
Le Centre luthérien d’ophtalmologie de l’hôpital protestant de Ngaoundéré a lancé une campagne de dépistage offrant des remises pouvant atteindre 25 %.
Dans la région de l’Adamaoua, l’examen de la vue en prélude à la rentrée scolaire reste un réflexe peu adopté par les parents. Pourtant, les troubles visuels non détectés constituent un frein majeur à l’apprentissage et à l’épanouissement des enfants. Malgré les campagnes de sensibilisation et les offres tarifaires attractives proposées par les professionnels de santé, cette pratique peine à s’ancrer dans les habitudes familiales.
Alors que les cahiers neufs et les uniformes impeccables caractérisent la rentrée scolaire dans l’Adamaoua, un élément essentiel pour la réussite scolaire reste curieusement absent de la checklist de nombreux parents : l’examen de la vue. En effet, une enquête rapide menée dans la ville de Ngaoundéré révèle qu’une majorité des parents interrogés n’ont jamais soumis leur progéniture à un contrôle ophtalmologique en début d’année. Ainsi, Abdou Karimou, parent d’élève, confie : « Je n’ai jamais fait cela. Il y a des problèmes de moyens mais aussi cette pratique n’est pas trop ancrée dans nos habitudes. » Pourtant, cette négligence, souvent due à des contraintes financières ou à un simple manque d’information, a des conséquences directes et parfois dramatiques sur le parcours académique des enfants.
En réalité, un trouble de la vision non corrigé peut être à l’origine de difficultés d’apprentissage insoupçonnées. De plus, l’enfant affecté peut éprouver d’importantes difficultés à lire au tableau, à se concentrer sur ses manuels ou même à participer en classe. Par conséquent, cette situation engendre souvent une fatigue accrue, une baisse de motivation, et peut même conduire à une perte de confiance en soi, freinant ainsi son épanouissement scolaire et social.
Conscients de cet enjeu, des acteurs de santé locaux se mobilisent. Par exemple, le Centre luthérien d’ophtalmologie de l’hôpital protestant de Ngaoundéré a lancé une campagne de dépistage offrant des remises pouvant atteindre 25 %. « Il est bon qu’un enfant débute l’école avec une bonne vision oculaire », souligne Emmanuel Oumara, directeur du centre. De même, plusieurs cabinets d’optique médicale multiplient les initiatives similaires pour démocratiser l’accès à ces soins essentiels.
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Néanmoins, le défi reste de taille. Malgré ces efforts et les tarifs préférentiels, la routine du contrôle visuel peine à s’implanter. Ainsi, les professionnels de santé et les responsables scolaires doivent redoubler d’efforts pour convaincre les familles de l’importance de ce geste préventif. Faire de l’examen de la vue une étape incontournable de la rentrée scolaire est un impératif pour la réussite éducative dans l’Adamaoua. Il est donc essentiel que les pouvoirs publics, les associations de parents d’élèves et les professionnels de santé unissent leurs forces pour sensibiliser, informer et faciliter l’accès au dépistage, afin qu’aucun enfant ne voie son avenir assombri par un trouble de la vision qui pourrait être facilement corrigé.
Jean BESANE MANGAM