Dr Binzouli Mbvoum Jean Jacques : « La ville de Kribi est un foyer très indiqué pour la propagation du choléra »

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Après une riche carrière dans la quasi-totalité des formations sanitaires dans l’Océan, à Bipindi, à Campo, à Lolodorf et le District de Kribi, il va être sollicité pour coordonner la Ligue Régionale de Lutte contre le VIH-SIDA pour le Sud. Il occupe en ce moment le poste de Chef du Département Médical et des Activités Socioculturelle au Port Autonome de Kribi. Il attire l’attention des pouvoirs publics ainsi que des populations sur les dangers qui guettent la ville de Kribi dans les prochains mois.

C’est quoi le choléra ?

 Le choléra est une maladie bactérienne. Elle est généralement causée par le vibrion cholérique. C’est une épidémie qui s’attrape facilement lorsque les populations ne respectent pas les mesures d’hygiène par exemple le non-respect du lavage des mains. Jadis, il y avait de l’eau potable et les bornes fontaines. Les citoyens consommaient de l’eau potable, inodore, sans saveur et incolore. Une eau de bonne qualité. Mais depuis un moment le système d’adduction d’eau s’est dégradé. Plusieurs font des puits sans appliqué les mesures de traitement pour qu’elle soit consommable. Ces puits n’ont pas de profondeur à cause de la nappe d’eau qui n’est pas loin de nous, y compris la mer. Dans plusieurs quartiers de la ville, les latrines sont construites tout prêt des puits, ce qui favorise rapidement les transferts en dessous. Dans un autre plan, le boom démographique que connaît Kribi, très cosmopolite et la mobilité des populations sont autant de facteurs. Ce mélange fait de Kribi un foyer très indiqué pour la propagation du choléra. Avec la saison des mangues qui pointe, les enfants consomment ces fruits sans les lavés.

Quels sont les signes de l’épidémie du choléra chez les potentielles victimes ?

Généralement, nous notons deux signes majeurs. Le premier se manifeste par une diarrhée blanchâtre et suivie des vomissements. La victime va aux toilettes plusieurs fois en une fraction de seconde. Et si les mesures d’urgence ne suivent pas, la déshydratation peut suivre en moins d’une heure de temps. Raison pour laquelle, nous demandons aux populations d’être très vigilante et de saisir rapidement le centre de santé le plus proche.

A une certaine Époque,  le choléra était aussi régulier que maintenant ? Lorsque j’étais au Centre Médical d’Arrondissement de Bipindi en 1996, nous avions eu des cas de diarrhée. C’est vrai qu’à cette époque ce n’était pas étiqueté, comme le choléra. J’ai eu à faire face aux moments de grande expansion de diarrhée à Bipindi, ça pouvait attaquer tout un village. Mais nous n’avions pas enregistré des cas de décès. Mais, le constat alarmant que je fais aujourd’hui est que l’épidémie du choléra prend plutôt une proportion inquiétante. À Kribi plus précisément, on n’avait pas autant d’habitants. Aujourd’hui, les gens se frottent. Il y’a une concentration des personnes par maison. Dans nos marchés de la ville, les aliments et les fruits sont étalés à même le sol, parfois dans la boue. Aucune mesure d’hygiène n’est appliquée. Ce qui accélère d’avantage la propagation de l’épidémie, dès qu’un cas isolé est enregistré.

L’épidémie du choléra est-elle mortelle ?

On décède facilement du choléra. La raison étant que le corps est vidé de tout son liquide. La victime sèche à l’immédiat. L’eau passe par les vomissements et la diarrhée. En très peu de temps, vous décédez si rien n’est fait en urgence.

Quelle est la couche de la population la plus touchée par cette épidémie ? Généralement, ce sont des personnes vigoureuses qui résistent mieux. Les nouveaux nés et les tout petits sont les plus vulnérables. Les personnes âgées aussi se déshydratent rapidement.

Que faut-il faire pour prévenir l’épidémie du choléra ?

Au-delà de la prise en charge rapide des cas détectés, par des soins de qualité pour éviter la propagation de l’épidémie, qui déjà est très contagieuse. Il faut éduquer les populations sur les mesures préventives. Le lavage des mains, des aliments et fruits avant de les consommés. Je proposerais même que l’on évite de prendre ses fruits, si pratiquer les mesures barrières et d’hygiènes sont difficiles. Être très vigilant, se faire vacciner, ne pas résister comme le font plusieurs personnes. J’ai également constaté que les citoyens acceptent de moins en moins les vaccinations et chacun donne ses raisons. Mais, je puisse vous rassurer que la vaccination contre le choléra marche. Pour preuve, en mi-2022, des campagnes de lutte contre le choléra ce sont multipliées dans la ville et ailleurs. Boire une eau sainte, faire bouillir de l’eau en mettant du javel en cas de doute, bien cuire les aliments.

C’est pour ainsi dire que Kribi est en danger ?

L’océan en général et particulièrement la ville de Kribi, est en danger si rien n’est fait dans les délais, tant par l’autorité compétente que les populations elles-mêmes. Nous retrouvons dans la ville de Kribi, les toilettes qui ont une profondeur maximale de 5 mètres. Je note aussi que le système sanitaire est encore de mauvaise qualité. Nos marchés sont dans un état insalubre. Seules les CTDS en charge de ces espaces marchands peuvent faire la police auprès des commerçants pour imposer le respect des règles d’hygiène. Les radios locales doivent accompagner tout cela par la vulgarisation des messages de sensibilisation.

Propos recueillis par Catherine Aimée Biloa

 

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