Gynécologue-Obstétricienne de renommée internationale, Dr Ernestine Gwet-Bell pilote depuis près de 30 ans, la clinique médicale Odyssée et envisage par ailleurs donner plus d’opportunités aux femmes en leur offrant un cadre qui répond à leurs différentes attentes.
Cette formation sanitaire qui vient répondre aux problèmes de confort et de sécurité des patientes comprendra quatre laboratoires, cinq blocs opératoires, et un plateau technique équipé. Le bâtiment de quatre étages déjà en construction sera paré d’un rez-de-chaussée, un sous-sol, un parking pour les ambulances et deux ascenseurs.
A la découverte de l’une des rares femmes investisseurs du secteur qui révolutionnent ce paysage au Cameroun.
Au lieu-dit « rue Paul Monthé » au quartier Bonapriso à Douala-Cameroun, la Clinique médicale Odyssée n’est pas inconnue. Le bâtiment gris qui accueille les femmes pour la plupart offre des services spéciaux à ces dernières. Encore appelée la « Clinique du Bonheur », la clinique médicale Odyssée (CMO) du Dr Ernestine Gwet-Bell est surtout renommée pour son centre d’assistance médicale à la procréation (AMP). De nombreuses femmes se ruent dans cette clinique pour se faire consulter. Elles viennent de plusieurs pays d’Afrique: Gabon, Congo- Kinshasa, Congo-Brazzaville, Tchad, République Centrafricaine (RCA) principalement et parfois même de la diaspora camerounaise (USA et France). La majorité des femmes et couples sont intéressés par les services de l’AMP.
La Clinique médicale Odyssée à travers son centre d’assistance médicale à la procréation, pratique : l’insémination, la fécondation In vitro (FIV) qui est une technique de procréation assistée consistant à pratiquer une fécondation, c’est-à-dire une rencontre des spermatozoïdes et de l’ovule en laboratoire, in vitro, donc en dehors du corps de la femme. Le centre AMP est également impliqué dans la préservation de la fertilité ainsi que la vitrification des gamètes et des embryons. Il s’agit là d’une technique de congélation des gamètes où les cellules sont refroidies de manière très rapide à une température de -196 °C, en quelques secondes.
Taux de réussite de FIV élevé
Depuis le début de la pratique de cette médecine au Cameroun, les taux de réussite de FIV au niveau de cette clinique sont impressionnants au fil des années. « Quand nous avons commencé à faire les FIV en 1994, nous avions un taux de succès entre 13 et 15%. Aujourd’hui, nous avons des taux de succès qui varient avec l’âge, qui sont entre 35 et 60%. Les 60% sont pour ceux qui ont congelé les embryons ou pour ceux qui sont jeunes », nous confie le Dr Ernestine Gwet-Bell, gynécologue-obstétricienne.
La FIV est pratiquée à la Clinique Odyssée depuis 1997. A cette époque, le Dr Ernestine Gwet-Bell, associée à une équipe de trois (03) gynécologues et deux (02) biologistes, a participé à la naissance de Tommy, premier bébé né par FIV en Afrique Centrale le 14/04/1998. Cette équipe a été formée par le Dr Guy Cassuto du laboratoire Drouot de Paris. « Le bébé Tommy, c’était un travail d’équipe. Au départ, nous avons créé une équipe avec le docteur Sandjon, deux autres médecins et deux biologistes. On l’a acheminé pendant trois ans. Tommy est le premier bébé né en 1998. À l’époque, aucune de nos cliniques n’étaient capables de tout faire en même temps. Certaines choses se passaient ici, et le reste chez Dr Sandjon à la clinique de l’aéroport. Le projet était de faire un centre détaché de nos formations où chacun pouvait venir travailler avec ses malades », se remémore la gynécologue-obstétricienne.
Après cette expérience, Dr Ernestine Gwet-Bell, passionnée de médecine depuis l’âge de 5 ans, a décidé d’approfondir ses connaissances dans le domaine et de s’engager à l’international. Cette accumulation de compétences lui a valu de nombreuses sollicitations en Afrique. Avec son expertise, elle a contribué à la création de plusieurs sociétés de procréation en Afrique. Une part d’elle dont-elle est immensément fière. «Je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai fait et obtenu dans ma vie », témoigne-t-elle.
Fille de pasteur, elle se décrit comme une passionnée. Son histoire en est la preuve. « Ma mère était sage femme et mon père jésuite. Il a quitté la prêtrise pour être pasteur. Nous avons grandi dans cette ambiance là, j’ai passé mon enfance dans les zones reculées jusqu’à ce que j’obtienne mon brevet d’études du premier cycle, (BEPC, ndlr) à 10 ans et que j’entre au collège de Bepanda. Je note par ailleurs que, c’est à 5 ans que j’assiste à mon premier accouchement, c’est de là que naît mon désir de sauver et de donner des vies », narre-t-elle. Aujourd’hui au Cameroun, elle fait partie des femmes les plus dynamiques dans le domaine de la santé. Cette passion pour la médecine et plus précisément la procréation l’a conduite à créer son centre médico-chirurgical en 1988.
Aujourd’hui, la clinique médicale Odyssée, dont le nom est connu au-delà des frontières camerounaises, cumule plus de trente années d’expérience. Cette formation sanitaire offre également des soins liés aux services Gynécologie, obstétrique, dépistage anténatal, pédiatrie, chirurgie, chirurgie endoscopique et médecine interne. La clinique médicale Odyssée est à la pointe des techniques de FIV avec ICSI chez les couples séropositifs.
Une polyclinique en devenir
Dans l’optique de répondre aux attentes plus nombreuses des patients, le Dr Ernestine Gwet-Bell a décidé de leur offrir un meilleur cadre sanitaire. Depuis quelques mois, elle a entrepris la construction d’un nouvel édifice au quartier Bonapriso. Le but est de faire de son centre une polyclinique. Le bâtiment de quatre étages qui se dresse fièrement tout près de la CMO à la rue Paul Monthé à Bonapriso est encore chantier. L’investissement s’élève à plus de 2,5 milliards de FCFA. Et le projet, apprend-on, devrait être livré avant la fin de l’année 2022.
Un tel investissement nécessite un accompagnement sur-mesure et des collaborateurs soucieux du bien-être des patients. Dans sa mission, le Dr Ernestine Gwet-Bell à la base gynécologue-Obstétricienne est accompagné par son fils, le Dr Béa Gwet-Bell, médecin de la fertilité. Ce diplômé de la Faculté de médecine de Paris tout comme sa célèbre maman marche sur les pas de cette dernière. Il l’accompagne dans la réalisation de ces projets et la satisfaction de ceux qui ont besoin de leur service.
Concernant ce nouvel édifice, qui verra le jour d’ici quelques mois, « il vient répondre aux problèmes de confort et de sécurité des patients », relève le Dr Béa Gwet Bell, médecin de la fertilité. En prenant exemple sur le bâtiment qui abrite actuellement la CMO, il affirme : « On a beaucoup plus de bâtiments qui sont réaménagés comme celui-ci, donc ça crée beaucoup de problèmes en termes de mouvement des patients et du personnel, de sécurité et d’efficacité du personnel. Donc celui qu’on va construire, va être beaucoup plus efficace pour la circulation du personnel et pour l’accueil des patients. Quand je parle de confortable, je parle de bien aéré, climatisé, des couloirs grands et des bureaux spacieux. Les chambres seront également d’une bonne taille avec dans chaque chambre une possibilité d’avoir de l’oxygène directement ».
Ainsi, la nouvelle clinique médicale Odyssée sera un bâtiment de quatre (4) étages avec rez-de-chaussée, un sous-sol, un parking pour les ambulances et deux ascenseurs. Le bâtiment sera également doté d’une salle de conférence, pour les réunions et les formations. «Nous voulons satisfaire nos patients ainsi que tous ceux qui nous font confiance », appuie le spécialiste de la fertilité.
Etant donné que la Clinique dispose d’une spécialisation en assistance médicale à la procréation, les responsables de la CMO révèlent par ailleurs que les locaux prévus pour cette spécialisation seront plus modernes. « Nous allons accueillir dans ce nouveau projet, de nouvelles techniques qui nécessitent des équipements beaucoup plus spécialisés et beaucoup plus performants. Ça été conçu vraiment pour l’AMP avec tous les critères internationaux », confie Dr Béa Gwet-Bell.
D’autres investissements tout aussi importants sont prévus. Notamment au niveau des salles techniques à savoir les blocs opératoires et les laboratoires. La nouvelle formation sanitaire sera réajustée de quatre laboratoires, cinq blocs opératoires, et un plateau technique équipé pour l’accueil des patients.
Du personnel qualifié
Cet investissement bien évidemment va exiger de nouveaux personnels et surtout un personnel de qualité. Et la clinique odyssée qui est reconnue depuis 1988 comme un centre médico-chirurgical de référence et depuis 1997 comme le premier centre FIV d’Afrique centrale est « immensément » sollicitée par les professionnels de la santé. « Nous avons tellement de demandes de professionnels qui sont en attente d’avoir une opportunité. On a pas encore fait l’estimation des besoins qu’on aura, parce-que c’est un bâtiment qui ne sera pas à l’ouverture, complètement opérationnel. On va ouvrir pas à pas. C’est pour ça qu’on ne peut pas vous dire aujourd’hui quels seront les besoins en termes de ressources humaines. On va progressivement adapter notre offre avec l’afflux des patients », nous fait-on savoir.
Le recrutement de nouveaux professionnels de la santé qualifiés et compétents est donc indispensable. De plus, cette formation sanitaire qui compte plus d’une vingtaine de personnels fixes veut demeurer professionnelle pour conserver sa réputation et éloigner les mauvaises graines qui s’infiltrent dans la profession. « Il n’y a qu’à voir le nombre de scandales que nous avons dans les hôpitaux au Cameroun pour comprendre que ce n’est qu’une partie de l’iceberg qui s’incline. Il y a un besoin colossal en termes médicaux. C’est pas parce-que les médecins sont mauvais, non pas du tout. C’est qu’il y a une organisation qui n’est pas encore en place pour permettre l’épanouissement des talents », fait savoir le médecin de la fertilité.
A l’en croire, l’absence de matériels nécessaires, ou encore des plateaux techniques fournis et équipés limite le champ d’action des professionnels de la santé. De ce fait, la construction d’un nouveau bâtiment par les responsables du CMO vient un peu répondre à cette problématique. Notamment, offrir un plateau technique pour valoriser les talents. « Il s’agit surtout d’amener chaque personnel à mettre à profit ce qu’il a appris à l’école. Quand vous avez 400 femmes qui sont en train d’accoucher vous faites comment si vous n’avez pas de matériel ? Il faut qu’on puisse avoir le matériel pour optimiser la qualité des soins et le nombre de patients. Actuellement, on n’a pas un bâtiment qui répond à ces normes », affirme le Dr Béa Gwet-Bell.
L’acquisition de nouveaux matériels de travail exige aussi une bonne maintenance. A ce propos, la Famille Gwet se réjouit des qualités qu’elle possède. « La maintenance c’est l’un des points forts de la clinique odyssée depuis 30 ans. Ma mère est médecin et mon père ingénieur. Mon père s’implique profondément dans les maintenances, les installations et dans la maintenance des équipements. De part cette culture, on a appris à faire la maintenance des instruments médicaux, qu’on suit sur tous les aspects », argumente le médecin de la fertilité, pour montrer leur professionnalisme dans ce domaine.
Bon à savoir, le CMO qui se veut une polyclinique sera également prêt à recevoir les médecins qui viendront de l’étranger. D’où l’importance d’avoir un plateau technique qui répond à leurs attentes et un confort comme dans leur pays d’origine. C’est plus qu’évident qu’avec ce type d’investissement, la clientèle de la clinique médicale Odyssée va croître.
Certifiée Label qualité Gieraf du centre AMP depuis 2015 et renouvelée tous les deux ans, la Clinique médicale Odyssée fournit aux patientes et aux couples, des services de qualité et de pointe dans un environnement «simple », « pratique » et « convivial ». D’après les responsables de cette clinique, il est question de domestiquer les techniques de pointe accessibles dans un esprit d’équipe pour faire profiter à la femme africaine de l’avancée scientifique en gynécologie-obstétrique plus particulièrement.
Dr Ernestine Gwet-Bell, ex-Présidente du Groupe Interafricain d’Étude de recherche et d’application sur la Fertilité (Gieraf) est une femme engagée dans le domaine de la santé au Cameroun. Elle mène plusieurs combats sociaux contre l’infertilité, l’autisme ou le VIH–Sida. En soutien à l’un de ses neveux autiste, elle fonde en 2005 l’Orchidée Home, dont la mission est d’aider les enfants autistes et leurs parents. Elle a également organisé le premier congrès sur l’autisme au Cameroun. Au moment où, nous mettons cet article sous presse, elle prend part depuis lundi 09 mai 2022 en France, au Congrès « Paris Santé Femmes ».
Ghislaine DEUDJUI et Divine KANANYET