Contrebande : L’ONUDC alerte sur les sirops contre la toux et faux médicaments
Selon le rapport d’évaluation des menaces de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), au 27 mai 2023, les médicaments de qualité inférieure ou contrefaits, comme le sirop de contrebande pour bébés, tuent près d’un demi-million d’Africains subsahariens chaque année.
Au cours de l’année 2022, 70 bébés et jeunes enfants gambiens sont morts d’une insuffisance rénale après avoir ingéré du sirop pour la toux distribué à la cuillère par les personnes qui s’occupaient d’eux. Au Cameroun, environ 10 enfants sont passés de vie à trépas après avoir pris Naturcold un sirop contre la toux. Le rapport de l’ONUDC, explique comment les pays du Sahel, une bande de 6 000 kilomètres de large qui s’étend de la mer Rouge à l’Atlantique et qui abrite 300 millions de personnes, unissent leurs forces pour stopper les faux médicaments à leurs frontières et demander des comptes à leurs auteurs. Les soins de santé sont rares dans la région, où l’incidence du paludisme est l’une des plus élevées au monde et où les maladies infectieuses sont l’une des principales causes de décès. « Cette disparité entre l’offre et la demande de soins médicaux est au moins partiellement comblée par des médicaments fournis par le marché illégal pour traiter des maladies ou des symptômes auto-diagnostiqués », indique le rapport, expliquant que les marchés de rue et les vendeurs non autorisés, en particulier dans les zones rurales ou touchées par un conflit, sont parfois les seules sources de médicaments et de produits pharmaceutiques.
Par ailleurs, le rapport montre que le coût du commerce illégal de médicaments est élevé, en termes de soins de santé et de vies humaines. Les médicaments antipaludiques contrefaits ou de qualité inférieure tuent pas moins de 267.000 Sahéliens chaque année. Près de 170.000 enfants meurent chaque année à cause d’antibiotiques non autorisés utilisés pour traiter des pneumonies graves. La corruption est l’une des principales raisons pour lesquelles ce commerce est autorisé à prospérer. Environ 40% des produits médicaux non conformes aux normes et falsifiés signalés dans les pays du Sahel entre 2013 et 2021 atterrissent dans la chaîne d’approvisionnement réglementée, selon le rapport. Les produits détournés de la chaîne d’approvisionnement légale proviennent généralement de pays exportateurs tels que la Belgique, la Chine, la France et l’Inde et certains se retrouvent sur les étagères des pharmacies.
Des pistes de solutions
Les efforts en matière de répression et de justice qui protègent la chaîne d’approvisionnement légale devraient être une priorité, a déclaré l’ONUDC, soulignant la saisie de quelque 605 tonnes de faux médicaments entre 2017 et 2021 par les autorités de la région. L’opération Pangea, par exemple, coordonnée par INTERPOL, partenaire de l’ONU, dans 90 pays, a ciblé les ventes en ligne de produits pharmaceutiques. Les résultats ont vu les saisies d’antiviraux non autorisés augmenter de 18% et celles de chloroquine non autorisée, pour traiter le paludisme, de 100%. « Les groupes criminels organisés transnationaux profitent des lacunes de la réglementation et de la surveillance nationales pour vendre des produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés. Nous devons aider les pays à accroître leur coopération pour combler les lacunes, renforcer les capacités des services de détection et de répression et de la justice pénale, et sensibiliser le public pour assurer la sécurité des personnes», a déclaré Ghada Waly, Directrice exécutive de l’ONUDC. En outre, l’OMS a lancé le système mondial de surveillance et de suivi, pour travailler avec un mécanisme des États membres sur les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés, surveiller les produits et émettre des alertes à l’intention de ses 194 membres. La vision stratégique de l’ONUDC pour l’Afrique en 2030 prévoit une meilleure protection contre les produits médicaux falsifiés, et ses bonnes pratiques législatives en matière de lutte contre la criminalité liée aux produits médicaux falsifiés aident les pays à adopter une législation et à protéger la santé publique. Aussi, l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’ONUDC ont lancé un programme de contrôle des conteneurs dans 70 pays afin d’aider les autorités à échanger des informations et à sécuriser la chaîne d’approvisionnement.
Divine KANANYET/news.un.org