Cameroun : Hortense Atchoumi plaide pour le recrutement massif des sages-femmes à la fonction publique et la création de leur Ordre professionnel

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Au Cameroun, 75% des sages-femmes sont au chômage. Face à cette situation alarmante, la Présidente nationale de l’unique Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (Asfac) demande le recrutement des sages-femmes à la fonction publique, la création des Masters, et Doctorats des sages-femmes comme le prévoit le système LMD, la création de l’Ordre des Sages-Femmes du Cameroun et leur nomination à la tête des écoles de formation et autres institutions.

Le  mercredi 04 mai 2022, l’Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (Asfac) ouvrait la première journée des 13èmes  journées scientifiques nationales à l’amphi 700 de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1 en présence du représentant du ministre de la Santé publique, le Directeur de la Santé familiale, Dr Ebongo Zacheus Nanje, du représentant de la déléguée régionale de la santé publique du Centre et de la Présidente Nationale de l’Association des Sages-Femmes et Assimilées du Cameroun (Asfac), Annie Hortense Atchoumi.

 La 20ème édition de la journée internationale de la sage-femme, un évènement célébré du 04 0 5 et 06 mai 2022, sur le thème international: « 100 ans de progrès de la confédération internationale des sages-femmes ». Et sur le thème national: « Un personnel de santé compétent et suffisant pour des services maternels et néonatals, sécurisés et humanisés ». Un thème national qui aborde un réel défi pour la sage-femme qui est de maintenir le cap dans le souci de prodiguer continuellement des soins de haute qualité, en toute équité et en toute sécurité.

A l’ouverture des travaux, la Présidente Nationale de l’Asfac, Annie Hortense Atchoumi a salué les avancées significatives opérées dans le secteur sage-femme au Cameroun par les pouvoirs publics. Cependant, elle a également présenté un chapelet de doléances au représentant du ministre de la Santé publique.  « La difficulté actuelle c’est le chômage, plus de 75 sages-femmes actuellement au Cameroun chôment, je ne peux pas tout présenter mais elle est une difficulté majeur. Et l’autre difficulté mais qui est en train de s’améliorer avec l’appui du ministère qui nous soutient et des autres partenaires, c’est la création d’un Ordre spécifique de sage-femme, donc le processus est en cours et nous planifions un atelier avec mes partenaires. Aujourd’hui le thème de la journée mondiale des sages-femmes c’est : « Years of Progress » donc les cents ans de la progression dans le monde », a exprimé Annie Hortense Atchoumi, la Présidente de l’association des sages-femmes du Cameroun.

Il y a un problème de non sécurisation de la profession de la sage-femme au Cameroun, le chômage. Quand la plupart chôment elles ne peuvent pas être en sécurités parce qu’elles sont tous le temps stigmatisées et nerveuses, la plupart agissent dans les hôpitaux comme temporaire. Il faut sécuriser le travail de la sage-femme. Pour que le service soit sécurisé il faudrait d’abord que les sages-femmes mêmes soient protégées dans leur service, ça-veut-dire qu’elles puissent travailler dans un contexte où elles sont épanouies, dans un contexte où elles sont reconnues.  

Dans la plupart des pays francophones d’Afrique, la loi portant règlementation de l’exercice de la profession de sage-femme n’est pas mise au point ou parfois fondu dans celui d’autres corporations. C’est ainsi que dans la cadre de la mise en œuvre des closes prises au 32ème congrès mondiale de l’International confederation of Midwives (L’Icm) 2021, il a été recommandé aux gouvernements à travers les ministères et charge de la santé et les partenaires techniques financiers  d’encourager la création des Ordres professionnels spécifiques de sages-femmes dans les pays qui n’en disposent pas encore. En ce qui concerne le Cameroun, le ministre de la Santé publique, Dr. Manaouda Malachie, a signé le 17 septembre 2021, une décision portant révision des textes législatifs relatifs à l’exercice et à l’organisation des professions Médico-sanitaires.

L’opportunité de l’initiative

Il s’agit de la loi n°84-009 du 05 décembre 1984 portant règlementation de l’exercice des professions d’infirmier, de sage-femme et de technicien Médico-sanitaire, ainsi que la loi n°84-010 du 05 décembre 1984 fixant l’organisation de l’Ordre des professions Médico-Sanitaires : d’infirmier, de sage-femme et de technicien médico-sanitaire. Cette décision a permis à la présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (Asfac), de remettre sur la table un projet qu’elle nourrit depuis 2016. La sage-femme a été identifiée par l’Assemblée mondiale (2006) comme ressource humaine clé pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale (…) Le Cameroun accumule plusieurs rendez-vous manqués dans les concerts des nations, ce qui lui prive ainsi du financement de plusieurs programmes d’accompagnement de la femme enceinte et celle à l’âge de procréer.

Instrument légal qui devra réglementer ce secteur

Cela, par manque de séparation des professions, selon leurs domaines spécifiques, alors que cela permettrait à chacun d’être efficace dans ce qu’il fait, au lieu de se disperser ou se perdre dans le domaine dont on n’a pas de connaissances appropriées. C’est pourquoi il est opportun et nécessaire de disposer d’un instrument légal qui devra réglementer ce secteur afin d’éviter aux femmes et bébés ce danger permanent lors de la procréation, étant donné que la grossesse n’est pas une maladie, mais une période pendant laquelle une femme enceinte a besoin d’un accompagnement par des personnes qualifiées et autorisées à exercer cette profession.

Réguler l’exercice de la profession de sage-femme

A la lumière de ce qui se passe sous d’autres cieux, notamment au Gabon, Mali, Congo, Guinée Conakry…, Canada, en France et en Grande-Bretagne et suite à toute cette réalité, il s’avère nécessaire de créer un ordre pouvant réguler l’exercice de la profession de sage-femme et faciliter l’accès aux services de santé sexuelle et de la reproduction de qualité pour des raisons suivantes : offrir les services de consultation prénatale et des accouchements assistés sans complication aux femmes enceintes ; faciliter l’accès aux soins obstétricaux et néonataux d’urgences aux femmes enceintes et leurs nouveau-nés ; faciliter les références de cas des complications lors de la grossesse et de l’accouchement vers les structures appropriées et les autres professionnels de santé pour une meilleure prise en charge ;  enseigner l’utilisation de contraceptifs aux femmes en âge de procréer y compris les adolescentes ;  promouvoir les activités préventives pour la santé : sexuelle reproductive, maternelle, néonatale et adolescente.

Les raisons qui militent pour la création de cet Ordre

Du 02 au 03 décembre 2021, s’est tenu au siège national de l’Asfac à Yaoundé, un atelier d’élaboration des Documents sur la création de l’Ordre avec les représentants de l’Asfac des dix régions du Cameroun. La qualité des soins est au centre des stratégies d’élimination de la mortalité maternelle et périnatale évitable. Connue au Canada sous l’appellation de chaste femme, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) définit la sage-femme comme « une personne qui a suivi un programme de formation reconnu dans son pays et a réussi avec succès les études afférentes ». Ce professionnel des questions de santé doit également avoir « acquis les qualifications nécessaires pour être reconnue ou licenciée en tant que sage-femme. Elle doit être en mesure de donner la supervision, les soins et les conseils à la femme enceinte, en travail et en période post-partum».

Standards validés par l’Organisation mondiale de la santé

 Il n’est plus besoin de prouver que les sages-femmes, lorsqu’elles sont correctement éduquées, déployées et soutenues, sont l’élément central de toute stratégie visant à améliorer l’accès de toutes les femmes à des soins de maïeutique de qualité. Ceux-ci incluent le respect de la physiologie, le « primum non nocere », l’accompagnement, la bonne obstétrique qui se distingue de l’hyper médicalisation, la surveillance et l’identification précoce des complications, et les soins du nouveau-né respectueux de la relation mère-enfant. Une sage-femme qualifiée peut mettre en œuvre 87 % des interventions jugées essentielles en santé maternelle et néonatale. Cette éducation a été standardisée par la Confédération internationale des sages-femmes (Icm) et est basée sur la formation par compétences, donnant toute sa place à la formation pratique à l’école avant de se poursuivre dans les salles d’accouchements des centres de santé et des hôpitaux. Ces standards ont été validés par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et aussi par l’Ooas. Dans les pays à forte mortalité maternelle et périnatale, un investissement insuffisant dans la formation et le recrutement de sages-femmes explique en grande partie les chiffres observés concernant la couverture en soins de maïeutique. Il s’agit donc d’apporter les réponses à ces manques importants tant en nombre de professionnels compétents qu’en qualité de soins de maïeutique. Les écoles de sages-femmes représentent en cette matière des institutions au rôle stratégique, qui mérite toute l’attention des planificateurs en santé. La qualité des formations dispensées est fondamentale et doit être validée et suivie. C’est le but de la mise en place de mécanismes d’accréditation efficaces.

Autonomiser la pratiquer du métier de sage-femme

Selon le guide de la réglementation de l’Icm, il est essentiel de : reconnaitre que le métier de sage-femme est une profession autonome, séparée et distincte des soins infirmiers et la médecine. La différence entre les sages-femmes et les infirmières et les médecins. La différence entre les sages-femmes et les infirmières et médecins est que seules les sages-femmes peuvent exercer la totalité du champ d’activité de la pratique, sage-femme et fournir toutes les compétences qu’il comporte. Reconnaitre que d’où que travaille une sage-femme agréée/qualifiée, titulaire d’un certificat l’autonome, à pratiquer le métier de sage-femme, avec des femmes enceintes, sur le continuum de la grossesse, quel que soit l’environnement dans lequel elle se trouve, elle pratique le métier de sage-femme. Par conséquent, lorsqu’une sage-femme est à la fois infirmière et sage-femme agréée/qualifiée, elle ne peut exercer en même temps en tant qu’infirmière et que sage-femme. Dans une maternité, la sage-femme agrée/qualifiée exercice toujours le métier de sage-femme.

Histoire de la création de l’Ordre

Le 17 novembre 2021, Annie Hortense Atchoumi, présidente nationale de l’Asfac et le président de l’Ordre des professions médico-sanitaires : infirmier, sage-femme et technicien médico-sanitaire (Opms), se sont concertés avec les responsables de certains associations des professions médicaux sanitaires sur les modalités de la mise sur pied de l’Ordre professionnel des sages-femmes du Cameroun. En effet, le projet de création du corps professionnel des sages-femmes du Cameroun date de 2016, sous André Mama Fouda, ministre de la Santé publique. Le jeudi 16 mars 2017, s’est tenue dans la salle de conférences du ministère de la Santé publique, une réunion de concertation pour la validation des projets de textes de création du corps de sages-femmes. Ladite séance était présidée par l’Ex Secrétaire générale du ministère de la Santé publique, Pr. Koula-Shiro Sinata.  Cette rencontre intervenait à la suite d’un atelier qui s’est tenu en juillet 2016 à Mvolyé, dans le troisième arrondissement de la ville de Yaoundé. Il était question à cette époque de tabler sur la relecture des textes relatifs à la création du corps des sages-femmes du Cameroun. Un an plus tard, c’est-à-dire, le 12 janvier 2017, la présidente Nationale de l’Asfac, a introduit une demande de tenue de réunion de concertions du processus de création du corps professionnel des sages-femmes, au ministre de la Santé publique.

Appui institutionnel

 « Au sortie de notre dernier atelier de juillet 2016 à Mvolyé portant sur la lecture des textes relatifs à la création du corps des sages-femmes-femmes du Cameroun, auquel ont pris part vos collaborateurs, il était question de tenir par la suite une réunion de concertation entre les parties prenantes à savoir le ministère de la Santé publique, le ministre de la Fonction publique et l’Asfac. A cet effet, une séance de travail a eu lieu avec Madame la Secrétaire générale du ministère de la Santé publique, où nous avons prévu une réunion de concertation  dans vos services. Ayant été reconnaissante du travail que vous abattiez pour l’amélioration des conditions des professionnels du domaine de la santé publique. Nous Asfac sollicitons une approbation de réunion avec vous afin de vous circonscrire les contours de nos doléances », écrit Annie Hortense Atchoumi, présidente de l’Asfac. Certaines personnalités avaient pris part à cet atelier. Il s’agit du Directeur du développement des ressources humaines de l’Etat/Minfopra ; le Directeur de la gestion des carrières au Minfopra ; le représentant du ministre de la Santé publique ; le Secrétaire générale du ministère de la Santé publique ; Direction des ressources humaines/ Sous-directeur du ministère de la Santé publique ; Directeur de la Santé familiale/Sous-directeur de la Santé de a reproduction ; Représentant de la direction des affaires judiciaires et contentieuses ; Représentant Asfac, le professeur Tetanye.

L’organisation mondiale de la santé, le fonds des nations unies pour les enfants (Unicef) et le Fonds des Nations-Unies pour la population (Unfpa) soulignent l’importance de la pratique sage-femme, qui contribue non seulement à améliorer la santé maternelle et infantile, mais aussi à aider les pays à tenir leurs engagements relatifs aux Objectifs de développement durable (Odd). Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. D’ici à 2030, faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes ; d’ici 2030, éliminer les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans, tous les pays devant chercher à ramener la mortalité néonatale à 12 pour 1000 naissances vivantes au plus et la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1000 naissances vivantes au plus d’ici 2030.

Elvis Serge NSAA

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