
Le Dr Myriam Hemes Nkwa, fondatrice et présidente de l'association Youth for Health and Development of Africa (YOHEDA), a lancé officiellement l’Observatoire de la santé mentale en période électorale au Cameroun (OSMEC), ce 4 septembre 2025, à Yaoundé.
Le Dr Myriam Hemes Nkwa, fondatrice et présidente de l’association Youth for Health and Development of Africa (YOHEDA), a lancé officiellement l’Observatoire de la santé mentale en période électorale au Cameroun (OSMEC), le 4 septembre 2025, à Yaoundé.
La campagne pour l’élection présidentielle d’octobre 2025 s’est intensifiée, et avec elle, une vague alarmante de discours de haine et de division déferle sur le pays. Des termes dénigrants tels que « biyâtres », « sardinards » ou « tontinards » inondent les réseaux sociaux, transformant des débats politiques en une surenchère de tribalismes. Des pages Facebook comme « Kerel Kongossa », « Parle Que Beti » ou « Parle Que Bamiléké » sont de parfaits exemples de cette dynamique dangereuse. Des propos qui, autrefois chuchotés, sont désormais affichés au grand jour sur les plateformes numériques et même à la télévision, semant la peur et la discorde. Ces discours, qui vont bien au-delà de la critique politique, exploitent les clivages communautaires et ethniques. Face à ce contexte électrique, l’organisation YOHEDA, présidée par le Dr Myriam Hemes Njimegne Nkwa, a officiellement lancé le 4 septembre 2025 le projet l’Observatoire de la santé mentale en période électorale au Cameroun (OSMEC).
L’objectif est double : analyser l’impact du contexte électoral sur la santé mentale des Camerounais et sensibiliser le public. Le Dr Hemes explique que le projet se veut être « une oasis durant cette période ». Il vise à donner à la jeunesse, qui représente plus de 60 % de la population, des outils pour « véhiculer les bons messages » et utiliser les plateformes numériques comme des opportunités de développement, et non de division.
La psychologue humanitaire Micarême Durance Titchio épouse Nzeko’o alerte sur les conséquences psychologiques de ces agressions verbales. « Le stress est plus élevé en cette période qu’aux autres périodes de l’année. » Aux États-Unis, par exemple, les chiffres sur le stress en période électorale étaient trois fois le score annuel d’un trouble dépressif. La psychologue souligne que l’incertitude liée à ces périodes, en particulier pour les jeunes, est une source d’anxiété profonde.
Au Cameroun, ce stress est palpable, même en dehors des réseaux sociaux. Titchio souligne que l’incertitude liée à l’avenir du pays pousse des familles à quitter le territoire à l’approche des élections. Elle explique également la vulnérabilité de la jeunesse. « En tant que jeunes, on se sent un peu comme dans une incertitude, vu qu’on a un avenir à bâtir, et la période électorale est une période incertaine. » Cette incertitude peut engendrer des troubles psychologiques comme des troubles de stress post-traumatique, de la dépression ou de l’anxiété.
Une réponse concrète pour un engagement positif
Selon le Dr Hemes, ce projet est « à la fois une opportunité de canaliser tout ce qu’on peut faire à travers le digital (…) et une nécessité pour monitorer ce qui se passe. » L’objectif est de s’assurer que l’image de cette période électorale ne soit pas uniquement « des discours de haine, la désinformation, des messages à caractère tribal », mais aussi « des messages d’engagement de la jeunesse, d’engagement des femmes, d’engagement de tous les acteurs et des citoyens ».
Le projet OSMEC vise à donner à la jeunesse les outils pour s’engager de manière positive. « L’idée, c’est que la jeunesse (…) soit davantage engagée », explique le Dr Hemes, « Et pour être engagée, il faut des outils, il faut pouvoir avoir une plateforme, une tribune. » Elle insiste sur l’importance de la responsabilité individuelle, exhortant chacun à prendre en main sa santé mentale. « Chacun devrait prendre sa santé mentale en main. Ça veut dire que je suis responsable de ce que je clique, de ce que je lis, de ce que je choisis. » Elle ajoute qu’il a été prouvé que « plus on s’expose aux discours négatifs, plus notre santé est vulnérable. Plus on s’expose à ce qui est positif, ça renforce notre état de bien-être. »
Des solutions et des ressources
L’OSMEC n’est pas la seule initiative. Le ministère de la Santé met à disposition des professionnels pour prendre soin de la santé mentale des citoyens, notamment via le numéro vert 1510. Les organismes de régulation comme le Conseil national de la communication (CNC), ainsi que le ministère des Postes et Télécommunications, multiplient les actions de sensibilisation contre les discours de haine en ligne, rappelant que de tels propos sont passibles de sanctions pénales. En définitive, face aux défis de cette période électorale, la sensibilisation, la responsabilité individuelle et la mise à disposition de ressources d’aide sont des remparts essentiels pour préserver la santé mentale de la population et garantir la stabilité sociale du Cameroun.
Elvis Serge NSAA
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