
Cérémonie de pose de la première pierre du projet d'aménagement d'une zone d'activité industrialo-portuaire à Missolè.
La cérémonie de pose de la première pierre de cette zone d’extension majeure des activités du port de Douala en zone péri-portuaire s’est déroulée jeudi 24 juillet 2025.
A l’initiative du port autonome de Douala (PAD), une kyrielle de personnalités publiques se sont réunies il y a quelques jours sur les berges du fleuve Dibamba. C’était à l’occasion de la cérémonie de pose de la première pierre des travaux de réalisation du projet d’aménagement d’une Zone d’activités industrialo-portuaires de la Dibamba (Zaipd) à Missolè. Cette rencontre s’est déroulée en présence du Premier Ministre, Chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, du gouverneur de la région du Littoral et de nombreuses autres personnalités.
Cette cérémonie qui marque le lancement des activités industrialo-portuaires de la Dibamba à Missolè vient répondre aux besoins d’extension exprimés par le port autonome de Douala depuis plusieurs années.
En effet, le Port autonome de Douala, en sa qualité d’autorité portuaire locale, gère un domaine public portuaire desservi par un chenal d’accès de 50 km. Cet espace, d’une superficie d’environ 1 000 hectares, constitue le principal support de son action. Seulement, la quasi-totalité de cette surface est déjà exploitée, entraînant une saturation progressive des terminaux portuaires.
L’extension du Port de Douala-Bonabéri vers de nouvelles zones d’activités péri-portuaires s’est imposée comme une solution incontournable de désengorgement du site actuel, en réponse aux défis d’exploitation, auxquels il est d’ores et déjà confronté aujourd’hui.
« Le Port autonome de Douala a mis en place un ambitieux programme de rénovation, de modernisation et d’extension, articulé autour d’un Schéma Directeur de Développement pour la période 2020-2050. Ce programme vise à accroître de manière significative les capacités structurelles du port de Douala-Bonabéri et à optimiser ses performances opérationnelles », indique Cyrus Ngo’o, Directeur général du PAD avant de poursuivre : « Ledit programme a été conçu pour s’aligner sur les politiques sectorielles du Gouvernement, tout en restant cohérent avec la vision exprimée par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet d’aménagement d’une Zone d’Activités Industrialo-Portuaires en ces lieux ».
Ce projet structurant majeur ambitionne de créer un écosystème industriel et logistique intégré, réparti en trois composantes : une plateforme industrielle de 350 hectares, une zone Logistique multimodale de 122 hectares, et une zone résidentielle de 50 hectares.
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Les enjeux de ce projet
Le Projet d’Aménagement de la Zaipd répond à des enjeux et défis multiples. Sur les plans stratégique et économique, ce projet s’inscrit résolument dans les orientations majeures de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), qui prône une transformation structurelle de notre économie. Cette stratégie encourage notamment la substitution des importations par une production locale renforcée, à travers le développement d’industries et des services dédiés à la valorisation de nos matières premières; une dynamique connue sous l’appellation d’import-substitution.
La transformation structurelle dont il est question ici vise, d’une part, à réduire le déficit commercial structurel du Cameroun, en remplaçant une partie des importations par des produits transformés localement, au sein de la future zone industrielle et, d’autre part, à accroître les exportations de biens à forte valeur ajoutée, issus de ces mêmes filières de transformation. Le projet cible ainsi neuf secteurs prioritaires identifiés par la SND30 pour la transformation locale. Il s’agit de l’agro-industrie, la filière forêt-bois, le textile, les mines, l’énergie, la construction, le numérique, la chimie et la pharmacie.
Sur le plan social, l’on apprend du PAD que le projet contribuera à l’épanouissement du capital humain, à l’amélioration du bien-être des populations, à la promotion de l’emploi et à l’insertion professionnelle, leviers essentiels pour la cohésion nationale et la stabilité sociale. « La transformation locale du coton, du bois, du cacao, de la bauxite et du fer aura un impact déterminant dans des régions où le chômage des jeunes constitue un terreau de tensions sécuritaires », complète le Directeur général du PAD. A l’en croire, à terme, la Zone Industrialo-portuaire de la Dibamba pourrait générer environ 15 000 emplois directs et indirects.
Du point de vue de la logistique, le choix du site n’est pas anodin. Il permettra l’émergence d’un hub multimodal, interconnecté par voie fluviale au Port de Douala-Bonabéri et aux grands corridors transnationaux. Ainsi, les berges du fleuve Dibamba, « sur lesquelles nous nous tenons aujourd’hui, accueilleront des installations d’accostage destinées aux barges assurant le transfert de marchandises entre les deux sites », déclare avec enthousiasme Cyrus Ngo’o. Puis d’ajouter que ce transfert portera notamment sur les trafics sous régime de transit à destination du Tchad, de la République Centrafricaine et du Congo, ainsi que sur les opérations liées à l’exportation du bois en grumes ou transformé.
30 % de ce trafic pourrait être redirigé vers la voie fluviale
Le Port de Douala enregistre en moyenne 410 camions par jour pour les opérations d’importation et d’exportation. Grâce au dispositif logistique prévu dans le cadre de la Zone logistique multimodale de la Dibamba, environ 30 % de ce trafic pourrait être redirigé vers la voie fluviale, réduisant ainsi la pression sur les infrastructures terrestres et fluidifiant les chaînes logistiques.
« Cette initiative apportera une réponse efficace à la congestion chronique de l’accès Est de Douala, en allégeant le trafic quotidien d’une centaine de camions, grâce à un transfert modal vers la voie fluviale. Elle contribuera également à la réduction des nuisances liées au trafic routier, notamment les pollutions visuelle, sonore et atmosphérique, ainsi que la dégradation accélérée du réseau routier urbain », fait savoir Cyrus Ngo’o.
Dans le même sillage, Joseph Dion Ngute, Premier ministre chef du gouvernement réagit : « Le développement de la zone portuaire sur les rives de Dibamba s’inscrit dans cette logique d’amélioration et de fluidification des services. Ce projet apportera une solution durable au problème de congestion terrestre à l’entrée est de Douala, en déviant vers la voie fluviale les opérations d’import-export assurées quotidiennement par près de 4 400 camions. Ce projet vise à créer une nouvelle zone logistique moderne et intégrée autour du port pour améliorer la compétitivité et permettre de nouvelles activités dans des conditions optimales. »
Le projet Zaidp est assuré par le Groupe Arise Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP). Le 30 septembre 2024, le Directeur Général du PAD, Cyrus Ngo’o, et le Président directeur général du Groupe Arise, Gagan Gupta, ont signé une convention de partenariat portant sur la conception, le financement, l’aménagement et la gestion d’une zone d’activités industrialo-portuaires sur les berges de la Dibamba, au lieudit Missolè 1.
L’aménagement de la Zaipd sera fait principalement en deux phases indissociables. La première portera sur l’aménagement de la zone logistique multimodale, tandis que la seconde portera sur l’aménagement de la plateforme industrielle intégrée. Pour la réalisation et la gestion de la Zone logistique multimodale, une société de projet dénommée « Dibamba Douala Port Logistics Platform », en abrégé DDLP, est créée. Le PAD et ARISE IIP en sont coactionnaires. Pour ce qui est de la réalisation de la plateforme industrielle intégrée, ARISE IIP devra créer une société de projet dont elle détiendra en totalité le capital social et qui aura pour mission la conception, le financement, l’aménagement, la gestion et l’entretien de cette plateforme.
G.D.