Viande vendue au marché abattoir de Maroua : Manque d’hygiène préoccupant du transport à la vente.

À Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, la viande vendue au dit  “marché abattoir” est exposée à de graves risques sanitaires, aussi bien pendant son transport que lors de sa vente. La gestion de l’hygiène laisse à désirer, ce qui suscite des préoccupations parmi les consommateurs et les professionnels de la santé. Une situation qui met en lumière l’inefficacité des contrôles sanitaires et les dangers pour la santé publique.

Le marché abattoir de Maroua, principal point de vente de viande dans cette ville située dans l’Extreme-nord du Cameroun, est un lieu animé où les commerçants et les consommateurs se rencontrent chaque jour. Cependant, ce lieu, censé fournir des produits alimentaires sains, est le théâtre d’une problématique majeure : un manque d’hygiène flagrant, tant pendant le transport de la viande que lors de sa vente. Cette situation met en danger la santé des acheteurs, tout en exposant les failles du système de contrôle sanitaire.

Un transport de viande dans des conditions déplorables

Le transport de la viande depuis les abattoirs jusqu’au marché est l’une des premières étapes où l’hygiène est négligée. Les carcasses de viande sont généralement transportées dans des tricycles plein de saletés, ouverts, sans protection contre la poussière, la chaleur et la pollution. Ces conditions sont particulièrement problématiques en raison des températures élevées qui caractérisent la région pendant une grande partie de l’année.

Les morceaux de viande sont transportés à l’air libre, parfois en vrac, ce qui expose la viande à la contamination par des agents pathogènes tels que des bactéries ou des virus. Les normes d’hygiène élémentaires, comme le recours à des caisses hermétiques ou à des véhicules réfrigérés, sont rarement respectées. Le risque de prolifération microbienne est donc élevé, ce qui rend cette viande potentiellement dangereuse pour la santé des consommateurs.

Une fois arrivée sur le marché abattoir, la viande est mise en vente dans des conditions qui laissent encore plus à désirer. Les étals sont souvent installés à même le sol, dans des espaces poussiéreux et mal aérés. Le manque de réfrigération est flagrant. Les morceaux de viande sont généralement disposés sans protection, exposés à la chaleur et à l’humidité. À plusieurs reprises, des commerçants ont été aperçus manipulant la viande sans gants, un manquement grave aux règles d’hygiène de base. Cette négligence permet aux micro-organismes de se multiplier rapidement, augmentant ainsi le risque de maladies d’origine alimentaire.

Il est fréquent que les morceaux de viande soient découpés et vendus sans avoir été conservés à une température optimale. L’absence d’une chaîne du froid continue est un facteur aggravant qui nuit considérablement à la sécurité sanitaire des produits. En conséquence, des viandes mal conservées peuvent causer des infections bactériennes graves, telles que la salmonelle ou l’Escherichia coli.

Les acheteurs du marché abattoir de Maroua sont bien conscients des risques que représentent ces conditions de vente. Nombreux sont ceux qui expriment leurs préoccupations concernant la qualité de la viande. Un habitant de Maroua, interrogé sur le sujet, confie : « Nous achetons de la viande par nécessité, mais nous avons toujours des doutes sur sa fraîcheur et son hygiène. Les conditions de transport et de vente sont loin d’être rassurantes. » Un autre consommateur ajoute : « Ce n’est pas facile d’acheter ici, on n’est jamais sûr de ce qu’on mange. »

Cette méfiance est partagée par de nombreux citoyens qui se retrouvent dans une situation où, faute de choix, ils continuent d’acheter de la viande, malgré leurs inquiétudes. Le coût de la viande est également un facteur déterminant, car pour beaucoup, il n’existe pas d’alternatives bon marché.

Le personnel sanitaire : une vigilance insuffisante

Le personnel sanitaire, bien que conscient des risques sanitaires associés à cette situation, ne semble pas avoir les moyens nécessaires pour garantir une surveillance efficace. Les contrôles sont sporadiques et ne couvrent qu’une partie des commerçants. Selon un agent de santé, qui préfère rester anonyme, les inspections sont rares, et les infractions sont souvent ignorées en raison du manque de moyens. « Nous n’avons pas assez de personnel pour effectuer des contrôles réguliers. Nous manquons de ressources pour intervenir efficacement. Parfois, nous devons nous contenter de faire quelques vérifications ponctuelles », explique-t-il.

Les autorités sanitaires locales reconnaissent l’ampleur du problème, mais l’insuffisance des moyens financiers et logistiques pour améliorer la situation constitue un obstacle majeur. Par ailleurs, la formation des commerçants sur les pratiques sanitaires reste insuffisante. « Il faudrait organiser davantage de formations sur les bonnes pratiques d’hygiène, mais aussi fournir des équipements adaptés, comme des réfrigérateurs et des espaces de vente conformes aux normes », ajoute l’agent de santé.

Des solutions en vue, mais des défis à surmonter

Face à cette situation préoccupante, plusieurs solutions pourraient améliorer la sécurité alimentaire au marché abattoir de Maroua. La mise en place d’un véritable contrôle sanitaire régulier est primordiale. Cela inclut des inspections systématiques de la viande à chaque étape de son transport et de sa vente. En outre, la construction d’infrastructures modernes de réfrigération et d’étals de vente mieux conçus est une urgence pour garantir la sécurité des produits alimentaires.

La sensibilisation des commerçants et des consommateurs à l’importance de l’hygiène, ainsi que l’installation d’un système de contrôle plus rigoureux, sont des actions qui nécessitent des investissements conséquents, mais qui pourraient sauver des vies en réduisant les risques de contamination. Le soutien des autorités locales, ainsi que des ONG spécialisées en sécurité alimentaire, pourrait permettre de mieux encadrer le secteur et d’assurer des conditions de vente plus sûres.

Samuel ADJEWA