Cameroun – Les médecins collectent des millions pour l’achat de 30 couveuses

Un gala de charité a été organisé à cet effet samedi dernier à Douala dans l’optique de collecter des fonds afin de doter certaines formations de couveuses et autres équipements utiles.

D’après l’association des Médecins du Cameroun (Medcamer), l’on enregistre dans les hôpitaux près 200 000 naissances difficiles chaque année. A cela s’ajoute d’autres difficultés liées à l’infrastructure et aux ressources humaines. Pour contribuer au renforcement du système de santé local, les médecins du Cameroun pour la plupart réunis au sein de l’association Medcamer ont décidé au dernier trimestre de cette année d’organiser une levée de fonds pour l’acquisition du matériel de réanimation néonatale. Notamment des couveuses et systèmes de ventilation au bénéfice des services de néonatalogie des hôpitaux  du Cameroun.

La soirée de gala organisée à cet effet, samedi 16 octobre à Douala avait pour principal objectif de collecter des fonds pour l’achat de 30 couveuses. L’appel lancé par les médecins du Cameroun a été reçu par plusieurs personnalités du pays, en premier lieu le Ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie. Présent à cette rencontre, le patron de la santé au Cameroun a félicité l’initiative.  « J’encourage tout ce que Medcamer fait pour le renforcement du système de santé camerounais, mais davantage pour le soutien à la prise en charge de l’enfant et particulièrement du nouveau né au Cameroun », s’est exprimé Dr Manaouda Malachie.

Pour cette soirée caritative, Medcamer a réuni, les artistes de Renom à l’instar de Ben Decca, Aladji Touré, Ekambi Brillant et Sam Mbende ainsi que les anciennes gloires du football camerounais dont : Patrick Mboma, Jéremy NJitap, Rigobert Song, Roger Mila, Joseph Antoine Bell, etc. Ces derniers en plus de leur participation aux activités de l’association ont apposé leur signature sur un ballon de football afin de le vendre aux enchères au cours de cette soirée. Medcamer a pu récolter à travers cet acte la généreuse somme de 2,2 millions de Fcfa. Ce qui équivaut à l’achat d’au moins une couveuse et quelques matériels utiles dans le segment néonatal.

En outre, les actions engagées par Medcamer visent à accompagner le gouvernement dans le renforcement  de certaines formations sanitaires de couveuses et autres équipements. Sur ce, le Ministère de la Santé a annoncé au cours de cette soirée que le Cameroun recevra dans quelques jours, 242 couveuses. « C’est une préoccupation de première heure, c’est une préoccupation prioritaire pour le ministère de la Santé. Nos actions  visent à faire en sorte que nous réduisons le nombre de décès de nos  femmes, nos épouses, nos sœurs qui donnent la vie. Ces préoccupations sont particulières et prioritaires et nous allons continuer à travailler… », a déclaré Dr Manaouda Malachie.

Notons que le gala de charité organisé par Medcamer à l’occasion du 11è anniversaire de cette association est la dernière articulation du congrès scientifique de la  Conférence interdisciplinaire et transversale de la santé (Citsa) déroulée du 14 au 16 octobre 2021 sur le thème : « Des maladies infectieuses aux maladies chroniques non-transmissibles : les interconnexions mises à Jour ».

Ghislaine DEUDJUI

Réactions

Dr Patrick Ngou, Pédiatre

« Il n’y a pas suffisamment de couveuses au Cameroun »

Les défis sont grands. On a un taux de natalité important et qui n’est pas toujours contrôlé. En plus,  on n’a pas suffisamment de spécialistes de l’enfant et de personnels formés. Nous avons encore beaucoup d’enfants que l’on perd pour des causes évidentes (accouchement prématuré, infection, souffrance fœtale à l’accouchement, etc.)  Il n’y a pas suffisamment de couveuses au Cameroun.  En sus, il ne sert à rien de mettre une couveuse dans un hôpital qui n’a pas d’électricité en permanence, qui n’a pas d’infirmières,  de salle d’accouchements et  qui n’est pas accessible géographiquement.  Donc, mon cri c’est qu’on ne se focalise pas sur la présence des couveuses absolument dans tous les hôpitaux. Il faut qu’on puisse cerner les points stratégiques de transferts, de concentration pour avoir les meilleurs résultats sinon on va perdre beaucoup d’argent et on ne pourra pas atteindre nos résultats. Donc on ne peut pas parler de la couveuse, sans parler du personnel qui accompagne, de la maintenance et des infrastructures. 

Dr Marie Solange Ndom-Ebongue, Présidente Medcamer

«Promouvoir une médecine de qualité pratiquée par des professionnels compétents »

Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui sont venus samedi dernier pour le gala de charité. Les médecins camerounais peuvent faire les choses à la mesure de son art, à la hauteur de la place que la population attende d’eux. Nous repartons galvaniser à défendre nos valeurs d’altruisme de professionnalisme, d’expertise, de compétence et de compétitivité toujours  au service de la  population camerounaise. Plus qu’un chiffre symbolique, notre association franchit en cette année 2021, une nouvelle borne. Résilients et déterminés, nous avons courageusement poursuivi l’œuvre de nos illustres prédécesseurs. Celle de promouvoir une médecine de qualité, pratiquée par des professionnels compétents, humbles, affables et sympathiques, pour le plus grand bonheur de nos populations.  Notre ambition de renforcer l’amélioration qualitative de la pratique médicale au Cameroun s’appuie sur un pilier essentiel : La formation continue.   Former pour se doter de compétences nouvelles, former pour susciter l’amélioration, former pour s’engager vers l’excellence, former pour être des médecins, des vrais professionnels, des médecins comme cela s’entend dans l’imaginaire collectif.  La formation continue est donc le leitmotiv qui nous a mis sur la trajectoire de la CITSA. Cette Conférence Interdisciplinaire et Transversale de la Santé qui en quelques années, est devenue un rendez-vous incontournable des femmes et des hommes de science. C’est une tribune privilégiée d’échanges entre professionnels de la Médecine, qui suscite des passions et des contradictions, met en commun des observations, favorise le partage d’expériences… pour l’édification d’un label qualité pour la médecine camerounaise. 

Propos recueillis par G.D