Cameroun : les tradipraticiens réclament une loi sur la médecine traditionnelle

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En prélude à la 17ème journée africaine de la médecine traditionnelle, les membres de l’association des tradipraticiens ont mené une réunion du comité de coordination pour discuter de l’avancement du projet de loi qui devrait encadrer la profession de tradipraticien au Cameroun.

Le milieu de la médecine traditionnelle est infesté par le virus de la mauvaise pratique. C’est un milieu par excellence où les charlatans en panne d’inspiration et dont la mission n’est autre que celle de se faire du beurre sur le dos des pauvres camerounais au prix de leurs vies dictent leur loi. C’est dans cette optique que les présidents des associations de médecine traditionnelle se sont réunis pour former un groupe pour pouvoir lutter, défendre, proposer des éléments nécessaires pour le projet de loi en cours. Cette rencontre intervient après les activités menées depuis la dernière rencontre à la Faculté de Médecine et des Sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I l’année dernière lors de la journée africaine de la médecine traditionnelle.

En effet, il était question qu’après chaque quatre mois, les tradipraticiens et le ministre de la Santé se rencontrent pour faire le point sur les activités de la médecine traditionnelle au Cameroun. Malheureusement, « les remaniements ministériels nous ont coupé le souffle avec l’ancien ministre, André Mama Fouda » explique monsieur Essomba, secrétaire de l’association. Mais « avec le nouveau ministre, Dr Manouada Malachie, on a relancé les choses » ajoute celui-ci. Tout compte fait durant cette période, le collectif a mené des activités de relecture de la loi portant organisation de la médecine traditionnelle. Après ces travaux, les résultats sont satisfaisants car celle-ci est en train de prendre un envol remarquable « avant on parlait du conseil de la médecine traditionnelle au Cameroun, aujourd’hui on parle de l’ordre de la médecine traditionnelle au Cameroun».

« Cette ossature est en train d’être façonnée, achevée par les différents juristes » martèle monsieur Essomba tout joyeux. Confiant, ce dernier explique que dans les jours à venir, le collectif va sortir avec un texte de loi ayant une mouture claire et précise sur l’exercice et la valorisation de la médecine traditionnelle. En effet, ce projet de loi dans sa démarche pourra être présenté au ministre de la santé. Nonobstant, le collectif a une rencontre avec l’Oms pour voir si tout a été mis dans ce projet, à savoir l’intégration de la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle.

Manque d’organisation

Comme un enfant qui reconnait son tort auprès de ses parents, le collectif reconnait manquer d’organisation car le secteur n’est pas encadré par une loi. Toutefois, dans cette démarche, le médecin colonel à la retraite, Werimoh

Tembeng Godfred, affirme que « c’est vrai que nous ne sommes pas organisés, c’est pour cela qu’on tient beaucoup de réunions, on a des experts, des chercheurs comme nous qui entrons dans la danse pour mettre les points sur les i. pour organiser, pour que chacun sache là où il se trouve, car tout le monde se croit tradipraticien alors que ce n’est pas le cas ». Dans cette même lancée, le Dr Péliegho dénonce le fait que les tradipraticiens se font usurper leur titre par les faux tradipraticiens « ce qui m’inquiète est la prolifération de ces personnes qui se disent tradipraticiens et qui utilisent nos noms pour donner cours dans les amphis ».

C’est dans cette optique que la loi les protègera. Bien qu’on les reproche ce manque d’organisation, le secrétaire général du collectif estime que pour que ce travail soit efficace, il y a les aspects traditionnels, culturels qui ne riment pas avec les activités de la médecine conventionnelle. « La profession de la médecine traditionnelle doit être définie pour qu’au moment venu, l’intégration cette médecine soit efficace dans les soins de santé au Cameroun ».

« Nous attendons de l’administration la reconnaissance juridique de la médecine alternative africaine compte tenu de son importance et de son impact sur la santé des populations. Désormais, quand on fait un bilan de santé de la médecine conventionnelle, qu’on fasse aussi un bilan de la médecine alternative africaine » déclare le médecin colonel Werimoh Tembeng Godfred.

Ariane Makamte

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