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PVV
Par le décret exécutif 14169 signé par le nouveau président américain Donald Trump le 20 janvier 2025, ce dernier a décidé de la suspension des aides américaines aux programmes de santé. Cette décision a des répercussions profondes sur le fonctionnement des programmes de santé dans la région de l’Adamaoua.
Le 20 janvier 2025 marque une nouvelle étape dans la prise en charge de certaines maladies. À travers le décret exécutif 14169, le président suspend pour 90 jours l’aide américaine à certains programmes de santé dans certains États africains dont le Cameroun. C’est le cas dans la région de l’Adamaoua qui bénéficie de plusieurs appuis dans la prise en charge des pathologies comme le Vih/Sida, la tuberculose et le paludisme. Une décision qui vient bousculer les habitudes. C’est le cas par exemple des patients atteints de la tuberculose qui suivaient le traitement dans les Centres de Diagnostiques et de Traitement. Jointe au téléphone, une malade de cette pathologie qui a requis l’anonymat dit avoir peur de cette décision. « J’ai appris la nouvelle comme tout le monde. Je suis à 3 mois de traitement de la tuberculose. J’ai tellement peur. C’est vrai qu’on nous rassure de ce que c’est juste pour 90 jours. J’ai vraiment perdu le sommeil » avance cette patiente qui a découvert son statut en novembre 2024, avant d’être mise sous traitement en début du mois de décembre de la même année. Contacté, le docteur Achille Christian Salla Bekono, coordonnateur du groupe technique régional de lutte contre la tuberculose, déclare maintenir juste le « service minimum, gérer au cas par cas en fonction des urgences ». Une déclaration qui fait suite à la circulaire du ministre de la santé publique dans laquelle il prescrit de « prendre urgemment toutes les mesures nécessaires pour assurer la continuité des offres de service de prévention, de prise en charge et des soins essentiels du Vih, de la tuberculose et du paludisme dans les sites et OBCs affiliés sans interruption durant toute la période de cette suspension jusqu’à ce que la situation soit régularisée, tout en accordant la priorité aux populations les plus vulnérables » peut-on lire dans la circulaire signée le 4 février 2025.
En dehors des programmes de santé et des patients impactés, les organisations de la société civile impliquées aussi subissent le coup. Duchel Chimi, acteur de la société civile basé à Ngaoundéré, dans une tribune, partage ses analyses concernant cette décision. Selon lui, cette décision prend tout le monde de cours. « La suspension de ces financements compromet la continuité des soins pour des milliers de Camerounais, augmentant le risque de progression de la maladie et de transmission au sein des communautés, on redoute que tout le travail fait durant des années jusqu’ici ne soit sapé et qu’il faudra encore tout recommencer » redoute-t-il. Et de continuer « La suspension de l’aide américaine a des répercussions sociales significatives, notamment sur le chômage des jeunes. Le secteur de la santé, largement soutenu par des financements internationaux, emploie de nombreux jeunes professionnels dans les OBC, les Formations sanitaires, les districts de santé etc… Avec cette réduction, de nombreux programmes de santé risquent de fermer ou de réduire leurs activités, entraînant des licenciements et limitant les opportunités d’emplois pour les jeunes ». Pour lui, la sortie de Donald Trump met à nu la dépendance des États africains et notamment du Cameroun vis-à-vis de l’extérieur qui plombe le secteur en cas d’événements comme celui en cours. Il conclut par appeler le Cameroun à respecter l’engagement pris à Abuja à consacrer au moins 15% de son budget annuel à la santé, qui selon lui reste à 5% en ce moment. Ce qui est insuffisant.
Comme le docteur Manaouda Malachie au sommet de Genève, Duchel Chimi appelle le Cameroun à rechercher des partenaires locaux pour le financement de la santé et en développant la recherche locale pour faire face aux chocs externes.
Par Jean Besane Mangam
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