Cameroun : les tradipraticiens à l’école à la faculté de médecine de Yaoundé
Du 27 au 30 août 2019, les professionnels de la médecine traditionnelle vont apprendre à fabriquer les médicaments traditionnels améliorés susceptibles d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM) au cours d’un séminaire organisé par le Département de Pharmacologie et de Médecine Traditionnelle de la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de Yaoundé.
Au Cameroun, l’usage du médicament traditionnel prend une ampleur considérable. Dans certains hôpitaux publics et privés, médecins modernes et tradipraticiens de santé travaillent en collaboration pour soigner les cas jugés délicats. Pourtant, la médecine traditionnelle demeure un sujet tabou dans l’imagerie populaire. Elle est ancrée dans la culture africaine. Malgré ses inconvénients, elle attire toujours des foules. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), 80% des populations rurales vivant dans les pays en développement sont tributaires de la médecine traditionnelle pour leur besoin de santé primaire. Or, il est noté de nombreux problèmes dans ce genre de médecine, notamment de diagnostic et de posologie. De nombreux ménages camerounais recourent en premier lieu à la médecine traditionnelle en cas d’ennuis de santé. La pauvreté ambiante ne facilite pas l’accès aux soins et une importante couche de la société vit au rythme des traditions.
« Au cours de cet atelier de formation, il s’agira de former des tradipraticiens de santé (TPS) aux notions essentielles suivantes : bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication des médicaments traditionnels améliorés (MTA) ; Botanique et Ecologie élémentaire ; Méthodes d’extraction des substances potentiellement actives ; Précautions et toxicité des plantes ; Organisation, Ethique et Déontologie de la pratique de la Médecine Traditionnelle ; Culture et conservation des plantes médicinales », explique le Dr Rose Ngono Mballa, Chef de Département de Pharmacologie et de Médecine Traditionnelle, Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales, Université de Yaoundé 1.
L’Afrique a célébré le 31 août 2018, la journée africaine de la médecine traditionnelle sous le thème : « Le rôle des Tradipraticiens de Santé dans les soins de santé primaire ». Derrière cet intitulé, apparaît une volonté des dirigeants africains de promouvoir la médecine traditionnelle tout en veillant à ce que ce système de santé soit réglementé et contrôlé pour un meilleur suivi médical des malades.
Au terme de cet atelier, les apprenants (Tradipraticiens de Santé) seront capables à fabriquer des MTA susceptibles d’obtenir l’AMM (autorisation de mise sur le marché) délivrée par la Commission Spécialisée de Phytomédicaments et de Techniques Thérapeutiques Alternatives du Minsante. C’est un nouveau jour pour la médecine traditionnelle au Cameroun.
Joseph MBENG BOUM