Une étude a démontré qu’un retard de quatre semaines seulement dans le traitement du cancer du sein augmente le risque de décès de 10 %.
« Professeur je vois que tu es au village », demande une enseignante de la faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1 au professeur Blaise Nkegoum. « Non je ne suis pas dans mon village, je suis au Sud-Cameroun à l’enterrement de l’épouse d’un collègue qui est décédée des suites du cancer des seins. Elle était âgée de 35 ans », répond froidement le gynécologue. Cette réponse a scandalisé la jeune dame, visiblement assommée. « Son histoire avec le cancer a commencé quelques jours après le nouvel an, quand tout le monde se souhaite une bonne année et une bonne santé. Elle sent une minuscule petite boule au niveau de son sein, comparable à un petit grain de riz. Etant en congé, elle va voir son médecin le jour même. Elle ne sent rien, mais lui prescrit tout de même une échographie par sécurité », relate-t-il. Une semaine plus tard, le cancérologue diagnostique un cancer du sein à la phase terminale et elle décède plus tard de cette horrible maladie, sous le regard impuissant de son époux, lui aussi médecin.
Ce 04 février 2023, le Cameroun à travers le ministère de la Santé publique s’est joint à la communauté internationale pour célébrer la journée mondiale de lutte contre le cancer. « C’est une journée où nous nous rassemblons pour rendre hommage à toutes les personnes touchées par le cancer et pour passer à l’action afin de changer l’avenir de la maladie à jamais », explique le Dr Ebaya. En cette journée mondiale contre le cancer et alors que commence la troisième année de la pandémie de COVID-19, les personnes atteintes de cancer se heurtent encore à des retards dans le diagnostic et le traitement de leur maladie, sans compter les sentiments d’anxiété, de solitude et d’isolement qu’elles éprouvent. Il n’a jamais été aussi important de défendre les besoins de ces personnes et de leurs proches aidants, car le cancer ne cesse pas de mettre la vie des gens en danger pendant une pandémie.
Prévenir vaut mieux que guérir
Les personnes atteintes de cancer et leurs proches aidants ressentent plus d’anxiété, de solitude et d’isolement que jamais, car ils doivent composer avec les retards de diagnostic et de traitement causés par la COVID-19. Ces retards entraînent des conséquences qui peuvent s’avérer graves : une étude a démontré qu’un retard de quatre semaines seulement dans le traitement du cancer augmente le risque de décès de 10 %. Selon le site d’information en ligne, VaccinesWork, au moins 39.000 camerounais vivent actuellement avec le cancer. Les adultes sont les plus touchés, avec 15.262 nouveaux cas chez les plus de 15 ans. « Le cancer du sein est le premier type de cancer au Cameroun. Si toutes les femmes pratiquaient l’examen des seins, on pourrait au moins détecter ce cancer à un stade précoce », affirme Dr Esther Dina Belle, oncologue. Malheureusement, ajoute-telle, « les dépistages sont généralement tardifs ». Les oncologues camerounais estiment que le cancer constitue toujours un problème de santé publique dans le pays.
Hygiène de vie
Cette maladie, disent-ils, évolue différemment, en termes d’épidémiologie, de diagnostic, de thérapie mais aussi, en réponse aux différents traitements. « L’autopalpation commence déjà dès la puberté par la jeune fille elle-même, une semaine idéalement après ses menstrues. Elle peut également faire le dépistage périodiquement à travers l’examen du sein par une sage-femme ou un gynécologue, ainsi que la mammographie à partir de 50 ans », exhorte la sage-femme. La riposte passe également par une hygiène de vie. « Il faut avoir une alimentation équilibrée et variée associée avec des fruits, faire régulièrement des activités physiques, boire beaucoup d’eau, éviter le tabac et l’excès de l’alcool », indique la sage-femme avant de lancer ce message : « j’exhorte toutes les femmes à toujours porter une attention particulière à leurs seins, car le cancer du sein est le premier cancer qui les tue ».
Elvis Serge NSAA
Encadré
Cancer du sein : l’immunité grâce à l’allaitement maternel
Le cancer du sein est le 1er cancer chez la femme après 45 ans, en termes de mortalité et de nouveaux cas détectés. En matière de prévention, il est rappelé que l’on peut réduire le risque en modifiant simplement quelques habitudes de la vie quotidienne. Le cancer du sein est le premier cancer en termes d’incidence au Cameroun. Il est le premier pourvoyeur de mortalité, près de 2000 femmes en meurent chaque année. Selon plusieurs études menées au Cameroun, 70 à 80% des patients sont diagnostiqués à des stades très avancés. Cette détection tardive de la maladie est souvent due au faible niveau socio-économique des patients selon le registre des cancers de Yaoundé.
Une explication possible est que lorsqu’on allaite, la production d’œstrogène diminue. Par ailleurs, l’allaitement termine la maturation des cellules mammaires, autre facteur protecteur. Conviant les partenaires à s’impliquer également dans la lutte, Mary Azika, sage-femme de profession, dans la région d’Upper East au Ghana, a conseillé aux hommes de sucer les seins de leurs partenaires régulièrement pour aider les femmes à diminuer les risques de cancer du sein. En guise de conseil, la sage-femme a dit ceci : « la meilleure façon d’éviter le cancer du sein est d’encourager l’allaitement maternel. Le bébé peut téter, votre mari peut aussi le faire. Les hommes peuvent examiner les seins de leurs femmes et petites amies. Ne laissez pas votre femme avoir un cancer du sein. La succion de la poitrine est très bien ».
Trains électriques
Il est vrai que de nombreux hommes se détournent de la succion des seins de leur partenaire, quand ceux-ci deviennent flasques, surtout après des maternités répétées. Désormais, s’en contenter est bien une question de vie ou de mort, pour celle qu’on dit toujours aimer. Le dicton ne dit-il pas : « les seins des femmes c’est comme les trains électriques. C’est fait pour les enfants mais ce sont les papas qui s’amusent avec ».
E.S.N