Lutte contre le Paludisme au Cameroun : Vers l’Adoption des Thérapies de Première Intention Multiples

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Le Cameroun, l’un des pays les plus touchés par le paludisme en Afrique, s’engage à mettre en œuvre un programme pilote de Thérapies de Première Intention Multiples (MFT) dès 2025. Face à l’augmentation des cas de paludisme et à l’émergence de résistances aux médicaments, l’initiative vise à diversifier les options thérapeutiques disponibles pour garantir l’efficacité des traitements à long terme.

Le paludisme, maladie endémique dans plusieurs régions du Cameroun, reste un défi de santé publique majeur. Actuellement, le traitement de première intention repose sur des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT). Cependant, des signes de résistance commencent à apparaître, rendant urgente la nécessité de stratégies innovantes pour prévenir une crise de santé publique.

Le Pr Wilfried Fon Mbacham souligne l’importance de développer des stratégies préventives contre la résistance aux ACT. Il affirme : « Les ACT sont efficaces pour le moment, mais il est important d’éviter leur abus. » En collaboration avec des institutions comme l’Université de Strathmore au Kenya et l’Institut Forbang pour l’Innovation en Science et Technologie, le Cameroun met en place une étude pilote pour évaluer les défis et la faisabilité du déploiement des MFT.

Les MFT consistent à utiliser simultanément ou en rotation plusieurs ACT au sein d’une même population. Cette approche permet de réduire la pression de sélection sur les parasites, limitant ainsi le risque d’émergence de souches résistantes. Des études ont montré que l’utilisation simultanée de plusieurs ACT peut retarder l’évolution de la résistance, offrant une alternative prometteuse pour le traitement du paludisme simple.

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Joël ATEBA, Secrétaire Permanent du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), affirme : « Nous sommes les premiers bénéficiaires des résultats de cette étude, car elle nous aidera à maintenir l’efficacité des ACT. » Le programme MFT sera déployé dans 30 centres de santé à travers les dix régions du Cameroun, ciblant des zones à forte morbidité et transmission.

La mise en œuvre réussie de ce programme nécessite une planification rigoureuse, incluant la révision des directives nationales de traitement et la formation du personnel de santé. De plus, la coordination entre le secteur public et privé est essentielle pour garantir la disponibilité des médicaments et le soutien logistique.

Des pays comme le Nigeria, le Rwanda et la Tanzanie ont déjà commencé à tester des projets pilotes de MFT, recueillant des données importantes pour une mise en œuvre à plus grande échelle. En parallèle, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour affiner les stratégies de MFT et évaluer leur coût-efficacité.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les thérapies de première intention multiples représentent un élément clé dans la lutte contre la résistance aux médicaments antipaludiques. Elles s’inscrivent dans un cadre stratégique plus large visant à maximiser l’utilisation des traitements disponibles et à garantir la santé des populations.

En fin de compte, le Cameroun s’engage à atteindre une réduction significative de 90% de l’incidence et de la mortalité liées au paludisme d’ici 2030. Les MFT, en tant qu’élément clé de cette stratégie, pourraient bien être le tournant nécessaire pour protéger la santé de millions de Camerounais. Dans ce contexte, chaque effort compte pour garantir des options thérapeutiques efficaces et durables face à ce fléau.

La cérémonie de présentation du lancement de l’étude d’introduction des antipaludiques anti résistants s’est tenue le 31 janvier à Yaoundé.

Mireille Siapje

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