
Scène surréaliste : alors que le Commerce assure qu’aucun lot incriminé n’est au Cameroun, la Santé ordonne le retrait préventif. Qui croire ?
Une querelle institutionnelle s’installe au sommet de l’État à propos des produits Blédine, ces céréales infantiles du groupe Danone rappelées en France pour risque de contamination aux aflatoxines. Entre un ministère de la Santé publique , qui opte pour la prudence et un ministère du Commerce qui se veut rassurant, les consommateurs camerounais se retrouvent plongés dans la confusion.
Un démenti du Commerce
Le 26 septembre dernier, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, avait tenté de calmer les inquiétudes. Dans un communiqué officiel, il affirmait qu’« aucun des lots concernés par la mesure de retrait n’est en circulation sur le marché camerounais », minimisant ainsi la portée de l’alerte sanitaire lancée en France et relayée dans d’autres pays comme le Gabon. Ce discours se voulait rassurant, invitant les consommateurs à la sérénité.
Une contre-décision du ministère de la Santé
Mais quelques heures plus tard, le ministère de la Santé publique a adopté une position diamétralement opposée. Le ministre Manaouda Malachie a ordonné le retrait préventif immédiat de tous les lots de Blédine disponibles au Cameroun, sans distinction de variété ni de date de fabrication. Une mesure conservatoire qui s’accompagne d’une interdiction formelle de consommation, dans l’attente des résultats d’analyses et de la confirmation de la conformité des produits.
« La population est appelée à ne pas consommer les produits susmentionnés et à signaler tout événement indésirable suspecté auprès des structures de santé », a insisté le ministre, rappelant la vulnérabilité des nourrissons, premiers consommateurs de ces aliments.
Une bataille d’autorité qui sème le doute
Cette divergence de position entre deux ministères du même gouvernement illustre un malaise plus profond. D’un côté, le Commerce joue la carte de la confiance dans la chaîne d’approvisionnement ; de l’autre, la Santé applique le principe de précaution. Entre ces deux lignes, les consommateurs, notamment les parents, ne savent plus à quel discours se fier.
Dans certains supermarchés de Yaoundé , des boîtes de Blédine étaient encore visibles dans les rayons le week-end dernier, malgré l’instruction du ministère de la Santé publique. Une situation qui accentue le sentiment de confusion et d’inquiétude dans l’opinion publique.
Des précédents dans la sous-région
Le Cameroun n’est pas le seul pays concerné. Au Gabon, l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) a ordonné dès le 22 septembre le retrait de tous les lots incriminés, suivie d’un arrêté de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Là-bas, la décision est claire et appliquée.
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La santé des enfants en jeu
À l’origine de cette polémique : les aflatoxines, des toxines produites par certaines moisissures, connues pour leurs effets cancérigènes à long terme et leur capacité à provoquer des intoxications aiguës. Si Blédina a assuré en France qu’une consommation ponctuelle n’entraîne pas de risque immédiat, la prudence reste de mise pour les autorités sanitaires.
Au Cameroun, la cacophonie entre ministères met en lumière une question de gouvernance : qui a la primauté en matière de protection de la santé publique ? En attendant une clarification, les familles, elles, attendent une seule chose : que la sécurité alimentaire de leurs enfants soit garantie.
Mireille Siapje
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