La récente visite inopinée dans les formations sanitaires privées à Douala continue de faire couler beaucoup d’encres et de salives. Alors que les médecins en clientèle privée estiment être dans la légalité parce qu’ils détiennent une autorisation de l’Ordre national des médecins, le Minsante fait valoir la règlementation en vigueur.
Après Yaoundé, le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie a mis le cap sur la capitale économique. Mettre fin à la pratique illégale de la médecine et se rassurer que tous ceux qui œuvrent dans le domaine de la santé respectent la législation en la matière à savoir être détenteur d’une autorisation de création et d’ouverture d’un centre de santé, tel est la mission de celui qu’on surnomme « le médecin du Cameroun ». Du centre de santé Chacom health du quartier new Bell à CMS koumassi en passant par la polyclinique Edimed à Bonapriso rue koloko, le Minsante a gardé le même discours.
L’absence des autorisations de création, d’ouverture et de mise en service à la Polyclinique Idimed a suscité des curiosités du personnel de santé. Pour le Ministère de la Santé publique, «cette polyclinique n’est pas légale parce qu’elle reste accrochée à une disposition obsolète de l’approche biomédicale de l’offre des soins qui stipulait que l’autorisation d’exercer de l’Ordre national des médecins du Cameroun valait autorisation d’ouverture d’une structure de santé. Or l’organisation du système de santé de base en District de santé depuis 1995 a complètement changé la donne ». Pour mettre terme à ce débat, le Dr Kamga, directeur de l’Organisation des Soins précise que « l’offre des soins est plus rationnelle et repose sur la notion de District de santé qui prend en compte un territoire, une population et des structures. Cette approche renvoie à une donnée nouvelle : la carte sanitaire. Elle est une propriété du Ministère de la Santé Publique qui doit garantir sa conformité à un cadre conceptuel d’où la nécessité de créer les structures et d’organiser l’offre des soins cette fois intégré (en paquets) conformément à la réglementation en vigueur ».
Mais pour certains médecins qui ne sont pas suffisamment imprégnés de la réglementation en vigueur, « seuls les promoteurs ont besoin d’une autorisation pour créer et ouvrir des cliniques privées. Tous les médecins n’ont pas besoin de cette formalité. L’autorisation d’exercer à titre privé pour les médecins est délivrée par l’Ordre national des médecins du Cameroun », soutiennent-ils. « Le Chef de District de Santé est le patron de l’organisation des services et structures de santé dans son ressort. Il peut, à ce titre, déclencher une action de répression vis à vis de n’importe quel promoteur qui ne veut pas s’arrimer à la réglementation en vigueur. Mais au regard de la poussée démographique dans villes et métropoles, l’initiative privée est à encourager mais doit être encadrée par les autorités du système de santé », rappelle Arsène Alexis Mbalabouom Nzié, Administrateur principal de la Santé publique.
L’éthique et la déontologie à l’épreuve
Au moment où le Dr Manaouda prône l’humanisation des soins et services, le respect de l’éthique et de la déontologie dans les formations sanitaires, certains personnels de santé crient à la victimisation de leur corps. « L’éthique est contre la recherche de l’humiliation et le dénigrement des collaborateurs. On n’a pas besoin d’humilier les gens pour être efficace. Vous pouvez le nier si vous le voulez, mais l’humiliation et le mépris du médecin sont de plus en plus perceptibles. Nous devons faire attention au retour », prévient un médecin syndicaliste. Tout compte fait la méthode du Minsante suscite des débats dans les chaumières. Tandis que l’opinion nationale salut l’initiative, les blouses blanches se présentent comme les victimes d’un système de santé malade.
Dr Manaouda Malachie réussira-t-il la réforme du système de santé camerounais et la mise en place de la couverture santé universelle ? Le temps nous le dira. Pour l’instant, il fait preuve de volonté et d’écoute pour le changement du système.
Joseph MBENG BOUM
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