445 (5.6%) sont des enfants de moins de 15 ans, ainsi que 181 cas de tuberculose multirésistante. 1172 cas en 2020, soit 5,1% des 22 000 malades que compte en tout le Cameroun. En 2019, ce sont 1 263 enfants malades qui ont été enregistrés au Cameroun.   Toujours en 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que sur 6000 cas potentiels de tuberculose chez l’enfant, seulement 1261 cas ont été identifiés. Soit près de 78% de cas non diagnostiqués. Cette proportion s’établit à 69% pour les enfants de moins de 5 ans et à 40% pour la tranche de 5 à 14 ans. Malgré de nombreuses initiatives qui ont permis de réduire très considérablement l’impact de la maladie au sein de la population, le pays reste toujours dans une situation préoccupante à savoir: la sous notification des cas de tuberculose  toutes formes confondues. Face à ce constat, l’OMS incite à la mise au point d’un kit accessible et adapté aux infrastructures sanitaires des pays en développement. Fondée en 2020, Epilab s’est fixé comme objectif de relever le défi avec la mise au point d’un test de diagnostic de la tuberculose portatif, simple d’utilisation et fiable.

Les patients font aussi face à une barrière financière parce que l’examen microscopique

Le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT) n’a pas développé un partenariat ou une forme quelconque de collaboration avec le programme PCIME, les sociétés pédiatriques ou les pédiatres du secteur privé lucratif. Les patients font aussi face à une barrière financière parce que l’examen microscopique coûte 1 000 francs et les tests moléculaires, quoique subventionnés, ne sont pas partout gratuits. En plus, nous notons également, la conviction erronée que la tuberculose de l’enfant n’est pas une réelle priorité en termes de santé publique, parce que les enfants tuberculeux sont généralement moins contagieux que les adultes. L’illusion selon laquelle la tuberculose de l’enfant disparaîtra d’elle-même si la tuberculose est maîtrisée dans la population adulte. Une confiance aveugle dans l’efficacité protectrice du vaccin par le bacille Calmette-Guérin (BCG): même s’il a été démontré que le vaccin BCG prévient environ 60 % à 90 % des cas de méningite tuberculeuse et de tuberculose miliaire chez les jeunes enfants, il ne peut pas prévenir une proportion suffisante de cas, chez les enfants ou les adultes, pour être considéré comme une mesure efficace de maîtrise de la tuberculose.

Étudier et évaluer les stratégies les mieux adaptées à la prévention et la prise en charge de la tuberculose de l’enfant

Comme solution, il faut inclure les besoins des enfants et des adolescents dans la recherche, l’élaborer des politiques et la pratique clinique, recueillir et notifier des données plus complètes, y compris sur les mesures de prévention, élaborer des documents de référence et de formation sur la tuberculose de l’enfant à l’intention des agents de santé, promouvoir une expertise et une autorité locales parmi les professionnels de la santé de l’enfant, à tous les niveaux des systèmes de santé, saisir les occasions critiques d’intervention, mobiliser les principales parties prenantes et établir une communication et une collaboration efficaces au sein du secteur de la santé, ainsi qu’avec d’autres secteurs concernés par les déterminants sociaux de la santé et l’accès aux soins, définir des stratégies intégrées axées sur la famille et la communauté pour fournir des prestations complètes et efficaces au niveau communautaire, combler les lacunes de la recherche dans les domaines de l’épidémiologie, de la recherche fondamentale et de la mise au point de nouveaux outils ainsi que les lacunes de la recherche opérationnelle et de la recherche portant sur les systèmes et services de santé, combler tous les déficits de financement pour la lutte contre la tuberculose de l’enfant aux niveaux national et mondial et établir des coalitions et partenariats pour étudier et évaluer les stratégies les mieux adaptées à la prévention et la prise en charge de la tuberculose de l’enfant ainsi qu’au perfectionnement des outils diagnostiques et thérapeutiques.

Elvis Serge NSAA

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