
Dr Yannick Issalné Palaï.
Quelle est l’importance du centre mère et enfant pour la prise en charge de cette catégorie de la population ?
L’importance du centre mère-enfant se voit, on ne peut plus revenir à notre époque. Pourquoi ? Parce que les objectifs de la santé actuelle ont pour priorité la réduction de la morbi-mortalité maternelle et infantile. Et qui dit centre mère-enfant dit la mère et dit également l’enfant. De plus, ce sont les indicateurs d’une société qui se développe bien. C’est-à-dire que quand une société se développe bien, la priorité c’est déjà la réduction de certaines maladies des mères comme les maladies liées au saignement qui provoquent les décès, ce qu’on appelle souvent les hémorragies du postpartum, ou encore les problèmes liés à l’enfant qui peuvent être aussi liés à la mère. Donc la proximité de ces centres permet de mieux améliorer ces indicateurs. Prenons un exemple simple. Une maman, quand elle doit se faire opérer pour sortir l’enfant, ce qu’on appelle la césarienne, il faudrait bien qu’après l’intervention, que les deux soient toujours côte à côte. Et même si ce n’est pas le cas, il serait toujours intéressant de faire une prise en charge conjointe de la mère et de l’enfant.
Donc, pour la mère, il s’agit surtout de la santé de reproduction à travers les contraceptifs et puis les grossesses indésirables et puis une éducation conséquente pour ce qui est aussi bien de la sexualité que de la procréation parmi tant d’autres. Et même de la vie de famille. Et pour l’enfant, c’est surtout les problèmes de malnutrition, du développement entre autres. Le corollaire qui est la sous-alphabétisation pourrait être également combattue à travers des séances. Il y a deux choses à la fois d’éducation de la mère par rapport à son enfant et de l’enfant par rapport à ses parents, parmi lesquels sa mère.
Quel est l’état du plateau technique de votre service et qu’est-ce que la construction du centre mère et enfant apporte ?
Déjà, le plateau technique est insuffisamment fourni. Vous pouvez essayer de voir dans les médias, il est parlé du paludisme, des problèmes liés à la nutrition saine/ équilibrée et des maladies à potentiel hydrique comme les premières pathologies requérantes de soins des enfants en général et les enfants de 0 à 5 ans en particulier. Et c’est pour ça que pour ma part, je salue le projet de création de ces centres et la vision qui va avec, que j’espère nombreux et suffisamment proches des réalités locales de toutes les populations. Parce qu’elles vont permettre de rapprocher la science et la médecine de la mère et de l’enfant des populations où elles se trouvent, à travers la décentralisation de cette connaissance par la création de ces centres mère-enfant. Puisqu’il y aura en dehors de Ngaoundéré, un à Meiganga, un à Tibati, un à Banyo et un autre à Tignere. ça pourrait favoriser l’acceptation, l’intégration par les populations des priorités qui sont celles d’un développement durable, à savoir la santé de la mère et de l’enfant, puisqu’elle fait partie des objectifs de développement durable . Et si la prise en charge de la mère est nécessaire, nous prenons attache avec les domaines y afférents. Mais déjà pour l’enfant, ce que nous pouvons dire, c’est que, premièrement, il y a plusieurs spécialités que nous mettons à contribution aujourd’hui, donc quelques unes sont la neurochirurgie ( hydrocéphalies etc…), Ia chirurgie (appendicite, hernie, etc…), la cardiologie ( cardiopathies congénitales, etc…), neurologie/neuropédiatrie (épilepsie,etc…). Donc il y a plusieurs spécialités que nous mettons à contribution en fonction de l’objectif que nous poursuivons, de ce que l’enfant présente et de ce que même la mère pourrait présenter. C’est en fait pour dire que pour le moment c’est un peu une prise en charge à connecter en fonction de nos besoins, mais nous espérons que les centres mères enfants présents pourront regrouper la plupart de ces domaines utiles pour permettre une prise en charge pluridisciplinaire locale dans leur enceinte.
Peut-on parler de couverture santé universelle sans véritable politique de la santé de la mère et de l’enfant?
C’est par la mère que la vie vient, que ce soit une vie du genre masculin ou bien du genre féminin. Le genre féminin qui sera encore appelé à donner la vie.
Déjà pour dire que pour ressentir une vraie couverture santé universelle, la priorité maximale devrait être axée sur la santé de la mère et de l’enfant. Et aussi pour dire que quand un enfant et une mère se portent bien en général, comme on dit, no woman no cry, on va entendre moins de cris. Parce que quand on entend pleurer dans une pédiatrie, c’est peut-être parce qu’un enfant est décédé. Quand on entend pleurer dans une maternité, c’est peut-être parce que la mortalité maternelle est encore un problème dans notre société. Parler d’une couverture santé plus efficace /efficiente au Cameroun commencerait par ameliorer les indicateurs de la santé de la mère/ l’enfant et/ou ceux qui sont connexes audits indicateurs. Pour dire aussi que la vraie santé d’une mère et d’un enfant est la prévention des futures violences basées sur le genre ainsie que tous les phénomènes sociaux associés. Parce qu’une mère épanouie dans sa santé, dans tous les autres aspects de sa vie, ainsi qu’un enfant épanoui dans sa santé et dans tous les autres aspects de sa vie, permettent de réduire les effets des violences basées sur le genre.
Propos recueillis par Jean Besane Mangam