Lutte contre les Maladies tropicales négligées: FAIDMED étale son projet de lutte pour les quatre prochaines années

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En synergie avec le ministère de la Santé publique, le Country Coordinator de FAIRMED, Ferdinand Mou, a lancé officiellement le 28 décembre 2023, à l’Hôpital de district de Malantouen, dans le département du Noun, région de l’Ouest, le projet de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN) cutanées et accès aux soins des populations vulnérables dans les districts de santé de Malantouen, Yoko et Bankim pour 2023-2027.

Les bénéficiaires directs de ce projet sont estimés à 32 574 personnes soit 16613 femmes (51%) et 15 961 hommes et les bénéficiaires indirects à plus de 200 000 habitants, soit 102 000 femmes et 98 000 hommes, constitués des groupes ethniques dominants que sont les Tikar et les Bamoun, ainsi que les Bedzang.
Abdel souffre de l’ulcère de Buruli depuis près de deux. Ce quadragénaire, natif du département du Noun, a fait le tour des marabouts de la région de l’Ouest, sans succès. « Ma maladie a commencé comme une blague. Un bon matin à mon réveille, j’ai ressenti une douleur au niveau de ma cheville. Comme je suis un chasseur, j’ai certainement contracté cette maladie, lors d’une partie de chasse », explique le paysan avec une mine d’enterrement. Au début de la maladie, il pensait qu’il était victime d’un sort. C’est ainsi qu’il a ingurgité plusieurs décoctions sans succès.
Les MTN figurent parmi les priorités de santé du Gouvernement
Cet autochtone de la communauté de Bedzang a retrouvé sa santé grâce FAIRMED. « Les Maladies Tropicales Négligées sont une réalité à Ngambè-Tikar, parce que le cas des plaies chroniques est légion ici. Je peux vous dire que, quand FAIRMED était à Bankim, parmi les patients les plus nombreux, nous avons enregistré les patients qui venaient de Ngambè-Tikar », explique le Maire de la commune éponyme, Matthieu Belinga Iyawa. Au Cameroun, bien que les MTN figurent parmi les priorités de santé du Gouvernement, elles restent géographiquement réparties dans certains districts de santé avec une forte endémicité des géohelminthiases dans tous les districts de Santé. « Si l’on veut revenir sur la moyenne, sur toute la population qui a été recensée, nous avons au moins 17 % de la population qui portait la Maladie Tropicale Négligée (MTN) à expression cutanée qui est le socle de FAIRMED. Il faut dire que dans le socle des MTN, il y a 20 et le Cameroun compte à peu près 15. Et parmi ces 15, les MTN, sont environ 7 », explique le Country Coordinator de FAIRMED, Ferdinand Mou. Les facteurs favorables étant d’une part, le faible accès aux services de base (eau potable et installations sanitaires), l’insuffisance de la pratique des règles d’hygiène individuelle, collective et environnementale et la faible intégration des activités du programme WASH dans la prévention et la prise en charge des MTN d’autre part.
Les MTN affectent particulièrement les populations rurales et pauvres
Tout comme Abdel, plusieurs habitants dans les districts de santé de Malantouen et Yoko, sont des « otages » des Maladies Tropicales Négligées (MTN), jusqu’à ce FAIRMED-Cameroun fasse irruption pour briser ce cercle vicieux de la pauvreté. Afin d’éradiquer les MTN, dans cette aire de santé, Ferdinand Mou, Country Coordinator de FAIRMED-Cameroun, a lancé officiellement le projet de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN) cutanées et accès aux soins des populations vulnérables dans le districts de santé de Malantouen, Yoko et Bankim pour 2023-2027, le 28 décembre 2023, à la Mairie de Malantouen. « Nous sommes donc très contents que la Commune de Ngambè-Tikar soit intégrée dans ce programme. Nous fondons beaucoup d’espoir sur ce programme. Nous pensons que cela permettra de résoudre l’un des problèmes de santé publique de Ngambè-Tikar. Notamment en ce qui concerne le peuple autochtone Bedzang, qui est le peuple le plus vulnérable en ce qui concerne les problèmes de santé publique », confie le Maire de de Ngambè-Tikar. L’un des principaux objectifs de ce programme consiste à renforcer les services sanitaires en général et les services de chirurgie en particulier, de façon à ce que les patients requérant une intervention puissent accéder à des soins de qualité.
L’arrondissement de Malantouen est en manque de ce genre d’initiative
La dite cérémonie a été présidée par le sous-préfet de l’arrondissement de Malantouen, département du Noun, région de l’ouest, Constantin Aristide Ngoang. Il était accompagné des Maires de Magba, Ngambé Tikar et Malantouen, le représentant du délégué régional de la Santé publique de l’Ouest, le Chefs des Districts de Santé de Yoko et Malantouen, Country Coordinator FAIRMED-Cameroun, Ferdinand Mou et le Directeur hôpital de district de Malantouen. « Je vous ai dit, lors de ma prise de parole, que l’initiative était salutaire. Que l’arrondissement de Malantouen est en manque de ce genre d’initiative. Elle paraît capitale, où le traitement de ce type de maladie pris en compte n’est pas évident dans ce type d’arrondissement. Les populations sont parfois obligées de s’auto-prescrire des médicaments, qui au lieu de solutionner les problèmes qu’ils ont, les aggravent plutôt. Donc, c’est une joie d’accueillir cette initiative. Elle est salutaire tout simplement », se réjouit le sous-préfet de Malantouen, Constantin Aristide Ngoang.
Plus d’un milliard de personnes souffrent de MTN
Ce projet qui s’étend sur quatre ans vise à améliorer l’accès aux services de santé pour les populations pauvres, vulnérables et marginalisées (femme enceinte, patient MTN, PSH, peuple autochtone) dans les districts de santé de Malantouen et Yoko. Les bénéficiaires directs de ce projet sont estimés à 32 574 personnes soit 16613 femmes (51%) et 15 961 hommes et les bénéficiaires indirects à plus de 200 000 habitants, soit 102 000 femmes et 98 000 hommes, constitués des groupes ethniques dominants que sont les Tikar et les Bamoun, ainsi que les Bedzang. Par ailleurs, la zone du projet accueille des personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont fui la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
23 cas d’ulcère de Buruli ont été détectés ; 4 cas de lèpre ; 120 cas de pian
Dans le monde, plus d’un milliard de personnes souffrent de Maladies Tropicales Négligées dont 40 % vivent en Afrique. Pour une prise en charge holistique, une étude épidémiologique de terrain a été effectuée par les équipes de FAIRMED, en décembre 2022. Cette étude a révélé que plus de la moitié de la population a des connaissances limitées sur les MTN. Par exemple: 23 cas d’ulcère de Buruli ont été détectés ; 4 cas de lèpre ; 120 cas de pian. Pour ceux qui sont sous traitement, nous avons 6 cas d’ulcère de Buruli et 4 cas de lèpre. Ces statistiques qui donnent froid au dos ont amené le Maire de Ngambè-Tikar, à pousser un coup de gueule. « Je voudrais déjà dire que Ngambè-Tikar est une commune enclavée. Sur le plan de la santé publique, nous avons beaucoup de problèmes. Les formations sanitaires sont insuffisantes, nous n’avons pas de district de santé. Une initiative de ce genre est une très bonne initiative qui va certainement apporter un appui à nos populations qui souffrent sérieusement des problèmes de santé. Nous voulons également profiter de cette tribune que vous nous présentez, pour présenter notre doléance phare au ministre de la Santé publique, la création d’un hôpital de district à Ngambè-Tikar », a demandé Matthieu Belinga Iyawa.
Informer et à éduquer les populations sur les MTN.
Le ministère de la Santé publique, à travers le Programme national de lutte contre l’ulcère de Buruli, met en place tout un mécanisme et des moyens pour combattre et éradiquer cette maladie. Nous avons par exemple, la communication pour le changement de comportement. Dans l’ensemble, les objectifs visent à informer et à éduquer les populations sur les mesures de prévention des MTN. Il est question pour FAIRMED de former les enseignants, leaders traditionnels, les professionnels de santé, des leaders Communautaires à s’investir dans la mise en œuvre des activités de lutte contre les MTN (Trachome, Schistosomiase, Geohelminthiases, filariose et onchocercose) à travers la sensibilisation et le renforcement des capacités des populations au niveau des communautés. Elle permet d’atteindre une large proportion de la cible.
Elvis Serge NSAA

« Nous avons au moins 17 % de la population qui portait la Maladie Tropicale Négligée »
Country Coordinator FAIRMED-Cameroun, Ferdinand Mou
Il faut dire que nous sommes partis des données, que nous avons implémentées dans le district de santé de Bankim, pendant 10 ans. Je prends ulcère de Buruli, sur 530 cas que nous avons traités dans cet hôpital de district, à peu près 180 venaient des districts voisins et les districts dominants étaient le district de santé de Malantouen et le district de santé de Yoko.
Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que, quand nous avons réalisé une enquête l’année dernière, à la même période, c’est-à-dire, décembre 2022, nous avons constaté qu’il y avait encore des cas d’ulcère de Buruli. Si l’on veut revenir sur la moyenne, sur toute la population qui a été recensée, nous avons au moins 17 % de la population qui portait la Maladie Tropicale Négligée (MTN) à expression cutanée qui est le socle de FAIRMED. Il faut dire que dans le socle des MTN, il y a 20 et le Cameroun compte à peu près 15. Et parmi ces 15, les MTN, sont environ 7.
Comment, est-ce que nous allons évoluer ? Je pense que la stratégie nationale du Programme National de Lutte contre les MTN à expression cutanée est claire. Pour résumer, c’est détester le plus tôt possible, référer et traiter. Ça, c’est une approche très simple qui sera accompagnée par les campagnes de sensibilisation, des formations en cascades. Il faut former non seulement le personnel soignant, mais aussi les agents de santé communautaire, il faut même former d’autres secteurs apparentés comme les enseignants, parce que, parmi ces maladies, il y a beaucoup qui touchent les enfants. Il faut que les enseignants soient capables de détecter les cas dans les salles de classe.
Il faut même former les hommes et les femmes religieux, parce que les mosquées et les églises sont des milieux où beaucoup de messages circulent. Voilà un peu le résumé de l’approche que nous comptons mettre sur pied en ce qui concerne les MTN. J’ai parlé de la santé maternelle qui est un autre volet du projet. Si vous regardez les statistiques des hôpitaux de district qui sont concernés, vous trouverez que la mortalité maternelle n’est pas encore au niveau où le gouvernement souhaite. C’est vraiment un socle important. C’est pourquoi la phase une de la Couverture santé universelle (CSU) met l’accent sur la santé de la mère, notamment avec le Cheque santé.
FAIDMED veut s’inscrire sur cette ligne-là pour accompagner le ministère de la Santé publique en achetant dans d’autres districts. Là où il y a le chèque santé, nous on achète. Ici, on va accompagner avec les kits d’accouchement, des kits obstétricaux, la formation, la sensibilisation pour que les femmes puissent être capables d’accéder à ce service-là. Que ce soit au niveau communautaire ou au niveau des CSI, et même au niveau des hôpitaux. Il y a le volet social, il y a des personnes handicapées qui sont représentées ici, parce qu’il faut renforcer les organisations des personnes handicapées pour qu’elles puissent être capables de porter la promotion et la protection de leur droit, surtout en matière de santé. Ensemble avec les communes, avec les autorités locales, nous devons regarder dans la même direction avec les politiques nationales en matière de santé.
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA

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