Adamaoua : Les CSI entre exigences de soins et manque de personnel
Les formations sanitaires de 6e catégorie, créées pour rapprocher les infrastructures sanitaires des populations, manquent dans leurs grandes majorités du personnel pris en charge sur le plan salarial. Ces centres se battent avec des fonds propres pour maintenir ce personnel.
« En fait, depuis le début 2024, ce personnel qu’on avait, c’est un personnel occasionnel, le contrat a été arrêté. Donc en 2024, les centres de santé ont été délaissés, ce qui fait que la prise en charge de tous les autres personnels, c’est sur fonds propres de la formation sanitaire », a déclaré Félix Nguefack, chef du Centre de Santé Intégré de Meidougou, dans le district de santé de Meiganga, dans l’Adamaoua. Dans bon nombre de ces formations sanitaires, au plus 3 personnes sur l’ensemble du personnel bénéficient d’un statut salarial clair. Les autres sont gérés par les fonds propres de la formation sanitaire, qui peine à faire des recettes à même de satisfaire tout le monde.
« Ce n’est pas évident dans tous les cas, puisque on ne peut que, vous savez, ce genre de prise en charge n’est qu’une entente. On ne peut pas payer, puisque quand la pharmacie était contrôlée par le fonds régional pour la promotion de la santé (FRPS), et qu’il faut attendre trois mois pour qu’on fasse le bilan pour vous laisser un petit truc afin de motiver les autres personnels. Donc, ce qui fait en sorte qu’on n’ait pas de prise en charge, le salaire n’est pas quelque chose de décent. C’est juste pour que quelqu’un travaille », a ajouté Félix Nguefack. Dans ce centre, le salaire varie entre 30 000 et 70 000 francs, selon l’entente avec le personnel affecté à ces tâches.
Ce tableau sombre du traitement du personnel médical dans les CSI de l’Adamaoua n’est pas le seul apanage de Meidougou. A Mandourou, dans le district de santé de Dang, la situation est similaire. Cette formation sanitaire qui dessert près de 20 villages n’a que le chef de centre comme personnel ayant un salaire. Le reste de l’équipe est complété par les personnels saisonniers recrutés par les communes, mais dont le salaire est payé avec intermittence. Ce qui fait en sorte que ce personnel saisonnier peut décamper à tout moment. La suite logique est l’abandon des patients en attendant le recrutement d’un autre qui viendra subir les mêmes traitements que le précédent.
L’article 160(a) de la loi de 2019 portant Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées octroie aux maires des communes le recrutement et la gestion du personnel infirmier et paramédical dans les centres médicaux d’arrondissement et les centres de santé intégré. Contacté via WhatsApp, sur la situation des cas du CSI de Mandourou, le maire de la commune de Martap, dont dépend cette formation sanitaire, a expliqué qu’il faisait face à une tension de trésorerie pour tenir ses engagements vis-à-vis des personnels sanitaires dans ce centre.
L’absence du personnel ajoute une charge supplémentaire sur le personnel pris en charge par l’Etat. Ce dernier se retrouve à faire le travail de plusieurs personnes à la fois. « Je suis obligé de me battre pour offrir des meilleurs soins aux patients, surtout aux femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans afin d’éviter les cas de référence vers l’hôpital de district le plus proche qui se trouve à plus de 30km d’ici. Depuis que je suis là, je n’ai pas encore référé », a raconté Théophile Sanda, maire de la commune de Martap. En attendant de trouver l’antidote adapté au problème de personnel dans les formations sanitaires de 6e catégorie dans la région de l’Adamaoua, les chefs de centre se battent avec les moyens de bord pour prodiguer des soins aux populations. Les regards restent rivés vers les communes afin de reprendre le traitement salarial des personnels saisonniers afin de limiter les départs du personnel.
Jean BESANE MANGAM
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