Activité physique : Une thérapie pour la santé mentale
La pratique régulière de l’activité physique stabilise l’humeur, a un impact favorable sur l’image de soi, l’estime de soi, la régulation émotionnelle et la dépression.
Selon le Plan d’action pour la santé mentale 2013-2020 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Emmanuel Poirel, Pr agrégé à l’université de Montréal, Clinicien, gestionnaire du stress, Medisys et membre du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT), entre autres, affirme que selon la Commission de la santé mentale du Canada, un Canadien sur cinq sera aux prises avec un problème de santé mentale au cours de sa vie et l’OMS indique que les troubles liés à la santé mentale sont au 2e rang en termes de coût de morbidité derrière les maladies du cœur. Parmi les avenues envisagées pour répondre à ce problème, il est de plus en plus reconnu que l’activité physique, en plus de son impact démontré sur la santé physique, a des vertus psychologiques positives qui touchent plusieurs dimensions de la santé mentale. Sur la base d’une recension de recherches montrant les vertus de l’activité physique en lien avec la santé mentale (humeur, anxiété, stress, dépression, estime de soi, sentiment d’efficacité, performances cognitives, effets somatiques). Devant cet état de fait, force est de constater l’importance de promouvoir les vertus de l’activité physique, non seulement pour la santé physique, mais aussi pour la santé mentale.
Selon le Pr Emmanuel Poirel, dans l’ensemble, ces résultats montrent que les effets sont comparables à la prise d’un médicament anxiolytique ou à des techniques de relaxation, suite à une séance de natation, de yoga, de course à pied ou d’entraînement musculaire. Les effets de la durée et de l’intensité ont aussi été mesurés. La recension d’O’Connor, Raglin et Martinsen, indique que l’anxiété est réduite après 20 minutes d’activité physique continue impliquant une large masse musculaire, en l’occurrence la natation, la bicyclette ou la course à pied. D’après le membre associé du groupe de recherche sur le Leadership en Éducation et la Formation des Cadres Scolaires (LEForCaS), d’autres recherches montrent qu’une marche rapide de 25 à 75 minutes sur tapis roulant à intensité modérée (60 à 75 % de la fréquence cardiaque maximale) a un effet sur l’humeur, l’anxiété, les symptômes de dépression, l’espoir, la culpabilité, et l’auto efficacité. Des recherches montrent aussi qu’une séance d’activité physique a une influence positive sur les performances cognitives en améliorant la capacité à planifier et à résoudre des problèmes ainsi que la mémoire à long terme. Sur le plan des mesures physiologiques, de Vries montre qu’une séance d’activité physique d’intensité modérée a plus d’impact sur la détente neuromusculaire que le méprobamate (l’anxiolytique le plus prescrit à l’époque). À la suite d’une activité physique, lorsqu’on mesure la fréquence cardiaque et la pression artérielle quelques minutes après l’effort lors du retour au calme, on constate également que ces mesures diminuent en dessous de ce qui avait été enregistré au repos avant l’effort physique, laissant supposer une détente du muscle cardiaque et un effet apaisant sur l’humeur, qui pourraient durer entre deux et sept heures après la séance.
Performances cognitives
Les bienfaits psychologiques de la pratique régulière de l’activité physique ont aussi été démontrés. Par exemple, Folkins et Sime ont recensé 65 études dont 47 montraient les effets sur diverses dimensions de la santé mentale et de la performance cognitive. On peut constater que le sentiment de compétence et l’estime de soi s’améliorent (6 sur 8 études), ainsi que les affects comme l’humeur, le bien-être, l’anxiété et la dépression (13 sur 14 études) et les performances cognitives comme la mémoire, le temps de réaction, la résolution de problème et la concentration. Plusieurs autres recensions ou méta-analyses ont été effectuées depuis ce temps pour arriver à des résultats similaires et confirmer la relation positive qui existe entre la pratique régulière de l’activité physique et différentes dimensions de la santé mentale. Par exemple, dans la revue de Byrne et Byrne, 90 % des 30 études sur la dépression, l’anxiété et l’humeur montrent les bienfaits psychologiques de la pratique régulière de l’activité physique.
Plus récemment, dans la revue systématique de Mammen et Faulkner, des 30 études recensées montrent une relation inverse entre la pratique de l’activité physique et la dépression. Dans une étude longitudinale portant sur 10 200 individus comparant des gens régulièrement actifs à des personnes moins actives, Paffenberger, Lee et Leung montrent que les risques de dépression sont réduits de 30 % chez les individus ayant une dépense énergétique supérieure à 2 500 kilocalories par semaine, l’équivalent de quatre heures à intensité modérée. La pratique régulière de l’activité physique stabilise l’humeur, a un impact favorable sur l’image de soi, l’estime de soi, la régulation émotionnelle et la dépression. La problématique de la santé mentale est une préoccupation de santé publique et l’activité physique est certainement le moyen le plus naturel, le plus accessible et le moins coûteux pour répondre à cette problématique en raison de ses bienfaits psychologiques.
E.S.N